Alors que protestations et pétitions se multiplient dans le monde après l’arrestation de Ai Weiwei, un texte de l’Agence Chine nouvelle (de l’État chinois), repris par le site china.org.cn (site officiel), tente de troubler ces soutiens en déclarant, précisément : « l’enquête de la police intensifie les controverses autour de l’artiste Ai Weiwei ».
Voici ce texte édifiant quant aux procédés, adaptés aux nouveaux médias, qu’emploie la propagande :
Chine : l’enquête de la police intensifie les controverses autour de l’artiste Ai Weiwei
L’artiste d’avant-garde Ai Weiwei, âgé de 54 ans, a toujours fait l’objet des controverses, non seulement dans le milieu artistique mais également aux yeux du grand public.
Ai Weiwei, dont le père était un poète moderne chinois d’une grande influence et aussi un révolutionnaire communiste proéminent, a suscité un grand débat après que la police de Beijing a annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête sur lui pour des crimes économiques.
Bien que la police n’ait pas révélé les détails, plusieurs accusations contre Ai Weiwei ont paru sur internet quelques heures après l’annonce de l’enquête par la police.
Ces déclarations, postées par des individus sur internet, accusent l’artiste de fraude fiscale, de plagiat et de monopolisation des fonds et des ressources dans le milieu des arts.
Aucune de ces déclarations n’a cependant été étudiée de façon indépendante.
Il a en particulier été accusé d’avoir volé l’idée d’un professeur pour avoir invité 1001 citoyens chinois à constituer une « exposition vivante » à la 12e Documenta de Kassel, en Allemagne en 2007.
« Bien que ce cas de plagiat soit largement reconnu chez les artistes, personne n’ose le dire à voix haute, parce que Ai Weiwei, grâce à son influence, est considéré comme incontestable dans le milieu des arts », a expliqué un écrivain renommé chinois Wang Shuo, dans son blog.
Le cas de Ai Weiwei n’est pas unique en Chine, un pays qui a déjà un système juridique moderne et qui traite un grand nombre de cas criminels par jour, a noté le Global Times, un journal affilié au Quotidien du Peuple.
Les oeuvres de Ai Weiwei, qui incluent la sculpture, la photographie, la performance artistique et l’architecture, ont été exposées dans plusieurs pays étrangers. Il a été nommé comme conseiller pour la conception du Stade national de Beijing, connu sous le nom de Nid d’oiseau, pour les Jeux Olympiques 2008.
Cependant, des artistes chinois qualifient souvent les oeuvres de Ai comme très médiocres. Certains le considèrent comme un « artiste amateur », dont les travaux ne font que « ressembler à des objets d’art ». Nombre d’entre eux pensent que Ai est loin de connaître le niveau de respect accordé à son père Ai Qing.
Ai Qing est un intellectuel gauchiste ayant fait des études en France. Il a été jeté en prison pour s’être opposé au parti au pouvoir à l’époque, le Kuomintang, dans les années 1930. Ai Qing a écrit un grand nombre de poèmes patriotiques pendant la guerre avant la fondation de la République populaire de Chine en 1949.
Les médias ont donné le titre de « fils rebelle de Ai Qing » à Ai Weiwei, parce que le fils Ai a des points de vue sur l’art très différents de ceux de son père et aussi parce qu’il a un style de vie excentrique.
Des amis et des proches de Ai Weiwei sont également embarrassés par son comportement fantaisiste.
L’artiste est devenu actif dans les affaires publiques ces dernières années. Il a été exposé de plus en plus aux médias ces deux dernières années et ses critiques contre le gouvernement sont devenues de plus en plus ouvertes et exagérées. Jusqu’à présent, les autorités n’ont pas précisé si les commentaires radicaux de Ai Weiwei allaient à l’encontre de la loi.
Agence de presse Xinhua 2011/04/10
http://french.china.org.cn/news/txt/2011-04/10/content_22322643.htm