-- La figure dans le paysage (Paris 8) » 5e projet LMA: Dérive

Dérive

Article publié le : Lundi 25 mai 2009. Rédigé par : Florence Wang

Départ du 104
C’est le début de la grève des Universités…
Dérive : expérience collective et solitaire à la fois
Ce jour là je m’enquis de me perdre
Rue Riquet
Une procession commence
Marche silencieuse
Marche cadencée et tonique
Les mâts des péniches amarrées comme un rideau, s’ouvrent sur le canal.
Nous franchisons un pont, sensation étrange de tremblement, écho du pas des autres. Traversées entre deux rives, ces vibrations résonnent en moi comme le commencement de l’experience collective, sur ce pont je marche à l’uni-onde avec le monde.
De la ville, les facades des immeubles laissent place à des bâtiments industriels.
Le gris prend le dessus et dans cette grisaille, je repère des points colorés de fluo orange que je retrouve sur le cochonnet des jeux de boule, sur un cycliste prudent, les  machines Catterpillars, le parapluie de Liliane…
TEM‘Toujours en Mouvement’ sur des camions
CLCF Conservatoire Libre du Cinéma Français,
CIU Cité Internationale Universitaire,
La table ‘Au goût du jour’
Longer les courbes du canal et voir que
La cheminée de la grande blanchisserie de Pantin crache des fumées blanchâtres.
Le bâtiment des grands moulins se vitrifie et devient le siège d’une banque.
A mesure que j’entre dans la marche, qu’une cadence régulière et rectiligne s’installe, je la brise en piétinant sur les pavés de couleur mauve uniquement.
Je retrouve alors le pas de l’écolière qui invente des règles d’une marche citadine, sur le chemin du retour de la classe en ne marchant point sur les lignes tracées au sol…
Je marche seule et cette dérive me ramène chez moi, à Aubervilliers : c’est déjà les 4 chemins. C’est ici que j’habite depuis trois ans.
Les 4 chemins, c’est mon New York à moi, en bas de chez moi.
Les 4 chemins c’est la croisée des mondes, un quartier qui me rappelle singulièrement Flusing Queens à New York. Les enseignes, les bâtiments, les boutiques où l’on trouve de tout et de rien, la diversité de la population.
La grande pharmacie où l’on vend des pillules qui partent comme des petits pains
Aux 4 chemins il y a toujours un vendeur qui propose des joujoux sur un draps, par terre, la bienheureuse boulangerie où l’on  trouve sandwich chaud ou croissant à 4 heures du matin,
Aux 4 chemins, il y a un cinéma qui diffuse des bollywoods non sous-titrés
Le supermarché chinois où l’on trouve des œufs au thé
En hiver des vendeuses africaines chantent le mais chaud
Les boucheries-rotisseries, kebab dès le matin soufflent leur parfums de viande grillée.
Près de la bouche de métro on trouve des fruits, du pop corn et  sur les quais en dessous, il y  a toujours ce monsieur indien qui vend des petits sachets de pralines. Je le reconnais à sa moustache et son manteau camoufflage
Les 4 chemins c’est toujours vivant, un quartier qui fonctionne 24h/24h.
Aux 4 chemins, chacun fait son nid, son business.
La dérive s’arrête ici, nous nous retrouvons dans un café et l’écriture commence. Puis, filtrée par le temps et tamisée par la mémoire, elle s’arrête ici sur cette phrase de Nicolas Bouvier, grand voyageur :
« on croit faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait ou défait. »

Dérive du 104 rue d’Aubervilliers (19e) à Aubervilliers quatre chemins .

Article publié le : Lundi 18 mai 2009. Rédigé par : Charlotte Cardonne

 

 

 

 

…entre spectacle et dérive

Article publié le : Mercredi 13 mai 2009. Rédigé par : Hye-Young Seon
Image de prévisualisation YouTube

Là où il y a du son. Là, où il y a du monde,  il y a du dérive.
L’après-midi d’un dimanche,  la performance de l’association Muleketu.

publié par  hye-young Seon et hye-jin  Shin

5e projet: dérive verbale

Article publié le : Samedi 9 mai 2009. Rédigé par : Dohee Lee

Dérive verbale

On dérive à partir de ‘dérive’ : l’idée initiale de dérive évoque une autre image, et les idées se succèdent. Une dérive verbale à partir du mot ‘dérive’, ou, comment utiliser la dérive comme un initiateur. Peut-on dériver à partir de la ‘dérive’ ?
On illustre deux cas, d’abord le moins vraisemblable : la dérive aboutit sur ‘dérive’  (si tant est qu’il faille qu’une dérive aboutisse). On peut alors s’interroger sur l’authenticité de cette dernière dérive : dérive perpétuelle ou cycle?  L’autre cas n’aboutit pas sur ‘dérive’.

Il n’y a pas encore les vidéos car il y a un problème de logiciel.

(dérive… les nuages, les nuages… l’albatros… la mer… l’écume… une bulle de savon…montgolfière… vertige… Kim Novak… Kim Jeongil… dictateur… cravache… menottes… sex-shop… coffee-shop… couleur café… que j’aime ta couleur café… Serge Gainsbourg… cigarette… les nuages, les nuages… dérivent)

(dérive… rivière… petit pont… pont des Arts… la Seine… l’Amazone… jungle… jumanji… Robin Williams… Capitaine, mon capitaine… Albator… borgne… pirate… Johnny Depp… Johnny Halliday… optic 2000… laetitia … l a e dans l’a t I t I a l a e dans l’a t I t I a, sur ma remington portative, j’ai écrit ton nom laetitia)

Signes de Vie, ou un itinéraire entre la promenade et la dérive

Article publié le : Lundi 20 avril 2009. Rédigé par : Hye-Young Seon

Lisons la fameuse proposition de Debord :

«Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation.» ( La Société du spectacle, # 1)

- Nous sommes donc Rue d’Aubervilliers, le mercredi 18 février, pour quoi faire? Pour retrouver «tout ce qui était directement vécu»? pour rencontrer des signe de vie? ou en fabriquer? Ces signe perdus, on pourra les appeler ‘la condition tragique de l’homme dit moderne ou postmoderne’…

Et où est la sortie? ou où sont les lignes de fuites?

Voici une autre proposition de l’Internationale situationniste:

« Dérive: Mode de comportement expérimental lié aux conditions de la société urbaine: technique du passage hâtif à travers des ambiances variées.» (Internationale situationniste, #1, juin 1958)

-  En somme la dérive ou se dériver est une acte de résistance …  pour l’espace «habitable».
- Quant à moi, je dessine d’abord un itinéraire des signes de ville, pour y remplir plus tard, j’espère bien, des signe de vie ……

hye-young Seon

Ma situation en dérive

Article publié le : Dimanche 15 mars 2009. Rédigé par : Julie Barranger

Partis du champs 4, nous arrivâmes à 4 chemins à 4 pattes.
Anju Grossiste est un camion. (Des éléments surgissant au cours de notre pérégrination ponctuent mes impressions.)
Cash & curry ! le quartier indien n’est pas très loin. Trompe-l’oeil au mur, vrai mur au plafond : le ciel gris semble un drap posé sur les meubles d’une vieille maison abandonnée. Nous sommes les souris qui serpentent sous les armoires. Fumée de cigarette, parfum plus doux que son inhalation. Nous sommes ici sur la rive droite du canal. Rive droite de la rive droite de la Seine, on ne peut être plus l’Est. On m’a toujours prise pour une slave. Quartier Crimée, les cités les sandwicheries grecques, ce quartier où je craignais de m’aventurer autrefois. Je le fuyais, restant sur ma rive gauche côté Ourcq.  Froid et humide, je frissonne. L’architecture 70’s avec ses tours rétro-futuristes reste laide mais intéressante par tous les temps. Curieuse idée d’architecte que de construire des balcons en escalier inversé.-CRIPS- Machine à remonter le ciel ?
Nous empruntons une rue qui mène au canal ; des portes entrebâillées s’ouvrent sur des cours en désordre. Je reconnais le poste de police d’un immeuble où j’ai failli habiter. Les fenêtres de l’appartement donnaient directement sur celles de la police, sans autre alternative ! Fin d’interdiction. Le canal et ses bateaux.  Enfin nous sommes au bord de la mer. Ancre marine, cliquetis de chaîne, le bastingue : comptoir de quai,   et ligne droite jusqu’à l’infini. La péniche Abricadabra est toujours là : j’entends encore la voix d’Amélie et l’accordéon de Sophie s’ébrouer lors des concerts de la Toute Folle. Flonflon punk et froufrou cheap. Souvenir confit qui m’écœure un peu. Une enseigne affiche les mots dépôt vente brocante/contemporain. La juxtaposition de ces deux mots me laisse songeuse. Ainsi l’âge contemporain est-il déjà englouti par le passé ? Angoisse.  L’âge contemporain ne devrait pas vivre plus de 77 ans, comme les jeux de société !  Promenade Signoret Montand. Pas de feuilles mortes s’il vous plaît.

Nous ne ferons pas tourner la rotonde de Ledoux comme une toupie dans un flipper, nous traversons le pont suspendu échappant à la douane. J’aurais bien continué tout droit, bifurqué à droite pour arriver chez Yann, et échapper au froid, ou bien me réfugier dans les sièges rouges et profonds du MK2 devant une toile. Du haut du pont, je me retourne et j’aperçois encore un souvenir : les fenêtres de l’atelier, chez Christine où nous faisions du shiatsu danse et des impro-goûters l’an dernier.
Le nez rougi et les mains transies, je n’échappe pas à ma nostalgie accrue par l’anonymat de cette dérive. Je suis trop d’ici.
Du haut du pont qui bouge, on aperçoit toujours les moulins de pantin.
Rive gauche. Cet été y aura-t’il de nouveau des régates de planche à voile et de catamaran sur le canal devant les terrasses assoiffées du bar Ourcq, pour l’instant tristement fermé ?  Nous longeons le canal.
Les magasins généraux désormais habités par des étudiants et des artistes. Quelques immeubles abandonnés jouxtent la rue Colmar. Les trottoirs toujours sales ici sont arpentés par des gamins qui m’impressionnaient autrefois. Et je sens monter la mélancolie de plus en plus fort. C’est chez moi ici !! C’est mon quartier depuis que j’ai 6 ans !! Nous passons sous ce pont métallique qui ressemble à une cage où je rêvais de me suspendre. Puis le pont de la petite ceinture, ses voies ferrées désertées. De l’autre côté, chez Bryan B, dans son appartement ferry qui donne sur le canal avec sa terrasse où nous aimions siroter du rosé l’été. Cheminée d’usine. Ce coin est très étrange. Toujours plane une sensation-mystère quand je longe cette partie du canal. Je téléphone à ma grand-mère qui s’ennuie dans feu ma chambre non loin de là. « Allô Mamie !? Je pense bien fort à toi !! » Il fait trop froid. J’ai envie de hurler qu’ici c’est chez moi à tous ces promeneurs ignorants ! Je sais je connais ! J’y ai vécu ! Croyez-moi c’est triste à mourir ! Fuyez !
Le bassin de la Villette là où s’élargit le canal. Expansion de l’espace-temps. Souvenirs embrumés, nébuleuse d’une adolescence morne à traîner sous les ponts et le long du canal. Atmosphère atmosphère. À projeter ma vie en mieux, ma vie future sublimée. Voilà que j’ai rendez-vous avec moi à 15 ans lorsque je rêvais de moi maintenant. Que n’ai-je pas réalisé ? Et que n’avais-je jamais songé à réaliser et que j’ai pourtant inventé ?
La Villette. Je connais trop ce lieu. Pourtant je n’en ai pas exploré les bâtiments, les expositions, le musée des sciences. Il reste tant à approfondir. Je ne vois que la surface. Je ne peux me défaire de mon regard sur cet endroit. Aucune impression nouvelle n’arrive à recouvrir les anciennes. La promenade ne fait que réveiller des souvenirs hantés par mes bonheurs passés. Beaucoup de bons souvenirs ici : le dragon qui fume des joints, les batucadas survoltées, les concerts, les délires à tout casser, des rendez-vous amoureux, et quelques mélancolies aussi. Une satisfaction étrange, égoïste, personnelle s’empare de moi. La malice d’avoir cette longueur d’avance sur les autres. De déjà connaître les lieux. Je possède cet endroit, il m’appartient !! À moi ! Vous ne me le prendrez pas !

Nous passons sous l’énorme pont des maréchaux et du périphérique. Chantier. Je suis à la traîne avec quelques égarés. Mes pensées m’ont retardée ! Droite ou gauche ? Sur le point de s’égarer, je me rappelle que nous nous dirigeons vers Aubervilliers, et qu’il y avait un chemin qui continuait le long du canal. Il est bien caché par le chantier. Nous le retrouvons derrière un camion. Mes chers moulins, pourquoi avez-vous succombé au lifting ? Je suis triste de vous voir si transformés. Je rêvais de venir vous explorer, vous photographier lorsque vous étiez encore abandonnés. Désormais high-tech, je vous trouve repoussants. À côté fume encore la grande blanchisserie de Pantin. Sa fumée blanche efface les murs et se perd dans le blanc du ciel ! Le ciel est une fumée de cheminée.

Au carrefour du canal et de la mairie, je salue le CND que j’affectionne ! Il est très laid de dehors : béton super gris, austère à en

crever, c’est un ancien hôtel de police. Mais c’est le lieu de toutes les excentricités dansées !
Liliane Charlotte Karen et moi avançons désormais en terre inconnue, semées par le peloton de tête. Nous perdons Kim, qui reste accroché à son appareil photo. C’est fou !! J’ai vécu si près pendant des années, et je ne me suis jamais aventurée sur cette grand-route !! Enfin de l’inconnu ! je me réjouis et je vacille. J’ai perdu le pilotage de mon quartier, de mes souvenirs, alors que nous sommes encore si près de la porte de Pantin. Je ne sais pas où nous allons mais c’est la bonne direction.

Alors retraverser les voies

ferrées, observer la séduisante désolation. Le désert ferrailleux de rails tortueux qui se perdent au loin.

Un rond-point idiot qui trahit sa modernité contraste avec le vieil immeuble ouvrier grisâtre à un étage resté là à guetter. Le choc des époques modifie le visage des villes. Je pense à ces vieilles cartes postales du début du siècle et j’y vois un collage sauvage et mal intentionné de conquête moderne. L’urbanisme est réfléchi, certes, mais les matériaux criards dénaturent l’harmonie. Pourquoi n’y a-t-il pas de styliste chez les architectes ? Et puis marcher, marcher, marcher. Tout droit, croiser des commerces, des visages, des pensées diluées. Nous sommes perdues.

Arrivée à un grand carrefour : je reconnais l’intersection Aubervilliers 4 chemins !! C’est donc là ! J’étais déjà venue aux laboratoires. Une excitation m’envahit : celle de connecter enfin dans ma géographie intérieure des lieux que je connais, mais que je n’avais jamais reliés !

Un coup de fil des troupes : ils sont au café après la route. Repos bien mérité après dérive gelée, dans un de ces cafés populaires, où se retrouvent les immigrés. Nous envahissons le lieu, en s’appropriant toutes les tables. Penchés sur nos pupitres pour réécrire chacun notre parcours. Un homme accoudé au bar s’évertue à me faire des grimaces. Je me retiens de rire.

Julie Barranger

Dérive contée

Article publié le : Vendredi 6 mars 2009. Rédigé par : Corinne Laurent

En ce milieu d’après-midi, nous étions 25 à partir en dérive le mercredi 18 février 2009 du « 104 » vers le canal de l’Ourcq. Etant donné que le ton ludique collectif faisait écho aux nuages (chargés de pluie), nous décidâmes que chaque participant devait oublier son nom. De fait, une règle du jeu fut établie : chacun dut porter une lettre de l’alphabet. Peut-être fallait-il distribuer ces lettres en fonction de la taille corporelle. L’entreprise parut tendue car tous à l’âge adulte, une bonne partie avait la même taille ou presque. Il fut proposé de porter notre taille au marqueur sur l’arbre voisin (quoique derrière une clôture). D’aucuns songèrent que cela laisserait une trace de notre passage. Mais la majeure partie du groupe dont les doigts rougissaient de froid conclurent que la tâche eût été fastidieuse. Nous gardâmes donc cette idée pour une dérive plus intime et optâmes pour la tirage aléatoire de bouts de papier portant une lettre chacun. Il y aurait deux M comme Milieu, Moyenne, Mi-temps, Midi etc.. et celui qui tenait les papiers garderait le dernière pour lui.

Après distribution au hasard, nous oubliâmes nos noms pour ne s’appeler que d’une lettre et nous débutâmes notre marche vers le canal de l’Ourcq par la rue Riquet … en silence. Alors le rythme de la ville se laissait percevoir confusément: l’alternance d’un faux silence (chants d’oiseaux et son ronflant lointain) et de moteurs de voitures créait le tempo. Les brides de conversation captées aux gré des passants ou des stationnaires du trottoir composeraient le chant. A la vue du rat blanc de la taille d’un chat de gouttière, un hurlement pourrait perturber l’ensemble polyphonique.
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Boarderline

Article publié le : Jeudi 5 mars 2009. Rédigé par : Nicolas Vargelis

(English at top, français en bas)

Dérive

Trying to understand a new city, I like to start at the train tracks, a river, or a canal.  Under-developed zones, industry or poverty, away from architectural city planning, a place where deeper layers of the development and history are visible.

We start at the retro-modernist space ship of Stalingrad.  Residents oblivious to this architectural masterpiece they inhabit dream of a more colorful sceneography.  The white tiles have dulled and the streets are grey yet lively.  A group moves forward at an even pace.  Out of step, one runs in circles.  Backwards.  At the canal we are instructed to look at the disaffected customs check point.  The boarder zone of the disadvantaged and the fashionable faux poverty of the bohème bourgeois: a bio-coop, a dimly lit aesthetically calculated cafe, and a shop to rent bicycles.  Behind this façade, Hasidic and Arabic youth clash.

The battle zone continues; on one side, a brunt out residence, opposite a Euro trash discotheque.  And just beyond, the architect’s dream: the candy land venire with a bitter twist also known as The Parc of the Villette.  The fake conviviality of living room chairs cemented into the ground illustrate the designers suppressed intentions.  The plastic merry go-round surface cannot muffle the screaming metal mechanics below.  A row of bright search lights suggesting a military zone leads to a fence and behind the back door of the Zenith.  From inside the concert hall, I hear Amanda singing to an absent metropolis.  Continuing along the periphery, we are witness to the BoBo/ Yuppie invasion: a 19th century industrial mill transforming into  luxury apartments.

Leaving the water’s edge, down a broken baroque graceful curving staircase, we turn our backs to the City of Lights.  Outside, a forgotten modernity.  Dirty shops with unfashionable goods behind greasy window pains.  The neon lights turn to grey.  Black soot glued into cracks and corners.  But the air is clear, and the landscape less polluted.
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Dérive

Article publié le : Mercredi 4 mars 2009. Rédigé par : Adriana Pessolato

Dérive. L’idée de dérive fragmentée: la seule chose que j’ai pu saisir du discours initial, avant de partir pour l’expérience de dérive collective. La fragmentation commence déjà avec un discours coupé par le bruit des travaux dans l’espace 104, qui rendait impossible de l’entendre.

La proposition de marcher, en silence, a été finalement un embrayeur. Et comme ça, dans un silence «imposé» par les circonstances, on a commencé la promenade autour du canal St Denis.

Dessin d’un parcours erratique dans une proposition dirigée: je fais une collection des pistes sans connexion et qui ne font pas de sens à la fin. Je n’écris pas une histoire, je décris des contacts avec les éléments qui ont passé par le chemin. Effet miroir.

Après le début de la promenade, on a marché en silence vers le Bassin de la Villette. Je me suis lancée à la dérive. Attention fluctuante, perception attentive à l’entourage.

Dans le silence, les sons de la rue se font plus présents. Il y a les bruits d’automobiles, les morceaux de conversations, le train qui passe, les talons rythmés par la vitesse propre de la ville.

Lat=48.887610 Lon=2.377210:Fugu ou poisson ballon

Je découpe quelques morceaux du paysage, tentative de  chercher quelque chose dont je ne suis pas sure. Je me tourne et je vois un Fugu gonflé qui semble conduire le bateau. Il n’arrête pas de m’observer. Je l’observe aussi. Je prends une photo, il semble ne pas aimer. Curieuse ambiance de  tétrodotoxine dans ce bateau. Un espèce d’épouvantail?

Lat=48.893076 Lon=2.389355: Stairs for nowhere

Je rencontre un morceau d’escalier qui ne mène à nulle part. Des escaliers détournés de leur fonction. Promesse d’une construction d’un pont vers la bouche du Dragon? Ils sont curieusement alignés et séparés par l’eau.

Lat=48.893597 Lon=2.390084: Géode

«Can you take my picture?» j’entends un Anglais avec un accent espagnol latino-américain. «Surely!». La fille s’est mise devant la Géode, exactement à l’endroit où je voulais prendre une photo. J’ai toujours vu la Géode de l’autre côté. La structure en miroir reflétait le ciel gris clair lourd. Un gris inondé, humide, froid.

Lat=48.887208 Lon=2.377939 et Lat=48.887850 Lon=2.377639: L’Antipode et Adélaïde

Lat=48.895714 Lon=2.396071: deux femmes et un chien.
Je continue sur le chemin. Après La Villette, le paysage change. Deux dames se promènent avec leur chien par le canal, les deux d’une beauté agressive. L’une fume, l’autre, tient la laisse. Le chien rit et bave. Pas de photo.

Lat=48.896047 Lon=2.398785: fragments

Le chemin est en travaux. Il n’est pas continu, il faut découvrir la suite, pas claire. Hors Paris, les couleurs sont différentes. Le béton se fait plus présent.

Adriana Pessolato

Des Rives

Article publié le : Mercredi 4 mars 2009. Rédigé par : Charlotte Cardonne

A partir du 104 rue d’Aubervilliers, le mercredi 18 février 2009, nous nous laissons porter par les flots d’une dérive situationniste.

En traversant la rue Riquet, tout doucement les repères s’embuent. Nous n’avons pas encore quitté la terre ferme. Sous un ciel gris de mauvais augure, les immeubles portuaires vêtus de macadam sont d’une laideur incongrue. Fuyant ce désastre architectural du grand nord de la rive droite, l’équipage embarque au péage de la Rotonde de la Villette. La péniche portant le nom évocateur d’Antipode nous accueille pour un voyage aux confins d’une réalité. J’avance sur le pont flottant, et me sens prise d’un vertige incontrôlable: l’ivresse de l’eau commence à s’écouler le long de mon corps.

Les paysages défilent lentement sous mes yeux. Les maisons de fortunes des marins abandonnées en échange d’horizons meilleurs se succèdent, quand devant moi se dresse une grande bâtisse nommée l’Internationale. Mes rêveries m’emportent à imaginer une nation sans frontières dictée par les voies maritimes. Une étendue universelle appartenant à tous et à personne, une terre ou plutôt une mer originelle. Au loin, je peux apercevoir le phare, guide de notre périple. Il s’élève dans toute sa splendeur et une discrète cheminée le surplombe. Un épais nuage brumeux s’échappe du fourneau et je sens paradoxalement le vent clair et iodé fouetter mon visage.

Mon esprit s’amarre aux quais longeant le parc de la Villette. Je suis transportée dans une immense construction digne des avants-gardes russes, un cube de fer rouge prêt à happer le naufragé égaré. Mon regard s’éloigne puis se pose à babord sur un monstre d’une autre nature. Mythologique, pourvu d’immenses orbites jaunes, les dents acérées bleu vif et les pattes arachnéennes. Je frissonne, la barque suit sa trajectoire, une image apaisante s’offre à moi, un escalier, entièrement surréaliste, est posé sur le sol pavé du quai face au canal. Le promeneur distrait qui l’emprunterait se retrouverait rapidement le bec dans l’eau! Drôle est l’absurde.

Nous débarquons sur un terrain boueux bordant la ville de Pantin. Nous poursuivrons notre chemin à pied bien que la gare ferroviaire étoilée d’une dizaine de rails soit une belle promesse d’aventures. Les avenues sont chargées de passants, le brouhaha est incessant et déjà je regrette la liquide solitude. Nous approchons du point coché sur la carte, l’odeur des grains de café grillés, le crépuscule et la peau rougie sont de bons arguments pour s’engouffrer dans le bistrot populaire des quatre chemins d’Aubervilliers.

Charlotte Cardonne