Résumé et prolongements.
Dimanche 3 avril , Ai Weiwei (艾未未), artiste, architecte, designer, artiste du Web et de Twitter est arrêté à l’aéroport de pékin alors qu’il compte se rendre à Hong Kong. Son domicile et son atelier sont perquisitionnés. La police ne communique pas le motif de cette arrestation.
Lundi 4 avril 2011. La France demande la libération de l’artiste. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères : « Nous sommes préoccupés par le sort de l’artiste militant Ai Weiwei, et nous suivons sa situation, ainsi que celle de ses proches, avec la plus grande attention. Nous espérons qu’il sera libéré au plus tôt ». L’Allemagne, les États-Unis, Taïwan font de même.
Dimanche 3 avril, toute référence à l’interpellation d’Ai Weiwei a été « harmonisée », selon le mot ironique qui désigne la censure, sur la plateforme Sina, principal portail sur le Web chinois, qui compte des dizaines de millions d’inscrits. Lorsque les télévisions étrangères diffusées en Chine évoquent la disparition de l’artiste, l’écran devient noir, comme à chaque fois qu’un sujet sensible concernant de près ou de loin la politique de Pékin est traité.Dans son blog très suivi – et souvent censuré – il diffuse de petits films et délivre des commentaires acerbes sur la classe politique. Ce blog a été récemment fermé. Pendant longtemps, pour diffuser ses messages contestataires, Ai Weiwei a été protégé par le statut de son père — Ai Qing, célèbre poète, membre du Parti communiste, envoyé néanmoins en camps de travail avant d’être réhabilité — et par sa notoriété internationale. Il a participé à l’équipe qui a conçu le stade olympique de Pékin, le « Nid d’oiseau » (Herzog et De Meuron). Il a été invité en 2007 à la Documenta de Kassel, expose en 2011 à la Tate Modern de Londres, et prépare une exposition pour le Jeu de Paume à Paris. En juin 2009, Ai Weiwei, lance une enquête et une campagne pour dénoncer sur les écoles mal construites, à l’origine de la mort d’un très grand nombre d’élèves lors du tremblement de terre du Sichuan en 2008, qui a tué plus de 87 000 personnes. S’étant rendu à Chengdu pour témoigner au procès de Tan Zuoren, un militant des droits de l’homme qui a entrepris comme lui de répertorier sur un blog les victimes des écoles, il est frappé par la police et, quelques semaines plus tard, lors de son séjour à Munich pour une exposition, il doit subir une opération du crâne qu’il met médiatiquement en scène.
En Chine, les 30 000 cyberpoliciers ne sont pas assez nombreux, ni assez calés pour faire régner un tel ordre sur le Net. Leur « grand pare-feu » censé protéger la Toile, est sans cesse attaqué. Un mode d’emploi pour le contourner est disponible sur Wikipedia. Ai Weiwei se sert également de Twitter, bien que le site de microblogging américain soit bloqué en Chine. Il déclare : « Les médias traditionnels n’ont pas changé ou peu, mais avec Internet il n’est plus possible de tout cacher. C’est un outil d’une incroyable puissance. »
记得元旦时与艾未未对话,我还明确地认为,像艾未未冉云飞这样不党不群的单干户,当局不太好下手,所以应该比较安全;如今 看来,北非事态改变了这一态势,有人要提前动手,以免再出现一个乃至更多个刘晓波。可是,没有刘晓波们就万事大吉了吗?15h11, le 4 avril
Je me rappelle avoir parlé avec Ai Weiwei durant le réveillon du Nouvel An. Je disais que les autorités auraient des difficultés à appréhender des personnes telles que Ai Weiwei et Ran Yunfei, qui agissent individuellement et ne sont rattachés à aucun parti. Ils sont en sécurité. Aujourd’hui, les évènements en Afrique du Nord ont tout changé. Il faut agir rapidement, afin de prévenir l’émergence d’un nouveau Liu Xiaobo. Toutefois, suffit-il d’éliminer les sympathisants de Liu Xiaobo pour affirmer que tout est au mieux ?
Mo Zhixu, écrivain et critique, dans un tweet du 4 avril à 15h11.Jeudi 7 avril 2011, peu après minuit, mercredi, l’agence de presse officielle chinoise Xinhua diffuse un court communiqué indiquant que l’artiste Ai Weiwei, détenu depuis dimanche, est suspecté de « crimes économiques ». Xinhua ne donne pas plus de détails mais la protection dont jouissait jusqu’à présent l’artiste semble bien terminée.
Rédigé d’après divers articles et notamment ceux de Pierre Haski, Rue89 et La Chine aujourd’hui : http://www.rue89.com/chinatown/2011/04/07/lartiste-chinois-ai-weiwei-accuse-de-crimes-economiques-198894
Pour notre compréhension, voici l’éditorial publié par le journal chinois (pro-gouvernemental) Global Times le 6 avril 2011, à propos de l’arrestation de Ai Weiwei :
Law will not concede before maverick (« La loi ne cédera pas devant un franc-tireur »)
Source: Global Times [08:27 April 06 2011]
Ai Weiwei, known as an avant-garde artist, was said to have been detained recently. Some Western governments and human rights institutions soon called for the immediate release of Ai Weiwei, claiming it to be China’s « human rights deterioration » while regarding Ai Weiwei as « China’s human rights fighter. »
It is reckless collision against China’s basic political framework and ignorance of China’s judicial sovereignty to exaggerate a specific case in China and attack China with fierce comments before finding out the truth. The West’s behavior aims at disrupting the attention of Chinese society and attempts to modify the value system of the Chinese people.
Ai Weiwei is an activist. As a maverick of Chinese society, he likes « surprising speech » and « surprising behavior. » He also likes to do something ambiguous in law. On April 1, he went to Taiwan via Hong Kong. But it was reported his departure procedures were incomplete.
Ai Weiwei likes to do something « others dare not do. » He has been close to the red line of Chinese law. Objectively speaking, Chinese society does not have much experience in dealing with such persons. However, as long as Ai Weiwei continuously marches forward, he will inevitably touch the red line one day.
In such a populous country as China, it is normal to have several people like Ai Weiwei. But it is also normal to control their behaviors by law. In China, it is impossible to have no persons like Ai Weiwei or no « red line » for them in law.
The West ignored the complexity of China’s running judicial environment and the characteristics of Ai Weiwei’s individual behavior. They simply described it as China’s « human rights suppression. »
« Human rights » have really become the paint of Western politicians and the media, with which they are wiping off the fact in this world.
« Human rights » are seen as incompatible things with China’s great economic and social progress by the West. It is really a big joke. Chinese livelihood is developing, the public opinion no longer follows the same pattern all the time and « social justice » has been widely discussed. Can these be denied? The experience of Ai Weiwei and other mavericks cannot be placed on the same scale as China’s human rights development and progress.
Ai Weiwei chooses to have a different attitude from ordinary people toward law. However, the law will not concede before « mavericks » just because of the Western media’s criticism.
Ai Weiwei will be judged by history, but he will pay a price for his special choice, which is the same in any society. China as a whole is progressing and no one has power to make a nation try to adapt to his personal likes and dislikes, which is different from whether rights of the minority are respected.
http://en.huanqiu.com/opinion/editorial/2011-04/641187.html
Pour mémoire :
Copie d’écran faite à Pékin le dimanche 25 octobre 2009.
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(Photos JLB)
On pouvait malgré tout, ici à l’Apple Store de Pékin, (dans la circonstance, par l’intermédiaire du blog du Monde), trouver cette photo pour l’inclure incognito dans l’album iPhoto en démonstration, le 26 octobre 2009.