Coexistence

D’après la promenade dans La Plaine Saint-Denis

Lorsque nous nous arrêtons à la station de métro La Plaine Stade de France, nous assistons à la descente de nombreux voyageurs telle une marée humaine se déversant dans les nombreuses artères de cette ancienne ville de Saint-Denis. Nous avons l’impression d’assister à une version moderne des images de flots de travailleurs filmés par Charlie Chaplin dans son œuvre cinématographique intitulée Les Temps Modernes. Cette ville est intéressante pour son contraste dans le temps et dans l’espace. Dans le temps, parce qu’elle est le berceau d’un art, d’un savoir faire technique et spirituel sans commune mesure dans l’histoire de l’humanité puisque c’est ici qu’est né le mouvement gothique. Et que dans le même temps elle souffre d’une image ternie par les problèmes socioéconomiques graves rencontrés dans les zones difficiles que l’on appelle banlieue. Dans l’espace, car longtemps écrasée par Paris et ses environs, Saint Denis est en pleine renaissance. Et lorsque que nous nous promenons nous voyons se juxtaposer bâtiments anciens et modernes, maisons à l’abandon, ateliers délabrés et immeubles en construction. Ce désordre apparent est la manifestation de cet élan de vitalité dont la ville semble être en proie aujourd’hui. La rue du Landy en est même le symbole et tout semble s’activer et s’organiser autour de cette artère.
Cependant, à côté de Saint-Denis nous avons la ville d’Aubervilliers appartenant au même département. Ici, l’ambiance y est vraiment différente du fait du décalage entre les différentes zones de cette même entité urbaine. Les incontournables Magasins Généraux de Paris constituent le poumon économique de cette commune en regroupant sociétés de presse, studios de télévision, entreprises de grossistes. Mais à côté nous retrouvons des zones impersonnelles, grise de béton et de précarité.
Actuellement, les différentes municipalités tendent à se rapprocher autour de projets communs en matière d’urbanisme, de dynamisme économique, d’emploi et de qualité de vie. Le projet global porte d’ailleurs le nom de «Plaine Renaissance». C’est un projet sur le long terme puisqu’il a été lancé en 1985 et la construction du Stade de France représente un de ces différents développements. Et dans ce genre de projets d’avenir sont posées des questions fondamentales quant à l’organisation de la vie pour les prochaines décennies. Cela passe par une remise en question de l’identité de la vie à travers son passé à travers 4 questions: qu’est-ce que l’on doit détruire? Qu’est-ce que l’on doit conserver? Qu’allons-nous bâtir et pour quelle façon de vivre?

Ce mouvements d’effervescence urbaine que l’œil de l’observateur prend pour du chaos correspond à ces interrogations ainsi que les choix formulés à travers ces constructions, rénovations et destructions. Et ce qui interpelle le regard affuté du photographe c’est les contrastes, la coexistence entre les différents lieux en construction ou destruction portant en eux tous les traits d’une société en pleine mutation où développement durable et écologie doivent s’harmoniser. Les pierres, les matériaux de construction, la modification d’un jour à l’autre d’un élément du paysage nous apparaît progressivement.

Ainsi les deux images dessous.

Junko Shiraishi