07. Pascale Cassagnau, la création dans son moment contemporain : temps et récit
Mercredi 5 mars 2008
18h30, Amphi Bachelier, Ensad, 31 rue d’Ulm, 75005 Paris
Présentation par Samuel Bianchini
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David Claerbout, Sections of a Happy Moment, 2007 ©Galerie Micheline Szwajcer
single channel video projection, 1920 x 1600, black & white, stereo audio, 30 mn
La création multimédia s’inscrit dans le droit fil des principaux courants de l’art contemporain depuis les années 60, tels que le Land Art, l’Art Conceptuel, le Process Art notamment, qui ont élargi les territoires de l’art en mettant en question la nature et le statut des notions d’auteur et d’œuvre traditionnellement admis.
Si les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont inventé la notion de réalité augmentée, la création contemporaine elle-même se caractérise par ses espaces-temps partagés et ses territoires augmentés.
Les technologies de l’information et de la communication ne constituent pas un champ transcendantal en tant que tel, pour la création. L’art contemporain partage avec le cinéma, la télévision, la musique, des données communes : le son digital et le montage virtuel, le potentiel et le probable, l’ici et l’ailleurs.
Si dans les Leçons américaines, Italo Calvino imaginait les « Mémos pour le prochain millénaire » à la manière d’un hypertexte, à travers les notions de légèreté, rapidité, multiplicité, consistance, depuis longtemps déjà les artistes se sont approprié les outils numériques et ont investi l’espace-temps singulier des réseaux pour questionner l’efficience de la technique et pour en déplacer les enjeux. La photographie numérique notamment rend plus que jamais nécessaire la réflexion sur les images et ses outils technologiques : ni produite, ni reproduite, elle engendre un type de « représentation » par scanning, synthèse et codage numérique, impliquant un régime temporel paradoxal. C’est cette question qui sera ici envisagée, à travers les œuvres de David Claerbout, Martin le Chevallier, Serge Comte, Els Opsomer, qui ont fait de ces problématiques leur objet principal de recherche et d’expérimentation, dans la perspective de défaire l’image et suspendre le temps.
Pascale Cassagnau est docteur en histoire de l’art et critique d’art. Elle collabore à Art Press. Elle est l’auteur de textes sur Chris Burden, James Coleman, John Baldessari, Pierre Huyghe, Dominique Gonzalez Foerster, Matthieu Laurette. Ses recherches portent sur les nouvelles pratiques cinématographiques, dans leur dialogue croisé avec la création contemporaine. Son dernier essai Future Amnesia – Enquêtes sur un troisième cinéma (2007) cartographie ces nouvelles formes filmiques, entre fiction et documentaire.
Liens iconographiques
http://www.martinlechevallier.net/
http://www.poptronics.fr/Pascale-Cassagnau
http://www.newmedia-art.org et accès aux œuvres à l’Espace nouveaux médias, 4e étage, Centre Georges Pompidou
http://www.medienkunstnetz.de/
http://www.ubu.com/
Le déroulé-vidéo de la conférence
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Oblomov de Martin Le Chevallier sera projeté en continu dans le temps de la conférence. Pascale Cassagnau : «Oblomov est emblématique de mon propos, et je trouvais intéressant que cette conférence prenne la forme d’une double bande —une bande-son, la mienne, et l’image d’Oblomov, muette. En même temps, cette pièce est interactive et j’ai besoin, comme un pianiste, d’un assistant qui tourne les pages de manière aléatoire, au gré de son humeur, ce que va faire Samuel à côté de moi [à la souris sur son propre ordinateur].» Seront cités et analysés par Pascale Cassagnau, dans ce premier temps de l’exposé : Martin Le Chevallier, Oblomov; Gerry Schum, le projet de la Fernsehegalerie; Philippe Parreno, Pierre Huyghe, le projet collectif Annlee (1999); Jean-Max Colard et Claire Moulène, l’exposition Enlarge your practice (2007); Nicolas Thély, l’exposition et le livre Bass Def (2007); Johan Grimonprez, Where is my Helicopter?, D.I.A.L. History, Looking for Alfred, Double Take, Le ciel est peut-être vert et nous sommes daltoniens; Brian de Palma, Recorded; Paul Haggis, Dans la vallée d’Elah.
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2.1.
Questionner l’efficience de la technique pour en déplacer les enjeux. Jean-Luc Moulène, «Le Monde, Le Louvre», Musée du Louvre – Supplément du journal Le Monde du 30 nov. 2005, En voie de disparition, Déposition; Martin Le Chevallier, Gageure 1.04, Vigilance, Flirt, Félicité, L’Effet papillon.
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2.2.
Questionner l’efficience de la technique et en déplacer les enjeux. La photographie numérique
Nicolas Moulin, A visage humain, Métane, Visiover, Novomond, Ouralgeom; David Claerbout, Shadow Piece, Noctural Lanscapes, Geiser, Ruurlo Bocurloscheweg 1910, The Bordeaux Piece; Serge Comte, 4×4, The Inkjetprinter Dance, Rouge Neige; Els Opsomer, Imovie/In Between-Shifting; Rachel Reupke, Infrastructure.
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3.
Questions. L’aléatoire dans l’œuvre numérique : ici dans toutes les œuvres présentées, l’aléatoire intervient dans la monstration. Ces œuvres établissent une polarité entre le protocole de départ d’écriture et ensuite le protocole de monstration. Il y a des œuvres qui reposent sur un aléatoire de l’écriture.
La position du regardeur. Dans une œuvre interactive, qu’est-ce qui indique au regardeur ce qu’il doit faire?
Le pixel et le post-it chez Serge Comte?
Opacité et transparence de l’œuvre interactive?