L’Œil en orbite
Suite à une question concernant les vidéos prises par des téléphones portables du massacre en Lybie, une des participantes s’interrogeait lors de la séance de cours du lundi 21 février sur ce que cela pouvait être de suivre cette révolution sans y participer et de la voir par le biais de dispositifs de partage de vidéos en ligne. Après quelques réflexions suite à la projection de Caméra Eye, je relate les propose Jean-Luc Godard sur sa position de réalisateur témoin d’une guerre à distance : « Mais j’habite Paris et je ne suis pas allé au Vietnam. » « Je suis parisien il n’y a pas de raison de ne pas faire de cinéma à Paris. » « J’ai pris la décision de parler du Vietnam à tord et à travers… Et disons plutôt à travers ». « Et puis cela me parait difficile de parler des bombes alors qu’on ne les reçoit pas sur la tête. » […] « Je fais du cinéma, donc ce que je peux faire de mieux pour le Vietnam… […] Plutôt que d’essayer d’envahir le Vietnam par une générosité qui force forcément les choses, c’est, au contraire, de laisser le Vietnam nous envahir et se rendre compte de quelle place il occupe dans notre vie de tous les jours, partout, et on se rend compte que le Vietnam n’est pas tout seul et que toute l’Afrique et toute l’Amérique du Sud… Et qu’il faut donc commencer par créer… […] Créer un Vietnam en nous. »
On peut par exemple se laisser envahir par ces films émis tels des SOS jetés dans des bouteilles à la mer dans des risques extrêmes, passant outre des filtres et censure des réseaux de télécommunication. En Lybie, les risques entrepris pour les émettre contrastent avec notre facilité à les recevoir ; il suffit de cliquer et de taper quelques mots clés pour accéder aux dernières images des révolutions/massacres, de surfer entre les films connectés les uns aux autres par des jeux d’association de mots clés, le tout dessinant une méta révolution en cours.
Voir aussi à ce sujet les articles La Figure dans le Paysage et Typographie 2.0 et Révolution 2.0.