23. Bérénice Xiaozhi Chen. Rencontre avec Malachi Farrell dans son atelier à Malakoff. 18 mai 2011

23.
Bérénice propose une rencontre avec Malachi Farell dans son atelier à Malakoff.
mercredi 18 mai 2011.

Rendez-vous à midi
Atelier de Malachi Farrell
46 avenue Pierre Brossolette.
Malakoff
Tramway T3 Jean Moulin ou métro Porte d’Orléans.

Bérénice est assistante de Malachi Farrell, artiste cinétique. Elle nous propose de rencontrer cet artiste dans son atelier.


L’atelier de Malachi Farrell

«Malachi Farrell est un artiste à la démarche engagée, qui traite au travers de ses installations des grandes questions sociales et politiques, passées ou présentes.
www.malachifarrell.com
Né à Dublin en 1970, il reste très imprégné par la culture punk et industrielle que l’on retrouve dans la théâtralité de ses œuvres, qui nous racontent des fables contemporaines empreintes d’une forte charge émotionnelle et d’un imaginaire favorisant la prise de conscience. Ses dispositifs se construisent comme des chorégraphies d’objets, animés par des circuits électroniques “hight-tech“ dont il dessine lui-même les plans, enrichis d’une pléiade de moyens à l’aspect bricolé, plus “low-tech“ comme le son, la lumière, les images ou les mots.
S’il met en scène la violence contre l’humanité et des systèmes qui l’activent, ce n’est pas pour s’en faire le fidèle reporter, mais pour la mettre à nu, interpeller et surprendre le spectateur dans sa déambulation. C’est en collant une image ironique et crue sur la situation actuelle, l’enchaînement des conflits, la sur-médiatisation, la «sur- manipulation», que Malachi Farrell évite de glisser vers un discours moralisant, pour trouver une distance, nécessaire à tout projet artistique.
Si le spectateur est amené, par les œuvres, à prendre conscience du devoir d’engagement face à une société extrêmement brutale, cette violence n’en est pas mois catalysée par l’humour et l’ironie que Malachi Farrell insuffle dans son travail et ses constructions à l’aspect «bricolé», propres à l’univers de jeu et de la parodie.

Malachi Farrell en quelques dates

1970
Naissance à Dublin
1993
Formation à l’Institut Supérieur des Hautes Etudes (Paris) avec Pontus Hulten et Daniel Buren
1995
Rijksakademie, Amsterdam
2004
International Artist in Residence Program, PS1 Contemporary Art Center, New York
2005
Participation à l’exposition Dionysiac, Centre Pompidou (commissaire : Christine Macel)
2010
Exposition Strange Fruit in the Streets, Jane Kim/Thrust Projects, New York
Exposition Dreamlands, Centre Pompidou

Malachi Farrell en quelques œuvres

Vidéos en ligne des œuvres http://www.arpla.fr/canal2/figureblog/?m=201105

Rom & Dub, 2011, installation sonore, projet pour l’Ecole des Beaux Arts de Montpellier, Rom & Dub est un état des lieux de la situation française et européenne sur la question de la peur de l’étranger, comment rentrer dans des clichés et en ressortir, comment les médias amplifient, transforment des informations et comment les transformer à nouveau, comment rentrer dans un univers carcéral et comment le «décarcéraliser», comment donner du désespoir et le changer en espoir…

Strange Fruits, 2011, Chaussures, système électrique et sonore, Courtesy Galerie Patricia Dorfmann, Paris.
Une installation sonore faisant référence au poème sur le lynchage d’un Noir américain écrit au milieu des années trente par Abel Meeropol, a été  interprété pour la première fois par Billie Holiday en 1939 au Café Society à New York, premier café «intégré». Cette chanson est considérée comme le premier protest song américain et constitue les prémices de la lutte pour les droits civiques.  Malachi Farrell transpose le lynchage de l’homme noir à la situation mondiale actuelle, où l’environnement est détruit par la misère sociale et l’inconscience écologique.

La Gégène, 2007, pour le musée d’art contemporain du Mac/Val à Vitry-sur-Seine, collection permanente.
En référence au nom du générateur d’électricité employé comme instrument de torture pendant la guerre d’Algérie, la pièce convoque une somme d’images, d’objets et de sons dans le but de mettre en scène un interrogatoire étrange évoquant la guerre, les pratiques violentes de la torture et les usages abusif de la médiatisation.

Nature Morte-Les chaises électriques, 1996, pour le musée d’art contemporain du Mac/Val à Vitry-sur-Seine, collection permanente.
En 1996, Malachi Farrell réalise Nature Morte pour la Triennale de Maribor en Slovénie, une référence aux époux Rosenberg accusés et condamnés à mort en 1955 par l’Etat américain pour espionnage sur la bombe atomique au profit de l’URSS.

The Shops are closed, 1994-1998, installation, boucle de 2mn : moteurs, capteurs optiques; programmes informatiques.
L’œuvre plonge le spectateur dans un mode de synchronicité factice, à la fois fascinant par une certaine efficacité visuelle et sonore mais totalitaire. Des tuyaux blancs, utilisés habituellement comme gaines de circulation d’air, sont suspendus et motorisés, dessinant une sorte de ballet sonore aux allures militaires. Le titre fait référence à la fermeture des boutiques  lors du conflit d’Irlande du Nord.

Le Village Das Dorf, 1997-1998, installation sonore, collaboration avec Seamus Farrell, à Toulouse et au Allemagne.
Théâtre de la vie, théâtre de la ville ou plutôt celui de ses coulisses, Le Village/Das Dorf, figure les bidonvilles d’ici et d’ailleurs. Villages fantômes délimités de barbelés, aucune âme ne semble y vivre, juste la présence de volatiles comme pour signifier une sorte d’autarcie forcée de ses masures pirates. Assemblées, façonnées, ficelées par des rebuts, ses baraques, toujours situées aux périphéries des villes ne sont qu’un patchwork de déchets des sociétés capitalistes. Baraques de bric et de broc, elles abritent des familles elles aussi rejetées par notre système  marginalisation irrémédiable, exclusion définitive. Organisations parallèles, elles ont dû développer leur propre économie et mettre en place un nouveau mode de fonctionnement. Microsociété vivant dans la misère, aucun recours n’est possible pour réintégrer l’«Autre Monde».

Pow, 1999, installation sonore, San Francisco.
Programme politique de base du Ku Klux Klan, réaffirmer l’héritage des chrétiens blancs d’Amérique. – le retour de la prière à l’école. – l’arrêt de toute immigration de non blancs. – des dépistages de drogues pour tous les bénéficiaires de l’aide sociale. D’ils ont de l’argent pour de la drogue, ils n’ont pas besoin des dollars de vos taxes. – la quarantaine pour tous les porteurs du SIDA. – rendre illégal l’achat d’industries américaines par des étrangers…»

Bérénice. 14 mai 2011