Youtube Found Footage lors du Festival Hors Pistes 2010 au Centre Pompidou ce dimanche 21 février 2010 à 17h. Petite Salle – entrée libre.
Sur les sites de vidéos partagées tels que YouTube, Dailymotion etc., les vidéos fabriquées à la maison et échangées librement deviennent des objets domestiques servant à la mise en relation entre individus. Elles s’échangent, se prolongent, se poursuivent sous forme de réponses, de commentaires, de parodies, de retour à l’envoyeur. Réalisées dans des espaces domestiques, avec une très grande économie de moyens, grâce à une caméra grand public ou la webcam de l’ordinateur, ce sont des films de chambre, diffusés vers d’autres chambres.
Tout se joue lors de la publication : plus le film sera diffusé et échangé, plus il prendra une valeur (symbolique) sur les réseaux. Le film culte aujourd’hui se visualise des millions de fois sur différents sites Internet. Il se partage et se transmet comme une rumeur, un buzz. D’une durée de quelques minutes, il s’apparente aux images projetées des lanternes magiques, il échappe à notre perception. Le suspense se prolonge par la répétition : on cherche à le revoir, comme une hallucination temporelle.
Les sites de partage de vidéos en ligne cherchent à capter l’attention du spectateur en proposant des images associées les unes aux autres (avec des tags, des étiquettes, des méta-données). Moins qu’une saturation de films, il s’agit d’une concentration, d’un agglutinement d’images associées par mots clés les unes aux autres. Publier un film dans ces conditions c’est le soumettre au grand jeu des associations et des mots-clés. L’ensemble forme un réseau de films ayant entre eux de multiples connivences. Dans ce jeu d’influence, le film à succès dépendra de son pouvoir mimétique sur les autres.
Lors de la Soirée « Youtube Foundfootage » organisée pendant le festival « Hors Pistes » 2010 au Centre Pompidou, différentes équipes (de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, de l’Université Paris 8 et de l’Université Paris 1) réalisent un montage vidéo et sonore en direct à partir de séquences mixées en direct sur Internet. Il s’agissait de mettre en relation deux vidéos, diffusées en écran partagé. Le choix des films s’est porté vers une sélection de films tournés, montés, édités maison avec un ordinateur, une webcam et une connexion internet. Le temps d’une soirée, les films faits à la maison passent d’un cadre de diffusion intimiste à un grand écran. Exhibés dans la salle de cinéma, ils changent de statut.
L’équipe de l’Université Paris 8 en Master Art contemporain et Nouveaux Médias se compose d’Amélie Daullé, Edouard Sufrin, Marc Yu-Chieh Chan, Paolo Cirio, Fernanda Tafner, Tiago Fazito, Hugo De Oliveira, Daniel Varotto, Chia-Yi Chen, Leonard Gemardt-Ruiz. Ils mettent en scène cet étrange jeu de mouvement et de circulations, opérant des sauts, des recoupements et des associations d’un film privé à un autre. L’innocence d’un regard d’enfant (For Julia Nunes et MRirian ) se voit troublée par des images sensationnelles, extraordinaires, ou à l’esthétique trash au fil d’un montage croisant certaines des vidéos stars de Youtube, comme Leave Britney Alone! , Dramatic Look ou le perturbant Angry German Kid , ou encore le spectaculaire et grinçant Crazy Preacher Girl (vidéo sur la manipulation d’une enfant par des fanatiques religieux). Le montage s’achève après quelques portraits de célébrités des réseaux figurant dans l’épisode Youtube Stars de South Park, dont le destin se résumerait au refrain chanté dans le clip YouTube Killed The TV Star pour finir par la chute d’une longue file d’ordinateurs dans Domino PCs: The Real Thing: 86 PCs in a row!.