Topographie anecdotée du skateboard
Topographie Anecdotée du skateboard (2008), film, 40′
Le documentaire de Raphaël Zarka intitulé Topographie anecdotée du skateboard (2008) “dresse l’inventaire des surfaces utilisées par les skateurs pour sublimer leur discipline. Inventé en Californie, le skateboard dissocie les formes urbaines de leurs fonctions, posant ainsi les bases d’un naturalisme des rues, terrains vagues et trottoirs. Raphaël Zarka observe ces détournements et les met en perspective : les piscines vides qui ont inspiré la création des skateparks possèdent les propriétés physiques des rampes cycloïdes issues de la mécanique galiléenne. Ici, les principes élémentaires de la dynamique passent d’une forme savante à l’usage populaire. Ainsi de la draisine, deux motos soudées « tête-bêche » en wagon de fortune, reproduite par l’artiste. Ce véhicule rudimentaire, originellement conçu pour évoluer sur le monorail de l’Aérotrain de l’ingénieur Bertin, apparaît comme la contre-forme du progrès, point de tension d’une vision futuriste qui ne se réalisera jamais.”
Ce film est une ode à la circulation joyeuse du corps dans l’espace, (tournant, voltigeant, sautant culbutant). Après les séances sur la caméra transportée, voici la caméra skateuse qui suit les skateurs accomplir différentes prouesses techniques. L’essentiel du film est dans une suite de mouvements et de travellings signant cette magnifique topologie anecdotée du skateboard. Le spectateur est littéralement à la place du skateur. Skateur ou pas, il le devient le temps du film jusque dans les envolées vers les sommets les plus hauts et vers les tours les plus rapides.
Dans ce film tout est mouvement. Le corps du skater s’ajuste au centre de sa planche en se fondant dans les mouvements du lieu. Le skater, comme le surfeur qui fait corps avec la vague, navigue dans l’environnement urbain. Il se faufile à travers les aléas des configurations spatiales, fuyant les aspérités et profitant des surfaces lisses en sautant les obstacles. Son obsession est de rechercher tout ce qui glisse en un mouvement continu. Virtuose et joueur de mobilier urbain, la ville se joue, de par son déplacement sur toutes les surfaces des plus planes aux plus complexes, comme les escaliers, les rampes, les couloirs, les tunnels de béton, etc.