Jordan Crandall, filmé dans son installation Suspension (vidéo de 5mn 35s par Jean-Louis Boissier).
Pour la Documenta X, en 1997, Jordan Crandall crée Suspension, une installation multimédia dans laquelle le visiteur est incité à trouver son propre rythme au sein d’un certain nombre de protocoles et de règles. Cette articulation entre participation et contrôle deviendra un des concepts clés des productions postérieures de Crandall.
Il est souvent dit que nous sommes actuellement en cours de la deuxième révolution technologique majeure. La première nous a apporté l’accélération de la circulation, le système ferroviaire, l’automobile et, enfin, l’aviation. La révolution actuelle surfe sur les ondes électromagnétiques et a conduit à une telle accélération des communications que l’information est maintenant disponible en temps réel – ce qui signifie immédiatement, peu importe d’où elle vient. Avec l’aide de matériel comme des ordinateurs, téléphones portables, scanners, etc, les gens peuvent accéder à cette information en tout temps et être présent partout, tant qu’ils sont en mesure d’utiliser les médias et d’analyser l’information. Cela signifie que les modes de réception ont été plus ou moins retravaillés, afin de les adapter aux modèles prescrits par la technologie. Comme la proximité électronique ne nécessite pas de contact physique, une nouvelle sphère est apparue qui ne distingue plus entre le privé et le public. L’installation multimédia Suspension de Jordan Crandall observe cet espace créé par la médiation d’une variété de réseaux techniques comme «une combinaison dynamique de la réalité et de la virtualité» enquêtant sur les « modes alternatifs d’accès, de navigation, et d’habitation » de l’espace électronique.
Suspension explore les façons dont les organismes de visualisation, des corps et des espaces habités sont mobilisés et reformatés à travers divers « protocoles » et « véhicules ». Le système interactif de caméras vidéo, lecteurs vidéo, projecteurs, ordinateurs, processeurs d’image numérique, convertisseurs de balayage, animations et divers dispositifs d’ajustement catapultent automatiquement le visiteur dans un de ces nouveaux espaces hybrides de présence (distribuée) à la fois réelle et virtuelle. Volontairement ou non, le visiteur commence à exercer une influence. L’installation est traversée par des réseaux de projections et de multiples actions locales (au sein de l’espace d’exposition de Kassel) et à distance (via Internet). Les habitants simultanément génèrent et interrompent le flux de projection. Le lieu de visualisation est multiplié et mobile, dispersé et dérouté. Les modèles d’interférence génèrent des champs d’orientations concurrentes, dont les étalonnages rapides ne se mesurent plus en termes de distance et de grandeur. Rythme et vitesse des événements déterminent les changements dans le système de suspension dans lequel la matière et l’énergie (dans le sens de la puissance électro-optique ou électromagnétique) s’influencent réciproquement et obligent l’utilisateur/spectateur à une réorientation constante entre les protocoles et les changements de points de vue. En 1990, sous le nom de Blast, Jordan Crandall a lancé un projet portant sur la transformation des modes conventionnels de perception et de réception dans la lecture et la vision. Sur cette base, l’évolution des formes de production dans le domaine de la publication et des diverses techniques de systématisation et de régulation ont été étudiés.Suzanne Prinz et Paul Sztulman in http://jordancrandall.com/main/views/shortguide.html
Traduction : L.T.
Documents complémentaires :
http://jordancrandall.com/suspension/suspension.html
http://www.virtualart.at/database/general/work/suspension.html
Article de Jordon Crandall en français : «Vision armée», 3 juin 2004, Multitudes n°15, p. 63. http://multitudes.samizdat.net/Vision-armee
Autre œuvre en ligne: Hotel, fiction expérimentale, dv, couleur, USA, 2009. http://www.art-action.org/proposition/catalogue/detail_prog10.php?lang=en&qui=reali&oeuvre=H30274&codeoeuvre=H30274
Ainsi que l’annonce de la conférence de l’OdNM du 23 novembre 2011 à l’EnsAD :
http://www.arpla.fr/odnm/