16. Mondrian/De Stijl. Concept d’un art environnemental et/ou englobant toutes les disciplines. 09.03. 2011

16. Concept d’un art environnemental et/ou englobant toutes les disciplines.
2.1. séance du 9 mars 2011. L’exposition Mondrian/De Stijl, au Centre Pompidou.
Rendez-vous dès 11h 30, dans le hall d’entrée du 5e étage, près de la vidéo de François Morellet, —dont l’exposition jouxte Mondrian/De Stijl, non sans humour—, puis à l’entrée de l’exposition Mondrian/De Stijl à midi.

Un dispositif explicatif est mis en place sur le site du Centre Pompidou pour L’exposition Mondrian/De Stijl, mais il nous livre peu d’information, si ce n’est un préambule général et un dossier pédagogique (livrable à des enfants ou à des adultes?). Le livret distribué à l’entrée n’est pas accessible en ligne. Deux catalogues très épais, très lourds et très chers ont été publiés (100 euros au total), des colloques ont eu lieu, non mis en ligne à ce jour, semble-t-il.

Mais, un des commissaires de l’exposition Frédéric Migayrou et un conservateur Aurélien Lemonier s’exposent sur Dailymotion. Talking Heads qui expliquent les œuvres de Mondrian et du mouvement De Stijl : compte officiel Dailymotion du Centre Pompidou.

Notre expérience de l’exposition elle-même, pour nous*, s’ancrera sur une attention forte et parallèle au spectacle visuel et, —comme lorsqu’on assiste à un spectacle d’opéra—  au libretto: soit toute la part du texte disséminée dans l’espace de l’exposition sous toutes ses formes qu’il nous appartiendra d’enregistrer (avec la difficulté de l’interdiction de photographier, mais peut-être pas les textes?) de répertorier, d’en noter les emplacements précis sur le plan de l’exposition que nous donne le dépliant et que nous reproduisons ci-dessous. Ceci afin d’obtenir une version langagière et spatiale, —cela peut passer par des vidéos de type Talking Head enregistrées in situ, de vous-même et par vous même, (il n’est pas interdit de se filmer soi-même individuellement avec son smartphone, en dévoilant  le lieu précis où vous-même vous vous trouvez, dans l’espace de l’exposition—, notre document mémoriel de l’exposition interdite à la photographie et au filmage amateur au smartphone**.

[Note corrective: suite à  notre visite de ce jour à quelques uns, nous avons vite zappé les textes muraux et médiatiques et nous nous sommes pris au jeu de regarder avec intensité les tableaux de Mondrian composant de grands ensembles dans les salles 15 et 16, d'apprécier les gris bleutés des fonds et l'effet cinématique général des lignes noires variables, des bribes de couleurs rejetées vers les bords du tableau et de leurs effets all over virtuels et minutieux. Nous étions en compagnie d'un groupe d'enfants plongés dans un exercice de coloriage de reproduction des dits tableaux sur feuillet A4 et dans un sentiment de presque ravissement proche de celui décrit par Pierre Sterckx.]

On a retenu donc des documents authentiques

• Les vidéos et films assez rares, précieux, placés sur les murs, comme des petits tableaux, Talking Heads historiques comme celle où l’on voit Michel Seuphor. L’image de Mondrian nous apparaît plus nette. On en voit vraiment la portée en premier lieu avec Calder (très jolie petite vidéo où l’on voit Duchamp, Mondrian, Calder et un chat à New-York, autour d’un stabile de Calder). Autre vidéo très belle, l’atelier de Mondrian à New York, très en couleurs, à l’opposé radical de l’atelier parisien.
• Une seule grande projection de films abstraits de Hans Richter caché dans le dernier espace architectural muet, City in Space, architecture à plateaux de Frederick Kiesler

• les fascicules et les revues caractéristiques des mouvements d’avant-garde, (ce qui nous intéresse particulièrement) que l’on voit, à défaut de les lire, dans les vitrines. On a imaginé un ipad qui placé sur les livres exposés nous aurait permis de les feuilleter. Help Etienne Mineur!

• la série de photographies en noir et blanc de Kertesz, —qui fait texte—, de l’atelier de Mondrian, pièce maîtresse du dispositif du concept artistique abstrait et où figurent les corps des artistes qui accompagnent Mondrian et d’autres séries de photos de groupe d’artistes.

* Christian Bernard, directeur du Mamco à Genève, conseille d’effectuer toute visite d’une exposition en promeneur solitaire ou à deux, s’il s’agit d’un couple très fusionnel. On optera pour cette logique de visite, avec l’idée de se partager l’étude précise des différentes salles et de se retrouver ensuite dans l’espace conversationnel du hall d’entrée du 5e étage ou de la terrasse du George. ( à 14h, pour ceux qui n’ont pas l’obligation de retourner à Saint-Denis). Tous les éléments ramassés devront ensuite faire l’objet de posts sur notre blog.

**Nous gardons le souvenir de l’exposition Au-delà du spectacle, montée par Bernard Blistène, qui présent dans l’espace display muséal, nous encourageait à photographier et à filmer en nous disant: «cette exposition est la vôtre!»

Quelques éléments et matériaux

L’autre pôle actif, alliant art, architecture, design, graphisme et société —qui, lui, est une école et dont nous avions parlé l’année dernière—, est Le Bauhaus, autour de la figure d’un élève passager Max Bill, un bon artiste et un artiste bon. Van Doesburg, si tant est qu’il fut un bon artiste, fut-il un artiste bon et Mondrian était-il «de gauche»? [La réponse est oui pour Mondrian, voir plus bas notre retour d'exposition]. Toute l’histoire de De Stijl, que Mondrian quitte très vite, se situe dans l’entre deux guerres. Van Doesburg meurt en 1931. Mondrian vit à Paris puis à New York et meurt en 1944.

«Les trois axiomes de base, partagés par les membres de De Stilj et formulés dès le premier numéro de la revue, en octobre 1917 [sont]: 1) chaque art doit viser par ses moyens spécifiques à l’expression de son ‘essence’ plastique; 2) ce n’est que lorsqu’une telle ‘pureté’ est atteinte que les arts peuvent se joindre en une unité; 3) car se révèle alors l’élément fondamental qui est leur dénominateur commun: en ce qui concerne la peinture et l’architecture, c’est la planéité (du mur, de la surface du tableau).  Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Mondrian n’était pas hostile à l’idée d’une négociation des données constructives de l’architecture par la peinture (ou ce qu’il nommait la ‘chromoplastique’), émise par Théo Van Doesburg dès novembre 1918 dans ses ‘Notes sur l’art monumental’. in i10 et son époque, catalogue d’exposition, 15 mars-30 avril 1989, Institut néerlandais, Paris.

Dans ce même catalogue-livre est repris le texte de Mondrian «Le Home, la rue, la Cité», paru dans le numéro 1 de la revue i10 (1927) qui se présente «dans l’esprit de Nietzsche, [comme] inactuelle: ‘c’est-à-dire qu’elle va à contre-courant du temps, qu’elle influe sur le temps et agit, on peut l’espérer, au profit d’un temps à venir.»
Page 32 de i10 et son époque, Yve-Alain Bois présente le texte de Mondrian:

«’Le Home, la rue, la Cité’ est l’aboutissement logique d’une longue réflexion sur le néo-plasticisme en architecture et la ‘future dissolution’ de l’art dans la vie. [...] Mondrian y reprend les trois problèmes théoriques qui se sont posés à lui dès qu’il aborda la question architecturale dans ses premiers textes publiés dans De Stijl en 1917-1918: l’articulation peinture/architecture; l’opposition architecture en tant qu’art/construction; l’intérieur comme unité séparée, bravant un monde chaotique et anticipant sur la totalité environnementale de l’avenir.
Mondrian, «Le Home, la rue, la Cité», paru dans le numéro 1 de la revue i10 (1927)

Retour de l’exposition Mondrian et documents vidéo

Ce mercredi de 12h à 14h, nous étions un petit groupe: on a vraiment regardé les Mondrian, que les Mondrian, dernière période et éprouvé, ce que dit Pierre Sterckx  dans la vidéo ci-dessous:  «une sensation d’apaisement et de bonheur, ce qui correspond à la philosophie de Mondrian, qui pensait que cette peinture pouvait changer le monde, qu’elle pouvait ôter la violence de l’homme et du monde.»

• Pierre Sterckx, De la pure musique visuelle. («beaucoup de swing chez Mondrian, l’angle droit ouvre l’espace, tous les gris sont légèrement colorés, très sensuels, des épidermes. Les trois primaires, les lignes sont comme un tissage, un réseau.» Il est profondément hollandais. Très jolie démonstration sur le mot désir. L’angle droit hollandais, c’est le plan de New York. Dommage qu’il manque dans l’exposition, la dernière peinture Broadway Boogie Woogie. Dans l’exposition, un très court film de son atelier à New York, tout en couleurs.
• Michel Seuphor, Mondrian (vidéo INA)
Mondriaanhuis, ouverte en décembre 2010, Amersfoort. On aperçoit une reconstitution de l’atelier de New York.