08. Retour sur le Musée Précaire Albinet*
* [Objet de la séance du cours de mercredi 9 décembre 2009. Atelier A1-175. A partir de 9h 00. Autour de la projection du film de Coraly Suard, Jours tranquilles au Musée Albinet, 2004, présenté par Ali et Florence (initiateur, initiatrice des séances LandyLand 05 et 06). + Souvenir d'une précédente projection à Paris 8 un 15 juin 2005.]
http://www.film-documentaire.fr/film.php?id=14740
http://www.leslaboratoires.org/content/view/144/lang,fr/
Présentation par Cindy Théodore:
Thomas Hirschhorn et les Laboratoires d’Aubervilliers. Les mots d’introduction résument l’idée: «Un Musée en bas d’une barre HLM.» Thomas Hirschhorn a fait venir l’art dans le quartier car le quartier n’allait pas à lui. Yvane Chapuis fait référence à l’amour de l’art comme motivation pour ce projet. Et je pense à l’amour de l’art de Bourdieu et Darbel, où une partie de leur théorie est remise en cause ici.
Donc tout commence le 10 août 2000, avec une invitation des Laboratoires d’Aubervilliers pour Thomas Hirschhorn. Il me semble qu’au départ, les différents acteurs ne savent pas ce que Thomas Hirschhorn entend par mettre une sculpture dans la rue. En novembre 2002, les choses se précisent et «surprennent» ses collaborateurs: Thomas Hirschhorn veut montrer dans un musée, situé aux pieds des immeubles, des œuvres qui ont marqué l’histoire de l’art du 20e siècle. Le travail de terrain est quant à lui commencé depuis longtemps. Tout comme nous avec Ali N., Marc et Béatrice, il a semblé important dans le projet de Thomas Hirschhorn de se laisser guider et conseiller par des habitants, des travailleurs du quartier pour pouvoir réaliser quelque chose de concret.
Les œuvres exposées vont avoir comme mission la transformation. Pour s’en occuper, il mettra à contribution des habitants du quartier. Chaque semaine, l’artiste sera différent et par conséquent, les livres, les vidéos (présents dans la bibliothèque), les intervenants (écrivains, critiques…) changeront en fonction des artistes. Tandis que le bar sera tenu par des habitantes du quartier. Finalement, ce projet repose à la fois sur le prêt des œuvres par les institutions et donc de leur conservation et aussi sur le fait que le quartier est amené à s’investir physiquement et que de leur investissement dépend la suite et le bon déroulement du projet. Après quelques temps, le budget initial explose. Le 30 avril 2003 Agnès b. décide de participer au projet, Chantal Crousel participera elle aussi.
Cependant, au fur et à mesure, les barrières se dressent quelque peu: -problèmes au niveau des assurances; -décalage des dates; -le prêt des œuvres; -permis de construire «obligatoire» pour le musée (étrange pour quelque chose de provisoire…) et quand on pense que ça va mieux…lors de la construction du musée par les jeunes de la Cité, la police envoie «des ondes négatives». Cela montre à quel point il y a une fracture entre les habitants du quartier et la police.
Constat après avoir lu le livre: il y a eu un énorme travail effectué sur le terrain et auprès des institutions. Lors du stage effectué par les jeunes du Landy au Centre Pompidou, il y aura des difficultés, minimes mais des difficultés. Et finalement pas si mal que ça car le Centre proposera, après le succès du Musée Précaire, de former 2/3 personnes pour les métiers de l’emballage et de l’encadrement des œuvres. Certaines personnes situées en tête de liste déclineront l’offre… Au final, tout se passe bien, le Musée Précaire attire du monde (même si aucun comptage ne sera effectué). Les habitants du quartier vont remercier Thomas Hirschhorn. Ce projet a à la fois marqué l’histoire de l’art contemporain (par exemple, dans de nombreuses conférences des références à ce Musée sont faites), et à la fois les habitants du quartier (et aussi sans doute l’artiste et tout les intervenants), Ali N. nous en a parlé avec une véritable ferveur et nous a même emmené chez Thomas Hirschhorn. Ce dernier est venu nous saluer. Très bon moment passé dans son atelier.
Dans le rapport d’activité du Centre Pompidou de 2004, ce Musée fait partie des événements phares de cette même année.
Extrait :
Mnam-Cci/Daep, 17 avril-13 juin, Aubervilliers)
« Albinet », du nom d’une cité d’Aubervilliers où ce musée « précaire » – initié par l’artiste Thomas Hirschhorn, premier lauréat du Prix Marcel Duchamp, en collaboration avec les Laboratoires d’Aubervilliers et le Centre Pompidou – a présenté des œuvres d’art au pied des immeubles dans des baraques de chantier …
Choisies par Thomas Hirschhorn en raison de leur caractère utopique, huit œuvres du xxe siècle ont été sorties des collections du Centre Pompidou et montrées à Aubervilliers, dans le cadre d’un travail avec douze jeunes de la commune, qui se sont chargés de l’accrochage, l’installation, la médiation, l’information…
Des actions de formation ont été organisées au sein du Centre Pompidou pour cette équipe : la sécurité (six jeunes pour une période de six jours), la production (deux jeunes pour une période de sept semaines : transport, emballage, accrochage) et la médiation (accueil surveillance, communication : quatre jeunes pour une période de sept semaines, dont une formation intensive portant sur les œuvres du musée précaire). Le plan de formation a impliqué une quinzaine de services et plus d’une trentaine d’agents du Centre Pompidou. Depuis, plusieurs membres de l’équipe d’Aubervilliers sont entrés en apprentissage au Centre Pompidou, à la direction de la production (emballage), et d’autres ont été engagés comme agents d’accueil.
Lien : http://www.centrepompidou.fr/rapports/rapport2004/1.htm
Cindy Théodore