-- La figure dans le paysage (Paris 8) » 2010 » janvier

Archives janvier, 2010

Le parcours des fées.

Article publié le : Dimanche 31 janvier 2010. Rédigé par : Elsa Durieux

Le Parcours des Fées est un parcours d’art contemporain (qui se déroule de juillet à septembre) sur un sentier de randonnée situé dans la vallée de Crévoux, dans les Hautes Alpes. Chaque année, le collectif Fées d’hiver invite des artistes à intervenir (in-situ) dans cet espace qu’ils investissent durant une résidence de création au mois de juin. Ces gestes artistiques et poétiques sont autant d’occasions de rendre visible l’invisible et nous invitent à porter un autre regard sur un paysage pourtant familier. Les interventions dans le lieu sont diverses et variées, allant de la vidéo à l’installation en passant par la sculpture et la photographie. L’objectif de ce collectif consiste aussi à porter l’art contemporain vers le public en le surprenant dans des lieux inhabituels. Ces œuvres, que le promeneur va découvrir au fil de sa balade, renversent souvent nos habitudes visuelles et quotidiennes pour mieux nous toucher et  nous étonner. Elles visent aussi à nous éveiller en nous interrogeant sur le sens et le pourquoi de ces œuvres dans cet espace. Grâce à celles ci, le spectateur est davantage attentif au paysage, aux sons de cette vallée, à cette nature environnante et impressionnante mais aussi à l’écologie et à la préservation des ressources naturelles.
Ainsi, l’œuvre de Pedro Marzorati intitulée Wind, des habitats volés par le vent est clairement inspiré par le changement climatique et ses conséquences. L’artiste écrit à propos de son œuvre :

«Après le passage de chaque nouvelle grande tempête, beaucoup d’habitations sont détruites ou s’envolent. Le déplacement de masse de la population se produit, même si dans certains cas elle est provisoire. Ces déplacement génèrent des nouveaux habitats voir des nouvelles villes parfois précaires.»

Ce collectif se bat aussi pour continuer à faire vivre cet événement artistique marginal, puisqu’il n’obtient aucune aide de la part des institutions artistiques, mais qu’il existe grâce à l’aide de petits collectifs qui croient en cette création. Enfin, peut-être aurez-vous l’occasion de voir cet événement artistique pendant vos vacances d’été, sachez que cette manifestation propose des nocturnes (environ six), durant lesquelles les œuvres vont s’animer de lumières, de sons et de musique pour offrir aux spectateurs une autre version, une autre vision et une autre facette de l’œuvre.

Elsa.D

Raoul Peck. Dead end à Port-au-Prince.

Article publié le : Samedi 30 janvier 2010. Rédigé par : Liliane

Raoul Peck est directeur de la Femis, réalisateur et ancien ministre haïtien de la culture. Article paru dans Libération, vendredi 29 janvier 2010:

«Ce qui m’effraie tous les jours c’est le naturel avec lequel cette population s’adapte (je ne dis pas ‘accepte’) à l’adversité, aux errements de des dirigeants, à l’histoire, à l’ingratitude du monde (oui, ce n’est pas trop fort. Ce pays a donné beaucoup à ce monde. Révisez votre histoire). Un jour il faudra qu’il se relève. un pays ne meurt pas. Ce jour-là, pour sûr, tout sera plus simple. Délibéré.»

Tasneem, 5 ans. Dessinatrice.

Article publié le : Jeudi 28 janvier 2010. Rédigé par : Liliane


Tasneem, 5 ans. Palestine. Série Portraits-Autoportraits, l’être-dessin de l’enfant, saisi par un dispositif filmique anthropologique nécessairement narcissique. Allez sur la carte interactive pour voir ce film et les autres. Production Arte.

Saint-Denis, le brut I, II

Article publié le : Lundi 25 janvier 2010. Rédigé par : Hye-Young Seon

Je suis allée voir le Quartier du Landy  à  Saint-Denis , avec une petite caméra.
Comme ça, juste pour voir
comment la caméra y rencontre les choses, les inconnus, l’air, le rêve, etc.
J’avais tout simplement envie de voir ce Saint-Denis sans figuration ni défiguration.
Qu’est-ce que je fais? Je songe à un documentaire en devenir.
J’étais comme une automate guidée dans l’espace en chuchotement :
ses réalités urbaines, ses déplacements, ses errances, ses territoires de vie…
J’ai pensé à Dziga Vertov qui, avec une caméra-oeil, voulait explorer le visage inconnu des choses, et rêvait démesurément de la révolution esthétique au service de la Politique.
Je suis pourtant pour une caméra au mode très singulier : minimal dans son contenu, radical dans sa forme…

Une artiste dans la ville

Article publié le : Samedi 23 janvier 2010. Rédigé par : Clémentine Buisset

On parle beaucoup de chantiers ici, vous ne trouvez pas? J’en rajoute une couche? Alors je commence avec l’artiste espagnole Lara Almarcegui.
Elle travaille sur les espaces de la ville qui sont laissés en suspens. Des terrains vagues,  dont on a, comme leur nom l’indique peut être, qu’une vague idée de ce qu’il vont devenir. On pourrait y construire des habitations, un centre d’art. Puis le temps passe, et il ne se passe rien. Avec Wastelands Map Amsterdam, guide to the empty sites of Amsterdam (1999), Lara Almarcergui dresse la cartographie des espaces non aménagés de la ville d’Amsterdam. Des espaces dont on ne fait rien. Des espaces vides, littéralement abandonnés, dont le temps semble être seul à les façonner. Petit à petit, ils se transforment en décharges sauvages. La végétation se fait plus dense. Elle fait l’inventaire d’espaces qui nous semblent comme oubliés. Ce faisant, elle braque sur eux un projecteur, nous forçant ainsi à les voir, à les (re)considérer. Tout son propos s’articule autour du contraste qui se forme entre la politique d’urbanisation, qui engendre quantité de constructions, et ces terrains vagues, qui apparaissent comme des «trous» au milieu de la toile urbaine.

Voilà ce que dit l’artiste sur son travail :

« Mon intention est d’interroger la planification urbaine à travers l’étude des lieux qui échappent à une définition ‘figée’ de la ville ou de l’architecture : parcelles vides, friches, bâtiments en attente de démolition ; des endroits qui échappent à un design défini et qui restent ouverts à toutes sortes de possibilités, ceci étant dû à un manque d’intérêt ou de mémoire. J’aime identifier les parcelles vides d’une ville et publier des guides pour les relier, montrant ainsi l’intérêt de chaque terre à l’abandon en les décrivant soigneusement comme des endroits différents du reste de la cité. D’autres projets consistaient à simplement ouvrir l’accès, habituellement fermé, d’un ‘espace vide’ pour que le public puisse le visiter, et changer par là même l’utilisation du terrain et sa perception. Dans mes derniers projets, je persuade les propriétaires de différents terrains de les garder vides et non construits. J’imagine que, dans quelques années, ces terres en friche, ‘protégées par le projet artistique’, seront le seul vide au milieu des constructions. J’aimerais préserver ces friches le plus longtemps possible.»

Chez Lara Almarcegui,  le terrain en friche est vu  comme une sorte de répit offert à la ville. Le terrain vague serait comme une pause, face à  l’effervescence urbaine.
Clémentine Buisset.

Vue de l’exposition de Renée Green à Lausanne, 16 Dec 2009

Article publié le : Vendredi 22 janvier 2010. Rédigé par : Hui Li


La gare de Lausanne © Hui LI


Renée Green, Seen, 1990. Installation, 207 x 207 x 136 cm..Collection Emi Fontana, Milan © Hui LI


Renée Green © Hui LI


Renée Green. Wavelinks, 2002-2004. Installation, dimensions variables (détail). Collection Th Baltimore Museum of Art,  Frederick R. Weisman Contemporary Art Fund © Hui LI


Renée Green. Commemorative Toile, 1993. Installation: Chaises et table avec lamp intégrée recouvertes de tissu conçu par l’artiste, dimensions variables (détail). Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts © Hui LI


Renée Green. Certain Miscellanies, 1995. Installation  de photographies © Hui LI


Renée Green © Hui LI


Renée Green. Secret, 1993-2006? Installation, dimensions variables (détail). Courtoisie l’artiste, Free Agent Media et Galerie
Martine Aboucaya, Paris © Hui LI


Renée Green © Hui LI


Renée Green. Endless Dreams and Water Between, 2009. Installation, dimensions variables (détail). Courtoisie l’artiste, Free Agent Media et le National Maritime Museum, Greenwich © Hui LI

Géo-graphies. Mapping the imagination…

Article publié le : Lundi 18 janvier 2010. Rédigé par : Liliane


FLS
. Géo-graphies. Mapping the imagination in French and Francophone Litterature and Film. Volume XXX. 2003.

La Plaine en chantier

Article publié le : Dimanche 17 janvier 2010. Rédigé par : Clémentine Buisset

Lors de notre ballade du 02 décembre 2009, nous nous étions arrêté un petit moment près des voies ferrées. Nous y avions vu, entre autre,  un bâtiment tout en verre, en pleine construction. Le  Journal de Saint Denis nous donne de ses nouvelles. La construction est achevée, et le bâtiment accueille maintenant 337 élèves. Depuis le 5 janvier 2010, La Plaine compte un groupe scolaire de plus : l’école Aimé Césaire La Lison, dont l’article donne une description plutôt complète…
Clémentine Buisset

« Le spectacle du quotidien » (titre de la Biennale de Lyon)

Article publié le : Samedi 16 janvier 2010. Rédigé par : Elsa Durieux

-Souvenirs de notre première balade dans le Landy-

Sortis de l’atelier de Thomas Hirschhorn, nous nous sommes aventurés sous une passerelle d’immeuble. On regardait (un peu stupéfaits) ce paysage miséreux, ce village dans la ville en pleine mutation. Silencieusement, on a aussi observé cet homme qui sortait de chez lui, de sa « maison de fortune », pour promener son chien. C’est alors qu’Alien a dit : « Ici, une route va traverser sa maison. On va bientôt lui demander de prendre les quelques affaires qu’il a, pour raser son habitation et pouvoir y construire une route prévue dans le projet du Grand Paris.»

Dans les œuvres intitulées Cold Morning et One Day, découvertes à la Biennale de Lyon, le spectateur est directement confronté à ses propres comportements. Les artistes cherchent à nous faire prendre conscience du regard parfois compatissant mais souvent indifférent que nous portons sur ce genre de situation, sur ces vies en « chantier »…
La première œuvre est une vidéo réalisée par l’artiste Canadien Mark Lewis. Intitulée Cold Morning, cette caméra est posée dans la rue, comme si on avait oublié de l’éteindre. Un homme manifestement sans-abri plie une couverture, range quelques affaires, hésite à prendre un sac de nourriture offert par une passante. Deux pigeons se réchauffent sur une bouche de métro tandis que dans l’air glacial qui semble entourer le personnage, hommes, femmes, automobiles passent avec indifférence. Fin. Le film recommence…
Avec cette scène anonyme et malheureusement tellement quotidienne qu’elle en est devenue invisible, l’artiste construit dans Cold Morning , en un seul plan très court, une narration aussi puissante que banalisée : que fait l’homme dans cette rue, comment a-t-il échoué sous nos yeux, pourquoi refuse t-il l’aide proposée ? Mais en posant son œil-camera sur une scène (jouée ou trouvée peu importe…), l’artiste cherche surtout à interroger notre indifférence à l’égard du monde, de ce qui se passe sous nos yeux, qui devraient nous interpeller mais qui nous laisse pourtant insensibles…

Une autre œuvre, intitulée One Day, également exposée à la Biennale de Lyon cette année, propose une réflexion sur notre regard de citadins devenu aveugle. En automne 2006, l’artiste Lin Yilin se trouve en Chine, son pays d’origine, lorsqu’il croise une scène choquante, celle d’un jeune homme dont le poignet, menotté à la cheville, le contraint de marcher avec la plus grande difficulté. Il est suivi par un homme semblant être un policier en civil. La scène ne suscite aucune compassion de la part des passants alentour et rien n’obligeait le policier à imposer à cet homme (même en faute) une telle marque d’infamie. Saisissant à l’occasion d’explorer l’âme humain, Lin Yilin fait rejouer la scène à un acteur, cette fois sans présence policière. Une fois encore, personne ne lève la voix, ne demande qui est cet homme suivi par une camera, ou ne cherche à savoir pourquoi. Les intentions de l’artiste sont claires (et je terminerai sur ses mots explicites) : « J’espère seulement que le public songera à la situation de l’humanité. Ces absurdités se déroulent chaque jour sous nos yeux, et nous sommes tous à la fois acteurs et spectateurs de ces situations.»

Image extraite de One Day, 2006-2009.

Elsa.D

Le chantier en Asie

Article publié le : Samedi 16 janvier 2010. Rédigé par : Cindy Theodore

Lors de notre rencontre avec Juliette Singer j’ai été amenée à réfléchir sur la question du chantier tout simplement et dans sa notion artistique. Tout d’abord, tout autour de nous on détruit et l’on reconstruit. Nous avons l’exemple du Landy mais il y en partout. La reconstruction pose la question: qu’est-ce que ça va donner? Pourquoi détruire pour construire quelque chose de laid? En Chine, en juin 2008 à Beijing, j’ai pu voir des routes entières en train d’être refaites pour accueillir tous les touristes lors de jeux olympiques, pour bien se faire voir. En août 2009, il se passa la même chose à Shanghai et cela est d’autant plus important que toutes les façades des immeubles de la ville doivent avoir été repeintes avant l’ouverture de l’exposition universelle. De plus, le Bund est en train d’être refait comme de nombreux lieux touristiques (le temple Jing’An….). La ville est un chantier à ciel ouvert, jour et nuit.

rue de Shanghai                            Jing ‘An temple                                    rue de Shanghai

© Théodore Cindy, août 2009

A Bruxelles, dans The State of Things, une vidéo-performance de Lin Yilin (1) le montrait en train de construire un mur et de le déplacer dans la rue. The Safely manoeuvring across lin he road, 1995, performance 90 minutes

«Il effectue une mesure tant physique que littéraire et poétique de la notion de distance et de proximité en déplaçant un mur de brique carré, ce qui a pour effet de modifier le paysage autour de lui. En enlevant ce mur de briques, le trafic intense se trouve interrompu et se crée un moment de vie dans le flot turbulent de la vie de la cité .[…] Il met en question les changements rapides touchant les villes chinoises.» (2)

On peut aussi parler d’une autre de ses œuvres: Standard series of ideal residence, 1991, installation, brick, iron, wood. Cette installation représente des murs de briques.

Voici la page web de son site: il s’est inséré dans un mur de briques

A la 10e Biennale de Lyon, l’œuvre de Shilpa Gupta (3), Sans Titre, 2009, est un portail qui en s’ouvrant régulièrement tape contre un mur qui finit par se briser doucement. Il tape donc sur le mur contre lequel il accroché. Il y a une sorte d’autodestruction. Les chocs sont violents.
http://www.dailymotion.com/videoxb6ybu

On peut parler aussi des vidéos Under Construction et ShanghaiExpress de Liu Zhenchen (4).


Liu Zhenchen, ShanghaiExpress, 2005


Liu Zhenchen, Under Construction, 2007

Les frères Gao (5) ont eux aussi travailler sur la construction/déconstruction


GAO BROTHERS, THE UTOPIA OF CONSTRUCTION


GAO BROTHERS, The Forever Unfinished Building No. 4, 2008.

L’exposition Urban in process à lieu à la Galerie ARTENACT (8, rue Duchefdelaville Paris 13ème Métro Chevaleret) : He Junyan y expose des toiles reprenant comme thème l’urbanisme.

Cindy Théodore

(1) Site de Lin Yilin: http://www.linyilin.com/
(2) Extrait pages 17-18 du guide du visiteur de l’exposition The State of Things (Bruxelles)
(3) http://www.dailymotion.com/video/xb6ybu_une-minute-avec-shilpa-gupta_creation
(4) Site de Liu Zhenchen : http://zhenchen.free.fr/
(5) Site des frères Gao:  http://www.gaobrothers.net/