Alberto Sorbelli a fait une performance dans la galerie EOF qui s’appelait Donner recevoir. Pour cette performance, que je n’ai pas vu, il avait postulé que c’était plus difficile de recevoir que de donner. Judith Cahen a filmé cette performance, elle m’a raconté que pendant toute une après-midi entière, dans une galerie d’art, des personnes qu’il avait invitées à passer le voir apportaient des cadeaux.
Lors de la dernière exposition de Jonathan Monk à la galerie Yvon Lambert, chaque spectateur pouvait regarder et s’imaginer prendre un vélo d’occasion dont tout laissait à penser qu’il était à disposition du public. Sur le moment nous n’avons pas osé en prendre un, puis nous sommes revenus le dernier jour, et nous avons traîné un vélo jusqu’à la porte de la galerie, inquiets et enjoués de notre situation paradoxale et incongrue de « spectateur-preneur ».
« En 1999, Francis Alÿs s’est installé à une sortie de métro, dans la ville de Mexico, une paire de lunettes à la main. Il a proposé d’échanger cet objet contre un autre à des passants qui sortaient du sous-sol de la mégapole. Puis lorsqu’un autre objet lui a été proposé, il a poursuivi le troc avec d’autres piétons pendant un certain temps jusqu’à obtenir au bout du compte, à la suite de plusieurs échanges, un paquet de cacahuètes. Entre-temps auront circulé dans ses mains, un jouet en forme de tapir, une cruche, une peluche, un chapeau, une chemise, un sandwich, une paire de sandale et une torche. L’œuvre qui a résulté de cette action se présente comme un dépliant touristique que l’on déploie, telle une guirlande, et dont chacune des images décrit l’une des étapes du troc.» Thierry Davila, Fables / Insertions, in Francis Alÿs, catalogue, Musée Picasso, Antibes, 2001 p.39