Ai Weiwei, Fairytale Dormitory, 2007, Documenta 12. Chaque chambre de toile comprend 10 lits. (Photo JLB)
12 avril 2011. L’agence de presse chinoise officielle Xinhua rapporte plusieurs rumeurs contre Ai Weiwei. On l’accuse de plagiat à propos du projet Conte de Fée produit à la Documenta de 2007. Il s’agissait de faire venir à Kassel 1001 citoyens chinois. Xinhua suggère que l’idée aurait été volée à un professeur de l’Académie des Beaux Arts de Xi’an. Le journal anglais Guardian a demandé à ce professeur, Yue Luqing, son avis sur Ai Weiwei et sur ce « plagiat ». « J’espère qu’il est sain et sauf, où qu’il soit », a-t-il répondu. « Je sais qu’il n’était pas en bonne santé. J’ai prêté attention à ce qu’il a fait toutes ces années, et je m’identifie à lui ». Il a déclaré en outre : « j’aimerais clarifier un fait : je n’ai jamais dit que Ai Weiwei avait plagié mon travail. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de le poursuivre, et je n’en ai pas l’intention. Dans le monde des arts, on constate parfois des collisions d’idées ».
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Alors que protestations et pétitions se multiplient dans le monde après l’arrestation de Ai Weiwei, un texte de l’Agence Chine nouvelle (de l’État chinois), repris par le site china.org.cn (site officiel), tente de troubler ces soutiens en déclarant, précisément : « l’enquête de la police intensifie les controverses autour de l’artiste Ai Weiwei ».
Voici ce texte édifiant quant aux procédés, adaptés aux nouveaux médias, qu’emploie la propagande :
Chine : l’enquête de la police intensifie les controverses autour de l’artiste Ai Weiwei
L’artiste d’avant-garde Ai Weiwei, âgé de 54 ans, a toujours fait l’objet des controverses, non seulement dans le milieu artistique mais également aux yeux du grand public.
Ai Weiwei, dont le père était un poète moderne chinois d’une grande influence et aussi un révolutionnaire communiste proéminent, a suscité un grand débat après que la police de Beijing a annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête sur lui pour des crimes économiques.
Bien que la police n’ait pas révélé les détails, plusieurs accusations contre Ai Weiwei ont paru sur internet quelques heures après l’annonce de l’enquête par la police.
Ces déclarations, postées par des individus sur internet, accusent l’artiste de fraude fiscale, de plagiat et de monopolisation des fonds et des ressources dans le milieu des arts.
Aucune de ces déclarations n’a cependant été étudiée de façon indépendante.
Il a en particulier été accusé d’avoir volé l’idée d’un professeur pour avoir invité 1001 citoyens chinois à constituer une « exposition vivante » à la 12e Documenta de Kassel, en Allemagne en 2007.
« Bien que ce cas de plagiat soit largement reconnu chez les artistes, personne n’ose le dire à voix haute, parce que Ai Weiwei, grâce à son influence, est considéré comme incontestable dans le milieu des arts », a expliqué un écrivain renommé chinois Wang Shuo, dans son blog.
Le cas de Ai Weiwei n’est pas unique en Chine, un pays qui a déjà un système juridique moderne et qui traite un grand nombre de cas criminels par jour, a noté le Global Times, un journal affilié au Quotidien du Peuple.
Les oeuvres de Ai Weiwei, qui incluent la sculpture, la photographie, la performance artistique et l’architecture, ont été exposées dans plusieurs pays étrangers. Il a été nommé comme conseiller pour la conception du Stade national de Beijing, connu sous le nom de Nid d’oiseau, pour les Jeux Olympiques 2008.
Cependant, des artistes chinois qualifient souvent les oeuvres de Ai comme très médiocres. Certains le considèrent comme un « artiste amateur », dont les travaux ne font que « ressembler à des objets d’art ». Nombre d’entre eux pensent que Ai est loin de connaître le niveau de respect accordé à son père Ai Qing.
Ai Qing est un intellectuel gauchiste ayant fait des études en France. Il a été jeté en prison pour s’être opposé au parti au pouvoir à l’époque, le Kuomintang, dans les années 1930. Ai Qing a écrit un grand nombre de poèmes patriotiques pendant la guerre avant la fondation de la République populaire de Chine en 1949.
Les médias ont donné le titre de « fils rebelle de Ai Qing » à Ai Weiwei, parce que le fils Ai a des points de vue sur l’art très différents de ceux de son père et aussi parce qu’il a un style de vie excentrique.
Des amis et des proches de Ai Weiwei sont également embarrassés par son comportement fantaisiste.
L’artiste est devenu actif dans les affaires publiques ces dernières années. Il a été exposé de plus en plus aux médias ces deux dernières années et ses critiques contre le gouvernement sont devenues de plus en plus ouvertes et exagérées. Jusqu’à présent, les autorités n’ont pas précisé si les commentaires radicaux de Ai Weiwei allaient à l’encontre de la loi.
Agence de presse Xinhua 2011/04/10
http://french.china.org.cn/news/txt/2011-04/10/content_22322643.htm
Résumé et prolongements.
Dimanche 3 avril , Ai Weiwei (艾未未), artiste, architecte, designer, artiste du Web et de Twitter est arrêté à l’aéroport de pékin alors qu’il compte se rendre à Hong Kong. Son domicile et son atelier sont perquisitionnés. La police ne communique pas le motif de cette arrestation.
Lundi 4 avril 2011. La France demande la libération de l’artiste. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères : « Nous sommes préoccupés par le sort de l’artiste militant Ai Weiwei, et nous suivons sa situation, ainsi que celle de ses proches, avec la plus grande attention. Nous espérons qu’il sera libéré au plus tôt ». L’Allemagne, les États-Unis, Taïwan font de même.
Dimanche 3 avril, toute référence à l’interpellation d’Ai Weiwei a été « harmonisée », selon le mot ironique qui désigne la censure, sur la plateforme Sina, principal portail sur le Web chinois, qui compte des dizaines de millions d’inscrits. Lorsque les télévisions étrangères diffusées en Chine évoquent la disparition de l’artiste, l’écran devient noir, comme à chaque fois qu’un sujet sensible concernant de près ou de loin la politique de Pékin est traité.Dans son blog très suivi – et souvent censuré – il diffuse de petits films et délivre des commentaires acerbes sur la classe politique. Ce blog a été récemment fermé. Pendant longtemps, pour diffuser ses messages contestataires, Ai Weiwei a été protégé par le statut de son père — Ai Qing, célèbre poète, membre du Parti communiste, envoyé néanmoins en camps de travail avant d’être réhabilité — et par sa notoriété internationale. Il a participé à l’équipe qui a conçu le stade olympique de Pékin, le « Nid d’oiseau » (Herzog et De Meuron). Il a été invité en 2007 à la Documenta de Kassel, expose en 2011 à la Tate Modern de Londres, et prépare une exposition pour le Jeu de Paume à Paris. En juin 2009, Ai Weiwei, lance une enquête et une campagne pour dénoncer sur les écoles mal construites, à l’origine de la mort d’un très grand nombre d’élèves lors du tremblement de terre du Sichuan en 2008, qui a tué plus de 87 000 personnes. S’étant rendu à Chengdu pour témoigner au procès de Tan Zuoren, un militant des droits de l’homme qui a entrepris comme lui de répertorier sur un blog les victimes des écoles, il est frappé par la police et, quelques semaines plus tard, lors de son séjour à Munich pour une exposition, il doit subir une opération du crâne qu’il met médiatiquement en scène.
En Chine, les 30 000 cyberpoliciers ne sont pas assez nombreux, ni assez calés pour faire régner un tel ordre sur le Net. Leur « grand pare-feu » censé protéger la Toile, est sans cesse attaqué. Un mode d’emploi pour le contourner est disponible sur Wikipedia. Ai Weiwei se sert également de Twitter, bien que le site de microblogging américain soit bloqué en Chine. Il déclare : « Les médias traditionnels n’ont pas changé ou peu, mais avec Internet il n’est plus possible de tout cacher. C’est un outil d’une incroyable puissance. »
记得元旦时与艾未未对话,我还明确地认为,像艾未未冉云飞这样不党不群的单干户,当局不太好下手,所以应该比较安全;如今 看来,北非事态改变了这一态势,有人要提前动手,以免再出现一个乃至更多个刘晓波。可是,没有刘晓波们就万事大吉了吗?15h11, le 4 avril
Je me rappelle avoir parlé avec Ai Weiwei durant le réveillon du Nouvel An. Je disais que les autorités auraient des difficultés à appréhender des personnes telles que Ai Weiwei et Ran Yunfei, qui agissent individuellement et ne sont rattachés à aucun parti. Ils sont en sécurité. Aujourd’hui, les évènements en Afrique du Nord ont tout changé. Il faut agir rapidement, afin de prévenir l’émergence d’un nouveau Liu Xiaobo. Toutefois, suffit-il d’éliminer les sympathisants de Liu Xiaobo pour affirmer que tout est au mieux ?
Mo Zhixu, écrivain et critique, dans un tweet du 4 avril à 15h11.Jeudi 7 avril 2011, peu après minuit, mercredi, l’agence de presse officielle chinoise Xinhua diffuse un court communiqué indiquant que l’artiste Ai Weiwei, détenu depuis dimanche, est suspecté de « crimes économiques ». Xinhua ne donne pas plus de détails mais la protection dont jouissait jusqu’à présent l’artiste semble bien terminée.
Rédigé d’après divers articles et notamment ceux de Pierre Haski, Rue89 et La Chine aujourd’hui : http://www.rue89.com/chinatown/2011/04/07/lartiste-chinois-ai-weiwei-accuse-de-crimes-economiques-198894
Pour notre compréhension, voici l’éditorial publié par le journal chinois (pro-gouvernemental) Global Times le 6 avril 2011, à propos de l’arrestation de Ai Weiwei :
Law will not concede before maverick (« La loi ne cédera pas devant un franc-tireur »)
Source: Global Times [08:27 April 06 2011]
Ai Weiwei, known as an avant-garde artist, was said to have been detained recently. Some Western governments and human rights institutions soon called for the immediate release of Ai Weiwei, claiming it to be China’s « human rights deterioration » while regarding Ai Weiwei as « China’s human rights fighter. »
It is reckless collision against China’s basic political framework and ignorance of China’s judicial sovereignty to exaggerate a specific case in China and attack China with fierce comments before finding out the truth. The West’s behavior aims at disrupting the attention of Chinese society and attempts to modify the value system of the Chinese people.
Ai Weiwei is an activist. As a maverick of Chinese society, he likes « surprising speech » and « surprising behavior. » He also likes to do something ambiguous in law. On April 1, he went to Taiwan via Hong Kong. But it was reported his departure procedures were incomplete.
Ai Weiwei likes to do something « others dare not do. » He has been close to the red line of Chinese law. Objectively speaking, Chinese society does not have much experience in dealing with such persons. However, as long as Ai Weiwei continuously marches forward, he will inevitably touch the red line one day.
In such a populous country as China, it is normal to have several people like Ai Weiwei. But it is also normal to control their behaviors by law. In China, it is impossible to have no persons like Ai Weiwei or no « red line » for them in law.
The West ignored the complexity of China’s running judicial environment and the characteristics of Ai Weiwei’s individual behavior. They simply described it as China’s « human rights suppression. »
« Human rights » have really become the paint of Western politicians and the media, with which they are wiping off the fact in this world.
« Human rights » are seen as incompatible things with China’s great economic and social progress by the West. It is really a big joke. Chinese livelihood is developing, the public opinion no longer follows the same pattern all the time and « social justice » has been widely discussed. Can these be denied? The experience of Ai Weiwei and other mavericks cannot be placed on the same scale as China’s human rights development and progress.
Ai Weiwei chooses to have a different attitude from ordinary people toward law. However, the law will not concede before « mavericks » just because of the Western media’s criticism.
Ai Weiwei will be judged by history, but he will pay a price for his special choice, which is the same in any society. China as a whole is progressing and no one has power to make a nation try to adapt to his personal likes and dislikes, which is different from whether rights of the minority are respected.
http://en.huanqiu.com/opinion/editorial/2011-04/641187.html
Pour mémoire :
Copie d’écran faite à Pékin le dimanche 25 octobre 2009.
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(Photos JLB)
On pouvait malgré tout, ici à l’Apple Store de Pékin, (dans la circonstance, par l’intermédiaire du blog du Monde), trouver cette photo pour l’inclure incognito dans l’album iPhoto en démonstration, le 26 octobre 2009.
Vidéo : 11mn 38s.
Voir : http://www.youtube.com/user/TEDtalksDirector
Lundi 4 avril 2011
Ai Weiwei (dr)
http://chine.aujourdhuilemonde.com/la-france-demande-la-liberation-dai-weiwei
La France demande la libération de l’artiste Ai Weiwei, selon Bernard Valero, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
« Nous sommes préoccupés par le sort de l’artiste militant, Ai Weiwei, et nous suivons sa situation, ainsi que celle de ses proches, avec la plus grande attention. Nous espérons qu’il sera libéré au plus tôt ».
L’artiste a été arreté dimanche alors qu’il comptait se rendre à Hong Kong. Son domicile et son atelier ont été perquisitionnés. La police n’a pas encore communiqué le motif de cette arrestation.
Lorsque les télévisions étrangères diffusées en Chine évoquent la disparition de l’artiste, l’écran devient noir, comme à chaque fois qu’un sujet sensible concernant de près ou de loin la politique de Pékin est traité.
Voir sur ce blog AdNM : http://www.arpla.fr/canal20/adnm/?p=1464
Voir Frontline : http://www.youtube.com/watch?v=tFDtMVlJCHI&hd=1
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艾未未专题纪录片(Ai Weiwei, Without Fear or Favor). Documentaire de la BBC : http://www.youtube.com/watch?v=gcRodOfu_s8