Langage

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L’écrivain de Twitter. Le meilleur sans doute à ce jour : https://twitter.com/#!/regisjauffret

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Londres, Tate Modern.

Alors que protestations et pétitions se multiplient dans le monde après l’arrestation de Ai Weiwei, un texte de l’Agence Chine nouvelle (de l’État chinois), repris par le site china.org.cn (site officiel), tente de troubler ces soutiens en déclarant, précisément : « l’enquête de la police intensifie les controverses autour de l’artiste Ai Weiwei ».

Voici ce texte édifiant quant aux procédés, adaptés aux nouveaux médias, qu’emploie la propagande :

Chine : l’enquête de la police intensifie les controverses autour de l’artiste Ai Weiwei
L’artiste d’avant-garde Ai Weiwei, âgé de 54 ans, a toujours fait l’objet des controverses, non seulement dans le milieu artistique mais également aux yeux du grand public.
Ai Weiwei, dont le père était un poète moderne chinois d’une grande influence et aussi un révolutionnaire communiste proéminent, a suscité un grand débat après que la police de Beijing a annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête sur lui pour des crimes économiques.
Bien que la police n’ait pas révélé les détails, plusieurs accusations contre Ai Weiwei ont paru sur internet quelques heures après l’annonce de l’enquête par la police.
Ces déclarations, postées par des individus sur internet, accusent l’artiste de fraude fiscale, de plagiat et de monopolisation des fonds et des ressources dans le milieu des arts.
Aucune de ces déclarations n’a cependant été étudiée de façon indépendante.
Il a en particulier été accusé d’avoir volé l’idée d’un professeur pour avoir invité 1001 citoyens chinois à constituer une « exposition vivante » à la 12e Documenta de Kassel, en Allemagne en 2007.
« Bien que ce cas de plagiat soit largement reconnu chez les artistes, personne n’ose le dire à voix haute, parce que Ai Weiwei, grâce à son influence, est considéré comme incontestable dans le milieu des arts », a expliqué un écrivain renommé chinois Wang Shuo, dans son blog.
Le cas de Ai Weiwei n’est pas unique en Chine, un pays qui a déjà un système juridique moderne et qui traite un grand nombre de cas criminels par jour, a noté le Global Times, un journal affilié au Quotidien du Peuple.
Les oeuvres de Ai Weiwei, qui incluent la sculpture, la photographie, la performance artistique et l’architecture, ont été exposées dans plusieurs pays étrangers. Il a été nommé comme conseiller pour la conception du Stade national de Beijing, connu sous le nom de Nid d’oiseau, pour les Jeux Olympiques 2008.
Cependant, des artistes chinois qualifient souvent les oeuvres de Ai comme très médiocres. Certains le considèrent comme un « artiste amateur », dont les travaux ne font que « ressembler à des objets d’art ». Nombre d’entre eux pensent que Ai est loin de connaître le niveau de respect accordé à son père Ai Qing.
Ai Qing est un intellectuel gauchiste ayant fait des études en France. Il a été jeté en prison pour s’être opposé au parti au pouvoir à l’époque, le Kuomintang, dans les années 1930. Ai Qing a écrit un grand nombre de poèmes patriotiques pendant la guerre avant la fondation de la République populaire de Chine en 1949.
Les médias ont donné le titre de « fils rebelle de Ai Qing » à Ai Weiwei, parce que le fils Ai a des points de vue sur l’art très différents de ceux de son père et aussi parce qu’il a un style de vie excentrique.
Des amis et des proches de Ai Weiwei sont également embarrassés par son comportement fantaisiste.
L’artiste est devenu actif dans les affaires publiques ces dernières années. Il a été exposé de plus en plus aux médias ces deux dernières années et ses critiques contre le gouvernement sont devenues de plus en plus ouvertes et exagérées. Jusqu’à présent, les autorités n’ont pas précisé si les commentaires radicaux de Ai Weiwei allaient à l’encontre de la loi.
Agence de presse Xinhua     2011/04/10

http://french.china.org.cn/news/txt/2011-04/10/content_22322643.htm

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Tunisie, janvier 2011. Un pur exemple de l’emploi de la langue française et du caractère Arial (très proche de l’Helvetica).

C’est désormais une évidence, le numérique fait émerger des conditions radicalement inédites pour la politique et la société, principalement avec Internet et les réseaux sociaux. L’imprimante aussi, et la typographie numérique entre les mains de chacun. Dans les manifestations, les mouvements de protestation et de lutte, il y a, depuis quelques années, autre chose que les banderoles « collectives » : de simples feuilles imprimées tenues ou brandies par des individus, à mettre en relation avec les innombrables téléphones devenus appareils de saisie et de transmission d’images. Au fond, si les mots adoptent le support éminemment physique qu’est la feuille de papier, ce n’est qu’un passage pour rencontrer les corps, la rue, les lacrymogènes, pour s’incorporer à des sujets. Mais leur destin est de retourner à l’espace virtuel qui est leur théâtre d’opération « naturel ». Car il faut bien comprendre que le « virtuel » est tout aussi actif que son alter ego constitutif du réel : l’« actuel ». Qui plus est, qui irait prétendre que Facebook, Twitter, les ordinateurs, ne sont pas des opérateurs matériels. S’ils sont porteurs d’idées, d’appels, de mots d’ordre, ils ne sont pas moins matériels que des tracts ou messages transportés dangereusement par des agents de liaisons. S’il y a une nouveauté, chaque jour plus surprenante, c’est leur rapidité, leur synchronisme, leur ubiquité.

Liliane Terrier écrit dans son blog La figure dans le paysage (http://www.arpla.fr/canal2/figureblog/), le 21 février 2011 : Prolongeant cette fonction d’information dévolue à l’art, à l’ère du Web 2.0., si tant est qu’il perdure encore, on élira la forme particulière du post individuel (équivalent du A4 brandi dans les récentes manifestations dans les pays arabes) et du blog collectif (équivalent des manifestations donc) dans lequel il s’insère, comme une pratique artistique à part entière, puisqu’elle ressort de la pratique du livre d’artiste telle que décrite plus haut, qui fait art depuis 40 ans !


Manifestation dans la Kasbah de Tunis le 25 janvier 2011. [©cjb-Flickr] L’emploi effectif dans la joie de la manifestation et la version rouge sur blanc en Times, rattrapent le quasi snobisme « Comme des garçons » de la version blanc sur rouge en Helvetica/Arial,






Manifestants de la place Tahrir, Le Caire, les 7 et 8 février 2011. [©Joseph Hill-Nebedaay-Flickr]



Reconstitutions en typographie numérique des inscriptions (Times bold, Arial, Verdana).
Télécharger ces multiples d’AdNM/Éditions/Paris :
http://www.arpla.fr/canal20/adnm/wp-pdf/A4-Tunisie-Egypte.pdf

http://www.arpla.fr/canal20/adnm/wp-pdf/A4-Sorry.pdf

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Retour sur les vidéos du site de l’Armée de terre et sa campagne de recrutement « devenez-vous-meme.com ».
Revoir le montage vidéo dans le précédent article : http://www.arpla.fr/canal20/adnm/?p=2146

On remarque, dans une séquence consacrée à la formation aux transmissions (on reviendra prochainement sur le Morse), l’usage très surprenant d’une disquette (jaune, ci-dessous) qui a disparu du marché depuis plus de 10 ans. Est-ce pour tromper l’ennemi, pour ne pas dévoiler les récents perfectionnements des techniques de communication tactiques et stratégiques de l’armée française ? Est-ce un coup de nostalgie ou une protestation déguisée auprès de l’État pour obtenir des moyens modernes — le message écrit, d’évacuation sanitaire, où il est question d’un « malaise vagal », fait-il allusion au Président de la République ? Ou bien est-ce un choix du directeur artistique qui cherchait une touche de jaune, la couleur retenue pour faire contraste sur fond de camouflage, symbole de confiance en soi, de solidarité du groupe, de capacité à communiquer activement (le .com est en jaune) ?


Disquette de 3 pouces 1/2, 1,44 M°.

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Vendredi 19 février 2010, métro Nation, Paris. Affiche de la campagne de recrutement de l’Armée de terre. L’ensemble du graphisme s’inscrit dans le tissu de camouflage. Peut-être faut-il se camoufler pour se découvrir soi-même. Le site Internet de cette campagne dit : « On ne naît pas soldat, on le devient. » (Remerciements à Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe t.1, Gallimard © 1949, pp 285-286.)


« Cliquez ici pour continuer votre immersion ». Animation Flash du site : http://www.recrutement.terre.defense.gouv.fr/devenez-vous-meme

Bout à bout réalisé par nous de vidéos copiées sur le site, présentant huit militaires. Il se termine par : « Quand on est en vol, y’a pas vraiment de mots, c’est juste Whaou ! » Pour ce qui concerne les nouveaux médias, on notera la valorisation d’Internet pour la communication interactive et l’évidente référence aux jeux vidéo.


Lire aussi : « Le mystère de la disquette jaune » http://www.arpla.fr/canal20/adnm/?p=2179

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Vendredi 12 février 2010, 18h 15, hall de la galerie de l’École nationale supérieure des beaux-arts, Paris. Siu Lan Ko, artiste chinoise invitée de l’exposition Le week-end de sept jours, a vu son œuvre retirée de la façade de l’école. À l’heure du vernissage, elle est interviewée par des radios et télévisions, comme par de nombreux visiteurs. (photo JLB)
Détail du catalogue Le week-end de sept jours, Beaux-arts de Paris. L’œuvre de Siu Lan Ko consiste en deux banderoles recto-verso où sont inscrits les mots : gagner, moins, plus, travailler.

Un document AFP sur YouTube, 12 février 2010.

Le site de Siu Lan Ko : http://www.kosiulan.net/
Galerie : http://www.parisbeijingphotogallery.com/


Siu Lan Ko, Sign, 2008 On-going Project


Siu Lan Ko, Poetest, 3 Hour Durational Performance In  Memory of June Fourth, June 2009, Hong Kong, Video, Photo Documentation

« 1,500 pieces of A4 papers are placed on the road of Mongkok, one of the busiest area in Hong Kong. Feets tied, I jumped from paper to paper, each paper bears one Chinese character: 你 (you), 我 (me), 好 (good/very), 空 (empty/space), 發 (rich/explode). »


Siu Lan Ko, Poetest, 2009. Performance T Shirt

« The work explores using everyday body and its spontaneous actions to create a situation that borders performance, propaganda, poetry and daily life. Sets of words are printed individually in front of a T-shirt. The audiences are invited to participate in this work by a simple act- wearing the T-shirt. The words are: 你 (you), 我 (me), 好 (good/very), 空 (empty/space), 發 (rich/develop). Depending on the audience spontaneous action, sentences of poetry, joke, common sense, political statement, philosophy, biology, nonsense… will be created. A slippery web of meaning construction and deconstruction are created, representations and meanings are in constant flux. »

Sociologue de formation, ayant travaillé dans le développement rural et l’humanitaire, Siu Lan Ko est née à Xiamen, Chine et a grandi et étudié à Hong Kong. Depuis 2002, elle a réalisé de nombreuses performances, installations, œuvres de rue, à Pékin, à Hong Kong, à Paris, à Singapour, à Stockholm, à Bruxelles, au Danemark, en Israel, en Pologne, au Vietnam, en Corée, en Inde, en Thaïlande, etc. Ses propositions s’appuient sur le langage, directement (voir Sign, 2008,  Poetest, 2009, ci-dessus) ou indirectement (actions de rue telles que : All That Is Rose Melts Into Air, All That is White Flower Melt Into Air, 2008, 2009), en jouant sur la polysémie et la variation de l’assemblage des mots. La proposition pour Paris, « travailler, gagner, plus, moins » s’inscrit dans cette série.

À la question « L’utopie  est-elle toujours une préoccupation artistique aujourd’hui ? », Siu Lan Ko répond : « Je ne crois pas à l’utopie, je trouve l’utopie ennuyeuse, je ne crois pas aux idéaux, je crois au mouvement, aux changements, aux possibilités multiples, aux fossés, aux limites, aux hasards. » (Catalogue Le week-end de sept jours, Beaux-arts de Paris, 2010, pp. 6-7).

Note de l’éditeur de cet article, dimanche 14 février 2010  :

高小蘭, Ko Siu Lan
Selon l’usage chinois, le nom de l’artiste est Ko Siu Lan (nom de famille devant le prénom). Mais la personne elle-même, dans le contexte occidental, semble adopter Siu Lan Ko, comme le catalogue, qui emploie également Ko Siu Lan, mais aussi Siulan Ko (le prénom étant rassemblé, comme c’est aussi la pratique de la transcription pinyin). À ce propos, en pinyin, le nom 高小蘭 s’écrit : Gāo Xiǎolán.
Cherchant récemment les ouvrages consacrés à Ai Weiwei, dans l’une des plus grandes librairies d’art du monde, Walther König à Berlin, je les ai trouvés pour une part à la lettre A, pour l’autre à la lettre W.
Citation : « Certains médias, dont des bien en vu, en sont à ignorer qu’en Asie, le nom de famille se place en premier devant le prénom. » Anne Cheng, 11 décembre 2008, Leçon inaugurale du Collège de France.

Maintenant que les choses rentrent d’en l’ordre (le ministre de la culture ayant eu des mots en faveur d’un ré-accrochage de l’œuvre sur la façade des Beaux-Arts, quai Malaquais), on pouvait s’attacher à l’ordre des mots (mots d’ordre ?) et des caractères, s’inspirant en cela de l’œuvre elle-même : « travailler moins pour gagner plus », par exemple.



Dimanche 14 février 2010, 15h. L’artiste est venue photographier ses bannières réinstallées la veille.

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Arts des nouveaux médias. Préparation du séminaire du 16 février 2010. Mariina Bakic


J.L. Austin, Quand dire, c’est faire, Seui.

Quand dire, c’est faire, la théorie des actes de langage de John L. Austin opère loin du cadre concerné par la discipline de ma recherche, auquel celle-ci se rapporte pourtant. Le performatif est une qualité du langage ordinaire, tandis que l’art un artifice des moins ordinaires. Pourtant, à travers la lecture spécifique aux œuvres de l’iconographie de cette thèse, il se révèle que la lecture actée en art possède des qualités performatives, qui sont mobilisées par la possibilité d’inscription de cette lecture à l’œuvre.
« Le performatif dans l’art contemporain » est une incursion dans les composantes linguistiques de l’esthétique. Le regard posé sur ces dispositifs analysés possède des attributs actées et fait appel à de nombreuses dimensions de l’énonciation, tant dans l’expression de la déictique  que dans les postures spécifiques qui s’imposent à la lecture en offrant des qualités verbales aux formes. Le prestige, auquel aspire cette lecture, bouscule la causalité linéaire; un paradigme de l’interactivité, dont la banalisation des pratiques ne saurait diminuer la capacité de ce médium à faire converger une certaine magie irrationnelle dans le pragmatisme calculé.


Tino Sehgal, His Is So Contemporary.


Pierre Bismuth, Certificat d’authenticité.


Golan Levin et Zach Lieberman, Messa di Voce.
Voir : http://www.tmema.org/messa/messa.html

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