Orsolya Elek. irôte-tchomaux (iratcsomó)
Article publié le : Vendredi 27 mai 2011. Rédigé par : Elek Orsolyairôte-tchomaux (iratcsomó)
On tient à la main des feuilles imprimées, collées, tissées, fixées de quelques manières les unes aux autres. On regarde la lumière se reflétant sur la surface des feuilles plus ou moins blanches. On lève la main, on tient entre les doigts une pièce de ces feuilles pour changer la vue, la page, le contenu et pour avancer dans la lecture. Livre, il s’appelle.
Ou bien on ne tient aucune des feuilles imprimées et fixées les unes aux autres de n’importe quelle manière que ce soit mais on tient ce qu’on veut. Un souris par exemple. On regarde un quadrilatère éclatant, plus ou moins blanche qui nous permet d’accéder au contenu visuel du … du fichier, il s’appelle. Livre ou fichier, les deux médias se ressemblent du point de vue du « spectacteur » sans la participation active duquel l’avancement de la lecture est bloqué. Il faut lever le bras, bouger le « sourcis », taper le « claviature », toucher la page et la tourner. Et, par son acte, le spectateur est aussi participant actif du livre ou de l’album ou du fichier numérique parce qu’il décide en sa liberté quand il tourne la page. Il peut aussi décider de nombreux d’autres détails de la lecture. Ainsi libre à lui de prendre une position dans l’espace et dans le temps, choisir son rythme, son entourage, prendre conscience des bruits autour de lui ou essayer de les ignorer, mettre de la musique de style quelconque; arrêter et reprendre la lecture plus tard, la recommencer même après des années, etc. Elle est infinie, la liste des aspects sur lesquels l’auteur ne peut pas avoir une influence.
Le médium du vidéo permet à l’auteur de définir plusieurs parmi ces caractéristiques importantes de la perception du livre. Ce que je trouvais primordial parmi ces aspects de la lecture sont les suivants: le temps qui est consacré à regarder une images, le rythme par lequel se suivent les pages; l’ordre des pages; la possibilité de retourner ou avancer tout en ignorant quelques autres pages; mélanger les pages et les images comme se mêlent parfois dans la tête après une longue lecture; définir la musique et le temps de la lecture. Le rôle du spectateur est passif dans ce cas. Beaucoup plus passif que dans d’autres cas. Cela n’est pas pour lui faire mal. En gouvernant ces aspects, les effets de mon travail peuvent être dirigés pour la faveur du « spectacteur ».
Par la naissance du livre numérique de nombreux avantages ont été découverts parmi lesquels se trouvent des raisons financières, économiques, etc. mais en même temps de nombreux nouveautés esthétiques ont pu entrer dans le processus de la création et ainsi l’enrichir. Dans mon travail actuel je cherche à diriger le lecteur dans son acte d’une manière beaucoup plus précise par rapport aux possibilités de la lecture classique. Je cherche à définir la perception du «livre» le plus précisément possible. Du point de vue du spectateur, il peut paraître être limité dans son acte. Cependant ce n’est pas à le frustrer ou à l’emprisonner que je recherche mais à lui fournir tous les éléments nécessaires pour comprendre et à ressentir ce que je tentais d’exprimer.
J’ai travaillé avec les images de printsceen que j’ai enregistrées depuis mon ordinateur dès mon arrivée à Paris. Les sept mois qui se sont déroulés depuis septembre 2010 sont une période confuse et dure pour moi. Les raisons sont plutôt personnelles. Elles ne sont pas liées aux questions de l’immigration et de l’émigration. Je ne cherche nullement pas à parler de la situation des étrangers en France ou de leurs problèmes d’intégration. Cependant ces questions m’ont également rencontrée. Les deux problématiques qui sont entrées dans mon travail sont les questions de la langue et de l’identité. Le mélange des sons, des morcaux de musique avec des paroles hongroises, françaises et anglaises m’ont aidé à exprimer la confusion linguistique à laquelle je me confronte quotidiennement. Les images sont alors plus personnelles et montrent des états mentaux. Elles sont des autoportraits indirects. Le fait de travailler avec les printsceens souligne le caractère de notre société moderne, la vitesse de la vie et le flux des images. Ce sont des caractéristiques les plus importantes et les plus influantes de mes expériences parisiennes. Parfois le temps me manque. Le temps pour s’arrêter, pour voir, penser et sentir. Le temps pour manger et pour digérer.
La vitesse de la ville m’impressionne et m’étrangle. Ce sont des sentiments de base dont la vidéo cherche à parler. Je publie les images originaires sous forme de pdf – je propose également une chanson pour cette lecture (cliquer ici) – pour donner la possibilité de consulter les images plus profondément et de découvrir ainsi les détails qui ne sont pas visibles à la première vue.