Collecter / Recycler
Dimanche, mars 28th, 2010Visite de l’exposition Collecter / Recycler, Usages de l’archive photographique dans la création contemporaine au Centre photographique d’Ile de France dans le cadre du cours S.C.R.I.P.T mardi 30 mars 2010 à partir de 18H. Les œuvres de Stanislas Amand, John Baldessari, Eric Baudelaire, Pierre Bismuth, Ludovic Burel, documentation céline duval, Mark Geffriaud, Jonathan Monk, Mathieu Pernot seront mises en relation avec les thèmes et sujets présentés lors des précédents cours.
Eric Baudelaire, The Makes, HD Video, 26 minutes.
An adaptation of Michelangelo Antonioni’s notes on un-made films published in “That Bowling Alley on the Tiber.”
Avec Four splashed men (with robot and flamingos), John Baldessari orchestre les images en mouvement par son unité de mesure, le photogramme : « Ce qui m’a détourné de l’image fixe, ce sont les films, j’ai commencé à regarder les tableaux alignés dans les musées comme des plans dans un film »(1). Depuis, il accumule images, photogrammes, documents, archives, dans une immense base de données analogique, véritable iconothèque. Il classe ensuite images et notes suivant des thèmes, organisés par ordre alphabétique, de A (attaque, animal, animal/homme, automobile…) à V (ville, valise, vision, victime…). Il opère à la manière d’un programme qui va piocher dans une base de données. Nombre de ses œuvres sont des agencements, où des photogrammes associés suivant diverses combinaisons : « je pioche dans ce qui est au menu. En outre, on y percevra un désir assez vain de rendre les mots et les images interchangeables »(2) . L’impossibilité, tant de classement que d’interchangeabilité, entre les catégories, le fascine. J’imagine alors John Baldessari choisir, découper, trier puis classer dans ses centaines de dossiers les images suivant des dénominations ; puis plus tard regarder tous les documents conservés sous une catégorie comme « mutilation », pour les rapprocher d’un mot comme « réflexion ». Enfin, les images produisent un autre sens, suivant le nouvel agencement : « L’agencement se fait tout seul, il découle du sens. Pourtant, les modes d’agencement produisent du sens, l’aspect des choses, leur signification. Ils autorisent certains sens et en interdisent d’autres. »(3) Face à ces accumulations incommensurables d’images, il faut trier pendant très longtemps et ne garder que très peu de choses.
Le cours S.C.R.I.P.T se réfère au film Script conçu et orchestré par Baldessari. Sept couples d’étudiants ont réalisé dix scènes venant de différents scripts de films hollywoodiens. Baldessari a transmis les instructions pour les interpréter. Les scènes sont interprétées par des binômes d’étudiants, puis sont agencées suivant différents ordres : par interprètes, par type de scènes, par choix. Tous les classements de scènes sont assemblées en un montage linéaire, si bien qu’on revoit les mêmes scènes avec différents agencements. Le film est diffusé sur un support pellicule (il existe aussi une édition VHS, copie vidéo du film). Le spectateur perçoit l’ensemble des possibilités, prend conscience du type de montage au fur et à mesure de sa perception et compose mentalement son propre rangement.
Lors de la conférence NEVER BELIEVE WHAT AN ARTIST SAYS ABOUT HIS WORK, Pierre Bismuth explique la pièce Following the Right Hand of… : “Dans cette idée de refaire le même geste qu’un artiste, j’ai commencé à suivre les gestes des acteurs dans des films hollywoodiens, des gestes de femmes. J’ai découpe un verre que je place contre l’écran de télévision, je joue la cassette et avec un feutre sur la vitre, je suis la main pendant une heure et demie. La trace du geste, c’est le graff, la trace du geste pendant une heure et demie. L’oeuvre sur verre terminées, la plaque de verre est inversée, pour retrouver le geste du côté de l’actrice. Ces pièces deviennent des peintures murales aussi. Sur un fond noir, au feutre doré, je reporte à la diapo, le geste simplement”.
Une rencontre succèdera à la visite dès 19h30 où nous présenterons les Attractions périphériques co-réalisées avec Stéphane Degoutin dans le cadre d’une résidence effectuée au CPIF.
(1) Philippe Alain Michaud, « Faillite dans la représentation : l’Univers post-filmique de John Baldessari », From Life, Nîmes, Carré d’Art, Musée d’art contemporain de Nîmes, 2005, p. 30.
(2) John Baldessari, « Notes à moi-même pour des œuvres pas encore créés », From Life, Carré d’Art, Musée d’art contemporain de Nîmes, 2005, Nîmes, p. 58.
(3) Ibid., p. 58.