La figure du promeneur de musée, de galerie
Adla, étudiante cinéaste à Genève, avait rejoint notre groupe de Paris 8 en visite au Mamco. Juin 2005
Lundi 4 février 2008, 9h 00, Paris 8: Workshop Wikipédia
Nous avons ouvert cette question « La figure du promeneur de musée », le 31 octobre 2007. Nous la reprenons ce lundi 4 février 2008, à l’épreuve de la galerie d’art, dans le cadre d’un travail de workshop Wikipédia avec Jean-Noël Lafargue: il va s’agir ici d’écrire des articles pour la grande encyclopédie, à propos de 7 galeries d’art parisiennes (dont une exception constituée par une Fondation), donc d’en récupérer les récits dans le vif des promenades étudiantes à l’intérieur de chacune d’entre elles puis de savoir moduler les jeux de langage qu’il en résultera à la fin de l’expérience, dans les pages Wikipédia. Une ligne sinueuse de promenade pédestre relie les 7 galeries: elle naît à la Concorde, (Fondation Ricard), traverse le Marais (Crousel, Maisonneuve, Eric Mircher, Filles du calvaire), et finit près de la Bastille (Magda Danysz, Numeris Causa), du pastis au numérique. On raccroche aussi au parcours une autre façon d’exposer, au Café Léopard, mercredi 6 en soirée, boulevard Voltaire.
Mardi 5, mercredi 6 (+ soirée), jeudi 7 et vendredi 8 février
des équipes réduites d’étudiants workshopistes, tels des anthropologues, se déploieront sur les 7 terrains pour en étudier l’architecture, les habitants, les objets et les documents. Un premier rapport écrit permettra à chacune des équipes de construire une partie de la feuille de route pour le parcours général de visite collective du vendredi 8 février, de 12h à 19h, promenade marathon, guidée par nous-mêmes, de cette suite géographique des 7 galeries considérée comme un musée d’art contemporain éclaté à l’échelle de trois arrondissements parisiens. Un jeu de 7 galeries revisitées comme musée, par la qualité réflexive des œuvres contemporaines, le jeu des générations d’artistes proposés et la culture même des galeristes et des visiteurs? S’en suivront la rédaction des textes personnels et leur publication assistée par les deux enseignants sur Wikipédia.
Le parcours préparatoire d’étude et de visite finale
Fondation Paul Ricard
http://www.fondation-entreprise-ricard.com/
12 rue Boissy d’Anglas 75 008 PARIS
Galerie Crousel
http://www.crousel.com
10 rue Charlot, 75003
Galerie Maisonneuve
http://www.galerie-maisonneuve.com/
22, rue de Poitou, 75003
Galerie Eric Mircher
http://mircher.com/Pageexpos16.html et http://www.dominiquedebeir.com
26 rue saint-claude 75003
Galerie des filles du calvaire
http://www.fillesducalvaire.com/
17, rue des Filles-du-Calvaire 75003 Paris
Galerie Magda Danysz
78, rue Amelot 75011 Paris
http://www.magda-gallery.com/fr/actu.htm
Galerie Numeris causa
http://www.numeriscausa.com/
53 bd Beaumarchais 75003
Café Léopard: Free Art 4 Free People
http://gobland.net
149, bd Voltaire, 75011
Les textes de référence ci-dessous explorent donc la question du musée.
S’en tenir au texte de l’exposition
En août 2006, Christian Bernard fait le récit oral rétrospectif et exhaustif du Musée d’art moderne et contemporain de Genève qu’il a créé de toutes pièces. Il développe cette idée du promeneur de musée et de la « parole comme médium de l’espace muséal ».
Extraits : « 01_ Background sensuel. Parler de ce qu’on voit, ça paraît plus naturel à la radio où l’on ne voit rien dans un enregistrement qui ne restitue que du son, mais parler de ce qu’on voit, c’est précisément la condition de voir et on en fait vraiment l’épreuve dans la promenade au sein du musée où tant de signes sont articulés dont très peu forment de petites chaînes signifiantes pour le promeneur même attentif. Et la parole est vraiment le médium de l’espace muséal tel que l’on conçoit. En même temps la parole dans le musée, c’est évidemment la nôtre, c’est la parole du musée au sens de ses qualités sonores propres parce que ce n’est pas un studio d’enregistrement où les sons sont bienvenus dans une sorte de neutralité que ne dérange qu’un bruit de chaise parfois. En revanche dans le musée, il y a une qualité sonore du musée, de cet espace post-industriel et qui fait partie de la tonalité et qui est une des conditions de construction de sa présentation et qui contribue à qualifier périphériquement la conception qu’on en a : le bruit des pas, la façon dont ça résonne et dont ça résonne différemment d’un étage à l’autre, la plus ou moins grande proximité des bruits de la rue ou des chantiers avoisinants. Il y a toute une dimension sonore spécifique qui croise des ambiances du passé et du présent, qui croise des dimensions sonores propres à l’usine et à l’architecture qui a été conçue pour elle et puis évidemment ensuite ces dimensions sonores se tressent avec celles qui sont proposées par les aménagements du musée et les œuvres et selon les salles plus ou moins grandes, plus ou moins saturées d’œuvres et selon la nature des œuvres évidemment la sonorité ambiante varie. De ça, cet enregistrement ne rend pas compte, non plus. Effectivement, c’est une chose qui fera toujours défaut en plus de l’image que nous n’avons pas quand on enregistre, mais que cet enregistrement accompagnera peut-être. Et aussi la dimension olfactive qui n’est pas négligeable au musée et qui là aussi tresse des éléments du passé notamment la profonde basse continue des odeurs d’huile des machines qui occupaient ce lieu et puis l’odeur de peinture fraîche qui est très forte au début des séquences et qui va s’éteignant pendant les trois ou quatre mois où les expositions sont présentées. Donc il y a ce concours des odeurs du passé et du présent qui forment aussi la qualité du lieu. Il y a évidemment le concours des lumières et les tubes fluorescents qui éclairent et tout cela construit un complexe de sensations qui est très subtile en fait et qu’on perçoit peu et qu’évidemment l’enregistrement ne peut évoquer qu’à titre de description mais ne peut pas faire pressentir. C’était très important pour moi d’avoir ce background sensuel ou perceptif qui n’a rien à voir avec celui qu’offrent les musées qu’on construit pour ça et qui ne donnent que l’odeur de l’architecte, si je puis dire, et des conceptions qu’il se fait des matières et des espaces. »
Autre référence, mais ce texte est ancien
Christian BERNARD : « Art, musée, contemporain, artiste », notes à propos du MAMCO, années 90.
Référence majeure: l’hétérotopie
FOUCAULT Michel, « Des espaces autres « , Dits et écrits, 1984, Quarto Gallimard, pp. 1571-1581 + Utopies et hétérotopies, CD, INA mémoire vive, 2004
Extraits : « Quatrième principe. Les hétérotopies sont liées, le plus souvent, à des découpages du temps, c’est-à-dire qu’elles ouvrent sur ce qu’on pourrait appeler, par pure symétrie, des hétérochronies ; l’hétérotopie se met à fonctionner à plein lorsque les hommes se trouvent dans une sorte de rupture absolue avec leur temps traditionnel; on voit par là que le cimetière est bien un lieu hautement hétérotopique, puisque le cimetière commence avec cette étrange hétérochronie qu’est, pour un individu, la perte de la vie, et cette quasi éternité où il ne cesse pas de se dissoudre et de s’effacer.
D’une façon générale, dans une société comme la nôtre, hétérotopie et hétérochronie s’organisent et s’arrangent d’une façon relativement complexe. Il y a d’abord les hétérotopies du temps qui s’accumule à l’infini, par exemple les musées, les bibliothèques; musées et bibliothèques sont des hétérotopies dans lesquelles le temps ne cesse de s’amonceler et de se jucher au sommet de lui-même, alors qu’au XVIIe, jusqu’à la fin du XVIIe siècle encore, les musées et les bibliothèques étaient l’expression d’un choix individuel. En revanche, l’idée de tout accumuler, l’idée de constituer une sorte d’archive générale, la volonté d’enfermer dans un lieu tous les temps, toutes les époques, toutes les formes, tous les goûts, l’idée de constituer un lieu de tous les temps qui soit lui-même hors du temps, et inaccessible à sa morsure, le projet d’organiser ainsi une sorte d’accumulation perpétuelle et indéfinie du temps dans un lieu qui ne bougerait pas, eh bien, tout cela appartient à notre modernité. Le musée et la bibliothèque sont des hétérotopies qui sont propres à la culture occidentale du XIXe siècle. » [début de la plage 5 du CD]
La création de la galerie
Séverine Quentin propose ce texte historique de la création de la galerie. Elle fait elle-même un workshop sur le thème à Paris 8.
http://galeriesaujourdhui.110mb.com/cours.htm
Nos films de référence
La figure du promeneur de musée : projection dans le cours du 31 octobre 2007, des films de Rey-Hong Lin et Luen-Yu Lu (l’expérience du Mobile Studio au Mamco et au Centre culturel suisse, saison 2006-2007). Une version en flashvidéo de tous les films est en cours de réalisation .