Ouverture artistique du GPS: références historiques et esthétiques (43>45)

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MARIN Louis, Opacité de la peinture, Essais sur la représentation au Quattrocento, Première partie «Les architectures de la représentation», chapitre 1: «Luca Signorelli à Lorette (ca 1479-1484)», École des Hautes études en sciences sociales, Paris, 2006, pp. 21 – 58.

«Cet art de la peinture substantiellement asserte, par ostension, les actes énonciatifs du discours-fait-texte écrit; [Luca Signorelli] en expose la problématique théorique dans le dispositif structural qui organise et règle la disposition des figures; en cela même, il en interroge, par ses moyens propres, la théorie qu’il présente dans ses représentations et fait paraître les traits essentiels de la crise historique et idéologique du discours humaniste à la fin du Quattrocento avec la critique du dernier nominalisme dont la coupole peinte par Luca Signarelli, entre les anges danseurs et musiciens et les conversions de Paul et de Thomas, semble développer les thèses essentielles. Mais ce faisant, en déployant le texte de ses icônes dans un édifice dont l’architecture organise avec rigueur la structure, le groupe de ses transformations syntagmatiques et l’ordre paradigmatique de ses représentations, l’art de la peinture exalte la force de son autonomie, la puissance de ses interrogations, la gloire de ses images.» Louis Marin, pp.57-58.

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Pl. 10>14 Deux apôtres, Luca Signorelli, paroi de la sacristie, Cure de Loretto.
Pl. 15 Thomas l’incrédule et Jésus, Luca Signorelli, paroi de la sacristie, Cure de Loretto.*
le © appartient à l’édition du livre cité ci-dessus, en attendant que nous allions nous-même faire les reproductions sur place. merci de nous permettre de les faire figurer sur ce blog pour les donner à voir aux étudiants concernés.

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Au terme de cette litanie en 45 points, on fait l’hypothèse que l’English Gardening du 18e siècle*, avec sa traîne picturale (comme on dit un ciel de traîne) The Figure in the Landscape et la peinture de genre qu’est la Conversation Piece, est le moment-clé d’une histoire de l’art mondiale qui charrie un passé à deux voix (pour l’heure), celle du Jieziyuan huazhuan, 1679, «icônes textiques» (point 20) et celle des Fresques peintes de Luca Signorelli, sur la coupole et les parois de la sacristie de Saint-Jean, dans le sanctuaire de Notre Dame de Lorette, un art de contestation des idéaux de la Renaissance, que Louis Marin nomme «textes iconiques». Le texte de Louis Marin, est lumineux d’intelligence visuelle: ces fresques révèlent l’énigme de l’Ut pictura poesis, mieux que le Laocoon. Des images parlantes, à hauteur d’homme, figures parlantes en pied, en légère contreplongée, pris sans étouffement physique dans un encadrement architectural, avec le paysage en veduta, en fond de «scène», en contrebas mais proche des corps et à portée directe de leur regard, ad libitum.
*Rappelons la connaissance et la fascination des Anglais pour le jardin de la renaissance italienne (1600-1750) et la manière dont les dessins italiens ont été transformés dans la scène anglaise.