La photographie est une technique de souvenir pour figer une image et l’intégrer dans la mémoire. Cette idée reçue du cliché photographique inspire jusqu’à aujourd’hui la prise de vues. Or, la photographie est, comme l’écriture, une technique de différenciation. Ce qui est pris en photo a disparu à jamais. Ce dont on se souvient en regardant une image est reconstruit à chaque tournure du regard. Il s’agit d’une pratique du graphein : de l’incision, de la trace. Ce trait la rapproche au dessin et à l‘écriture. Tous les trois étant des pratiques d‘enregistrement, elles nous intéressent en tant que techniques culturelles de représentation. Celles-ci intègrent très souvent une démarche conservatoire qui cherche à sauvegarder ce qui semble menacé de disparition. Tributaires de la présence, un désir fondamentalement politique lie ces fabriques d‘images : différer la mort en résistant à la disparition. En tant qu‘artiste travaillant l‘image aujourd‘hui, il faut comprendre les modes opérationnels de la représentation. Dans la perspective de la rédaction d’un mémoire de fin d’études, il s’agit de se rendre compte de l’entrelacs texte-image et de la différence qui les structure. En partant de la trace et de ce qu‘elle implique, il s‘agit d‘apprendre à identifier les fantômes que l‘on adresse si on cherche à voir l‘image photographique comme représentation du « ça a été ». Des méthodes forensiques permettront de reconstruire ce qui s’est passé sans pour autant prétendre de le faire à l‘identique. Particulièrement après la mise en abîme de l’indexicalité de la photographie par les cultures de digitalité, il s‘agit de comprendre comment la structure mémorielle de l’image la transforme en dispositif d‘archives – et comment on peut se la réapproprier. L’objectif : Apprendre des méthodes de pistage par rapport à ses propres désirs de représentation afin de s‘émanciper du dispositif qu‘on risque sinon de reproduire inconsciemment.