Les Immatériaux. Lumière matière et matériau
Quand, en 1984 au Centre Pompidou, Jean-François Lyotard est appelé à prendre la direction intellectuelle d’une exposition prévue sur le thème «matériaux nouveaux et création», il entend mettre en question chacun de ces trois termes en la nommant Les Immatériaux et en proposant d’agencer l’exposition selon cinq mots-thèmes —matériau, matière, matrice, matériel, maternité*:
Le sujet de l’exposition est analysé comme «un questionnement sur l’homme et son environnement auquel l’évolution des technosciences et des modes de vie induits nous confrontent à l’aube du 21e siècle». Pour Lyotard, «de nouveaux genres apparaissent reposant sur les nouvelles technologies». Les nouvelles technologies, qui sont des «substituts d’opérations mentales et non plus physiques», obligent à des réévaluations et des redéfinitions. Le cadre général de réflexion de l’exposition —qui sera, dit Lyotard, «de conception philosophique»— est celui de la fin de la modernité (ou de l’avènement de la postmodernité): à l’ancien credo qui consistait pour les humains à «se rendre maîtres et possesseurs de la «nature», succède un état de fait où ce rapport est perturbé «du fait des ‘nouveaux matériaux’» qui sont en fait des Immatériaux car ils sont pour la plupart «engendrés par les technosciences informatiques ou électroniques, ou du moins relèvent de leur approche. Or celle-ci porte atteinte à l’identité de l’«homme » conçu comme esprit et volonté, ou conscience et liberté». Les Immatériaux sont donc des matériaux composés «d’éléments discrets (ondes électroniques, ondes sonores, ondes lumineuses, corpuscules élémentaires, etc.» On se trouve face à des éléments qui n’ont plus de «substance» stable mais sont dans une structure instable d’interactions. Plus encore, «le modèle du langage remplace celui de la matière». Le point de vue suppose donc une dose certaine de dématérialisation globale induite par les technologies. Ce thème est, on le sait, cher à Lyotard. Les œuvres montrées sont aussi forts diverses: […] des œuvres modernes (Moholy-Nagy, Lucio Fontana, Morellet, Kosuth, Robert Ryman ou Dan Flavin), […] des peintures (Ballà, Larionov, Seurat,…) ou (Quentin Metsys et Simon Vouet). […] Chacun d’eux est relié aux cinq thèmes. *Lyotard définit ainsi les différents termes et leurs interactions: «le matériau est le support du message; le matériel est ce qui assure la saisie, le transfert et la capture du message; la maternité désigne la fonction du destinataire du message; la matière du message est son référent (ce dont il est question, comme dans table des matières); la matrice est le code du message.» Il le dit aussi autrement : «Matériau = au moyen de quoi ça parle? matériel = à destination de quoi ça parle? maternité = au nom de quoi ça parle? matière = de quoi ça parle? matrice = en quoi ça parle?» Manuela de Barros, extraits du préambule à la conférence Retour sur les Immatériaux, 30 mars 2005
Le catalogue est un ensemble de fiches-œuvres indexées sur chacun de ces thèmes. La lumière, apparaît dans deux sites. Nous reproduisons ici la fiche de la scénographie de l’exposition et les fiches des pièces exposées traitant de la lumière: à vous de les replacer dans leur espace propre. • Lumière dérobée dans Matière • Ombre de l’ombre dans Matière • Peinture luminescente dans Matériau •