Retour sur les vidéos du site de l’Armée de terre et sa campagne de recrutement « devenez-vous-meme.com ».
Revoir le montage vidéo dans le précédent article : http://www.arpla.fr/canal20/adnm/?p=2146
On remarque, dans une séquence consacrée à la formation aux transmissions (on reviendra prochainement sur le Morse), l’usage très surprenant d’une disquette (jaune, ci-dessous) qui a disparu du marché depuis plus de 10 ans. Est-ce pour tromper l’ennemi, pour ne pas dévoiler les récents perfectionnements des techniques de communication tactiques et stratégiques de l’armée française ? Est-ce un coup de nostalgie ou une protestation déguisée auprès de l’État pour obtenir des moyens modernes — le message écrit, d’évacuation sanitaire, où il est question d’un « malaise vagal », fait-il allusion au Président de la République ? Ou bien est-ce un choix du directeur artistique qui cherchait une touche de jaune, la couleur retenue pour faire contraste sur fond de camouflage, symbole de confiance en soi, de solidarité du groupe, de capacité à communiquer activement (le .com est en jaune) ?
Bout à bout réalisé par nous de vidéos copiées sur le site, présentant huit militaires. Il se termine par : « Quand on est en vol, y’a pas vraiment de mots, c’est juste Whaou ! » Pour ce qui concerne les nouveaux médias, on notera la valorisation d’Internet pour la communication interactive et l’évidente référence aux jeux vidéo.
Vendredi 12 février 2010, 18h 15, hall de la galerie de l’École nationale supérieure des beaux-arts, Paris. Siu Lan Ko, artiste chinoise invitée de l’exposition Le week-end de sept jours, a vu son œuvre retirée de la façade de l’école. À l’heure du vernissage, elle est interviewée par des radios et télévisions, comme par de nombreux visiteurs. (photo JLB)
Détail du catalogue Le week-end de sept jours, Beaux-arts de Paris. L’œuvre de Siu Lan Ko consiste en deux banderoles recto-verso où sont inscrits les mots : gagner, moins, plus, travailler.
Siu Lan Ko, Poetest, 3 Hour Durational Performance In Memory of June Fourth, June 2009, Hong Kong, Video, Photo Documentation
« 1,500 pieces of A4 papers are placed on the road of Mongkok, one of the busiest area in Hong Kong. Feets tied, I jumped from paper to paper, each paper bears one Chinese character: 你 (you), 我 (me), 好 (good/very), 空 (empty/space), 發 (rich/explode). »
Siu Lan Ko, Poetest, 2009. Performance T Shirt
« The work explores using everyday body and its spontaneous actions to create a situation that borders performance, propaganda, poetry and daily life. Sets of words are printed individually in front of a T-shirt. The audiences are invited to participate in this work by a simple act- wearing the T-shirt. The words are: 你 (you), 我 (me), 好 (good/very), 空 (empty/space), 發 (rich/develop). Depending on the audience spontaneous action, sentences of poetry, joke, common sense, political statement, philosophy, biology, nonsense… will be created. A slippery web of meaning construction and deconstruction are created, representations and meanings are in constant flux. »
Sociologue de formation, ayant travaillé dans le développement rural et l’humanitaire, Siu Lan Ko est née à Xiamen, Chine et a grandi et étudié à Hong Kong. Depuis 2002, elle a réalisé de nombreuses performances, installations, œuvres de rue, à Pékin, à Hong Kong, à Paris, à Singapour, à Stockholm, à Bruxelles, au Danemark, en Israel, en Pologne, au Vietnam, en Corée, en Inde, en Thaïlande, etc. Ses propositions s’appuient sur le langage, directement (voir Sign, 2008, Poetest, 2009, ci-dessus) ou indirectement (actions de rue telles que : All That Is Rose Melts Into Air, All That is White Flower Melt Into Air, 2008, 2009), en jouant sur la polysémie et la variation de l’assemblage des mots. La proposition pour Paris, « travailler, gagner, plus, moins » s’inscrit dans cette série.
À la question « L’utopie est-elle toujours une préoccupation artistique aujourd’hui ? », Siu Lan Ko répond : « Je ne crois pas à l’utopie, je trouve l’utopie ennuyeuse, je ne crois pas aux idéaux, je crois au mouvement, aux changements, aux possibilités multiples, aux fossés, aux limites, aux hasards. » (Catalogue Le week-end de sept jours, Beaux-arts de Paris, 2010, pp. 6-7).
Note de l’éditeur de cet article, dimanche 14 février 2010 :
高小蘭, Ko Siu Lan
Selon l’usage chinois, le nom de l’artiste est Ko Siu Lan (nom de famille devant le prénom). Mais la personne elle-même, dans le contexte occidental, semble adopter Siu Lan Ko, comme le catalogue, qui emploie également Ko Siu Lan, mais aussi Siulan Ko (le prénom étant rassemblé, comme c’est aussi la pratique de la transcription pinyin). À ce propos, en pinyin, le nom 高小蘭 s’écrit : Gāo Xiǎolán.
Cherchant récemment les ouvrages consacrés à Ai Weiwei, dans l’une des plus grandes librairies d’art du monde, Walther König à Berlin, je les ai trouvés pour une part à la lettre A, pour l’autre à la lettre W.
Citation : « Certains médias, dont des bien en vu, en sont à ignorer qu’en Asie, le nom de famille se place en premier devant le prénom. » Anne Cheng, 11 décembre 2008, Leçon inaugurale du Collège de France.
Maintenant que les choses rentrent d’en l’ordre (le ministre de la culture ayant eu des mots en faveur d’un ré-accrochage de l’œuvre sur la façade des Beaux-Arts, quai Malaquais), on pouvait s’attacher à l’ordre des mots (mots d’ordre ?) et des caractères, s’inspirant en cela de l’œuvre elle-même : « travailler moins pour gagner plus », par exemple.
Dimanche 14 février 2010, 15h. L’artiste est venue photographier ses bannières réinstallées la veille.
Arts des nouveaux médias. Préparation du séminaire du 16 février 2010. Mariina Bakic
J.L. Austin, Quand dire, c’est faire, Seui.
Quand dire, c’est faire, la théorie des actes de langage de John L. Austin opère loin du cadre concerné par la discipline de ma recherche, auquel celle-ci se rapporte pourtant. Le performatif est une qualité du langage ordinaire, tandis que l’art un artifice des moins ordinaires. Pourtant, à travers la lecture spécifique aux œuvres de l’iconographie de cette thèse, il se révèle que la lecture actée en art possède des qualités performatives, qui sont mobilisées par la possibilité d’inscription de cette lecture à l’œuvre.
« Le performatif dans l’art contemporain » est une incursion dans les composantes linguistiques de l’esthétique. Le regard posé sur ces dispositifs analysés possède des attributs actées et fait appel à de nombreuses dimensions de l’énonciation, tant dans l’expression de la déictique que dans les postures spécifiques qui s’imposent à la lecture en offrant des qualités verbales aux formes. Le prestige, auquel aspire cette lecture, bouscule la causalité linéaire; un paradigme de l’interactivité, dont la banalisation des pratiques ne saurait diminuer la capacité de ce médium à faire converger une certaine magie irrationnelle dans le pragmatisme calculé.