Du 14 au 20 novembre 2009, a eu lieu le colloque « Le projet Jean Rouch », organisé par le Comité du film ethnographique, en collaboration avec la Bibliothèque Nationale de France, le Centre National du Cinéma, les Archives françaises du film et le Centre National de la Recherche Scientifique. De nombreuses projections eurent lieu à la Bibliothèque Nationale de France, au CNRS et à la Bibliothèque Publique d’Information.
Lors de la clôture du colloque, fut projetée la Folie ordinaire d’une fille de Cham de Jean Rouch et Philippe Costantini, au cinéma du Centre Georges Pompidou. Ce premier et unique film de fiction de Rouch, d’après la pièce de théâtre de l’écrivain antillais Julius Amédée Laou, était projeté suite à une restauration. Cet essai est un dialogue délirant entre une vieille femme antillaise internée depuis cinquante ans (depuis 1929) à l’hopital Saint-Anne et une jeune fille aide-soignante originaire de Martinique, récemment venue en France.
La malédiction de Cham
Cham est le deuxième fils de Noé, maudit après avoir vu la nudité de celui-ci. Les descendants de Cham furent condamnés à servir Shem et Yafet les deux autres fils de Noé. Il paraîtrait que Kouch, Le Fils de Cham est l’ancêtre des Noirs. A travers l’histoire de l’esclavagisme, Les fils et filles de Cham portaient le poid de cette malédiction.
Ce film surréaliste, essai d’un ciné-théâtre, une des multiples facettes de l’œuvre de Rouch, est bouleversant de part les textes, ainsi que cette réalité poignante des scènes entraînant le spectateur dans cette folie étrange basée sur une tragédie; Celle des peuples noirs et de la malédiction de Cham, justifiant certains faits durant la traite et l’esclavage.
Rouch utilise des méthodes proches du documentaire et du ciné-œil, en filmant les scènes en plan-séquence, et en temps réel. Madame Amélie (la souffrante), dans son délire dévoile les traumatismes de l’esclavage, des peuples des antilles ayant connus l’humilation et la soumission.
Pour ceux qui s’intéressent à l’œuvre de Rouch et au documentaire, la quasi intégralité des films projetés durant ce colloque sont consultables jusqu’au 3 décembre, sur des postes audiovisuels a la Bibliothèque Nationale de France. D’autres débats et colloques seront probablement organisés par la suite.