Cours
Histoires (inquiètes) de collections : réseaux de relations, noeuds de questions
Enseignant•e

Marian Nur Goni

Jour / Lieu

Mardi, 15h-18h
A 280

Niveau / Semestre

M1, Semestre 2

EC / UE

EC Cycle de conférences
UE Recherche

Au cours de ce cycle de conférences, nous explorerons, avec des chercheur.e.s et artistes invité.e.s, l’histoire de collections (de photographies, d’objets dit ethnographiques, de spécimens naturalisés, de pièces archéologiques etc.) prises entre les mailles de relations sociales et de rapports de pouvoir. Ce faisant, il s’agira de reconnecter leurs histoires, ainsi que les savoirs, gestes et pratiques qu’elles impliquent, à des questions du présent : legs de l’histoire coloniale et écriture(s) de l’histoire, enjeux environnementaux, demandes de réparations ou restitutions.

Séance #1, le mardi 30 janvier 2024 - Introduction par Marian Nur Goni

Séance #2, le mardi 6 février 2024

Olivier Marboeuf, « Respirer l'archive : à propos du Musée du souffle »

A partir de l'expérience de son projet « Le musée du souffle », Olivier Marboeuf évoquera les enjeux et les formes des archives minoritaires dans une perspective décoloniale qui tente de proposer des alternatives à l'extractivisme. En abordant ces archives fugitives, faites de voix et de corps résistants, comme des « blue prints » - des tentatives - et non plus comme des marchandises et fétiches sur le marché du capitalisme cognitif, Marboeuf propose de nouvelles épistémologies abolitionnistes. Il examinera à la fois les pratiques de codage et les adresses secrètes que contiennent ces archives particulières et la manière dont elles appellent à des performances de conservation / préparation qui relient les actes passés à ceux à venir.

Séance #3, le mardi 13 février 2024

Emmanuelle Chérel, « L’exposition Teg Bët Gëstu Gi : relire les collections coloniales par le prisme de l’art contemporain »
Les œuvres présentées dans l'exposition Teg Bët Gëstu Gi – qui signifie en wolof voir ou toucher des yeux la recherche – au Musée Théodore Monod d'art africain de l’IFAN (Université Cheikh Anta-Diop, Dakar) pendant la Biennale de Dakar 2022 ont été réalisées à la suite de résidences d’artistes (Hervé Youmbi, Ibrahima Thiam, Uriel Orlow/Ariane Leblanc, Alioune Diouf, Patrick Bernier/Olive Martin/Ussumane Ca, François Knoetze, Mamadou Khouma Gueye) et se sont combinées aux collections historiques du musée. Situées à la lisière de plusieurs mondes, histoires et conflits, ces collections sensibles sont aujourd’hui la matière de recherches historiques renouvelées et suscitent des débats complexes notamment liés à leur passé colonial. Avec leurs formes, leurs esthétiques, leurs dispositifs, les œuvres contemporaines de l’exposition ont contribué à témoigner de la richesse culturelle et artistique de l’Afrique subsaharienne, tout en interpellant notre relation aux savoirs et aux patrimoines africains – parfois fragiles mais toujours vivants, et en mutations.

Alexandre Girard-Muscagorry, « Le Tout-monde des musiques : réarticuler les collections instrumentales de la Philharmonie de Paris »
Le Musée de la musique (Philharmonie de Paris) prépare pour mai 2025 le réaménagement de son parcours permanent. L'un des principaux objectifs de ce projet est de délaisser l'actuelle présentation atemporelle des « musiques du monde » en insistant davantage sur les embranchements complexes entre espaces culturels ainsi que sur leurs mutations historiques et contemporaines, et en activant d'autres récits autour des instruments que la seule lecture ethnographique. Au-delà de la refonte complète de l'actuel espace « musiques du monde », le projet entend reconnecter les collections à travers la création de « carrefours » au fil du parcours européen mettant en dialogue instruments, musiques et images issus de différentes géographies autour de problématiques historiques, artistiques et politiques fortes. La présentation reviendra sur les enjeux intellectuels, scénographiques et pédagogiques de ce projet.

Séance #4, le mardi 20 février 2024 / Séance en anglais (avec traduction)

Sam Hopkins, « Parables of Ownership and Loss - Some Artistic Inquiries into Ethnographic Collections »
In this presentation Sam Hopkins will discuss a number of collaborative artistic approaches to working with/on ethnographic collections in the Global North. Letter to Lagat (2015), a collaborative project with Simon Rittmeier, imagines the sudden disappearance of an entire African Art collection and meditates on the power of objects in museums and collections. One consequence of this artist book was a desire to explore the question of the possible restitution of objects of cultural heritage, as seen and experienced from specific contexts in the Global South. International Inventories Programme (IIP) was a four year collaborative research project (2017-21) which addressed this question from the perspective of Kenya.

One of the outcomes of this project was the multimedia installation A Topography of Loss (2021) also with Simon Rittmeier, which picked up on the question of presence and absence which the artists addressed in Letter to Lagat, but this time as experienced in the vast underground storage of the Rautenstrauch-Joest Museum in Cologne.

Séance #5, le mardi 27 février 2024

Emanuela Canghiari, « ‘La révolte des racines’*: une approche critique du patrimoine institué dans l'œuvre d'artistes péruvien.nes »
Au moment des Indépendances (au début du XIXe siècle pour l’Amérique latine), le discours savant en archéologie a servi à la fabrication d’un discours patrimonial « autorisé », à savoir scientifique, centralisé et vertical qui a progressivement exclu les populations autochtones de l’interprétation, de l’usage et de la mise en valeur de leurs propres objets et lieux dits « sacrés », désormais considérés comme propriété de l’État-nation. À partir des années 1980-90, les études critiques de patrimoine et les archéologies dites « indigènes » ont questionné l'effacement des groupes minorisés, ainsi que la marginalisation d'autres pratiques du patrimoine jusque-là ignorées ou méprisées. À travers l’analyse d’œuvres d’artistes latino-américain.es (Susana Torres, Daniela Ortiz, Javier Vargas, le collectif Chica Mochica...) qui réinterprètent, désacralisent, altèrent et manipulent les restes/vestiges du passé, cette présentation vise à explorer le potentiel et les contradictions de ces pratiques considérées comme contestataires, tout en les inscrivant dans un cadre global de décolonisation, de critique de l'autorité et de la production des savoirs en contexte patrimonial.

*D'après le titre de l'œuvre de Daniela Ortiz, The rebellion of the roots (2021).

Séance #6, le mardi 5 mars 2024

Tiziana Nicoletta Beltrame, « Poussières et insectes au musée : l’espace d’exposition comme lieu vivant des collections »
Au cours de cette présentation, nous explorerons la nature instable des matériaux du patrimoine : un objet exposé n’est pas figé, il se transforme lentement et silencieusement avec son environnement de conservation. Rarement seul, tout objet patrimonial (d’art, science et technique) cohabite au musée avec des entités plus ou moins visibles, tels des insectes et des poussières. Nous observerons les tentatives incessantes de les saisir et de les capturer en suivant les pratiques professionnelles de la conservation des collections et de la maintenance de ces espaces. Le musée émergera ainsi comme un lieu bien vivant, et non seulement pour les humains.

Séance #7, le mardi 12 mars 2024

Érika Nimis, « Le fonds Félix Diallo : premier photographe de Kita (Mali) : histoires d’une sauvegarde (1996-2023) »
Cette présentation aborde le cas des archives du photographe malien Félix Diallo (1931-1997), actif du milieu des années 1950 au milieu des années 1980, dans une ville du sud-ouest rural du Mali, Kita. Revenant sur un travail de terrain initié il y a 20 ans, Érika Nimis présentera la carrière de Félix Diallo, premier photographe commercial de Kita, et reviendra sur son expérience de la préservation et de la valorisation de ses archives par la numérisation, dans le cadre du projet Archive of Malian Photography (AMP)/Matrix, qui a conduit à l’organisation d’une exposition à Kita en mars 2018. Cette présentation sera l'occasion d'interroger trente ans de pratiques de valorisation de la « photographie africaine ».

Séance #8, le mardi 26 mars 2024 - Conclusions par Marian Nur Goni

Biographies des chercheur.es et artistes invité.es :

Olivier Marboeuf est auteur-conteur, commissaire d’exposition et producteur de cinéma, originaire de Guadeloupe. Il a fondé avec l’auteur franco-béninois Yvan Alagbé dans les années 1990 les éditions Amok (devenues Frémok), éditeur de bande dessinée de recherche, puis l’Espace Khiasma, centre d’art visuel et de littérature vivante (2004 à 2018) dédié aux représentations minoritaires, contribuant à introduire les théories postcoloniales sur la scène artistique française. Il partage actuellement son travail entre écrits spéculatifs, dessin et production de films au sein de Spectre Productions. Il est également membre du board de l’Akademie der Künste der Welt de Cologne et bénéficie pour l’année académique 2023/2024 du Banister Fletcher Fellowship au sein de l’Institut Universitaire de Londres à Paris (ULIP) où il développe une recherche autour de l’archive des présences diasporiques caribéennes à Paris et à Londres. Il a récemment publié l’essai Suites Décoloniales : s’enfuir de la plantation et le recueil de poésie Les Matières de la Nuit, tous deux aux éditions de Commun.

Emmanuelle Chérel est historienne de l’art, professeure titulaire à l’École des beaux-arts de Nantes Saint-Nazaire, elle y a mené les projets de recherche Pensées archipéliques (2009-2014), Penser depuis la frontière (2018) et, depuis 2018, Ateliers de troubles épistémologiques avec le Musée Théodore Monod (Dakar). Auteure de nombreux articles, ella a notamment publié Le Mémorial de l’abolition de l’esclavage de Nantes - Enjeux et controverses (2012) et, avec Fabienne Dumont, l’ouvrage collectif, L’Histoire de l’art n’est pas donnée : art et postcolonialité en France (2016). Elle codirige la collection «Arts contemporains » aux Presses Universitaires de Rennes et est co-fondatrice de la revue en ligne Troubles dans les collections.

Diplômé de l’École du Louvre, de l’Essec et de l’Institut national du patrimoine, Alexandre Girard-Muscagorry est conservateur chargé des collections d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques au Musée de la musique (Cité de la musique – Philharmonie de Paris) et doctorant au Cral (EHESS) sous la direction d’Anne Lafont. Il enseigne également l’histoire des arts de l’Afrique à l’École du Louvre. Il a récemment coordonné avec Marian Nur Goni le dossier « Patrimoines africains : les performances politiques des objets » de la revue Politique africaine (n° 165, 2022) et a assuré le co-commissariat de l’exposition Fela Anikukapo-Kuti. Rébellion afrobeat (20 octobre 2022 - 11 juin 2023, Cité de la musique – Philharmonie de Paris).

Sam Hopkins’ artistic practice is attentive to the ways in which narratives and truths are encoded and produced by different media. His work is rooted in Kenya and engages with specific networks to collectively interrupt authoritative narratives of power. He explores various ways of co-producing artworks as counter narratives that can be read both within and beyond the gallery/museum. He co-initiated the grassroots media collective Slum TV and was a founding member of the public space activists Urban Mirror. Hopkins has participated in various international exhibitions, including biennales in Lagos, Dakar, Poznan, and Moscow, and has exhibited at a wide range of museums and galleries, including the Dortmunder U, Kunstmuseum Bonn, Kunsthaus Bregenz, the Goodman Gallery, and Richard Taittinger Gallery. His work is held in the collections of the Smithsonian, Abteiberg Museum, Iwalewahaus. In 2014 he was named one of the 100 Leading Global Thinkers by Foreign Policy Magazine. He currently teaches at the Academy of Media Arts Cologne and works between Cologne and Nairobi.

Emanuela Canghiari est docteure en anthropologie sociale et en ethnologie, auteure d'une thèse intitulée « La dialectique des restes : circulation, trafic et appropriation des vestiges archéologiques au Pérou » soutenue à l’EHESS en 2018. Chercheuse affiliée à l’Institut de sciences politiques de l’université catholique de Louvain (ISPOLE) et à l’Institut français d’études andines (IFEA), elle est actuellement chargée de la recherche et de l'enseignement au musée du quai Branly - Jacques Chirac et chargée de cours à l’université de Strasbourg. Ses recherches actuelles prolongent ses analyses autour des usages contestataires du passé et des demandes de décolonisation du patrimoine à partir d’une enquête ethnographique sur la production de faux archéologiques et leur gestion en milieu muséal.

Tiziana N. Beltrame est anthropologue, actuellement chargée de recherche au DiSSGeA (Département des Sciences Historiques, Géographiques et de l’Antiquité), Université de Padoue, Italie. Ses enquêtes portent sur la création et la circulation des savoirs relatifs aux pratiques de conservation des collections des musées d’art, d’ethnographie et de science et technique.

Diplômée en photographie (École nationale supérieure de la photographie d'Arles) et en histoire de l’Afrique (Université Paris 1), Érika Nimis est professeure associée au Département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal. Elle a enseigné l’histoire de l’Afrique dans plusieurs universités québécoises entre 2007 et 2019. Autrice de nombreux articles et de trois ouvrages sur l’histoire de la photographie en Afrique de l’Ouest (dont un tiré de sa thèse de doctorat : Photographes d’Afrique de l’Ouest. L’expérience yoruba, Paris, Karthala, 2005), ses recherches portent autant sur les histoires photographiques à partir de l’Afrique que sur les histoires africaines à partir de la photographie.

Séance #1, le mardi 30 janvier 2024 - Introduction par Marian Nur Goni

Séance #2, le mardi 6 février 2024

Olivier Marboeuf, « Respirer l'archive : à propos du Musée du souffle »

A partir de l'expérience de son projet « Le musée du souffle », Olivier Marboeuf évoquera les enjeux et les formes des archives minoritaires dans une perspective décoloniale qui tente de proposer des alternatives à l'extractivisme. En abordant ces archives fugitives, faites de voix et de corps résistants, comme des « blue prints » - des tentatives - et non plus comme des marchandises et fétiches sur le marché du capitalisme cognitif, Marboeuf propose de nouvelles épistémologies abolitionnistes. Il examinera à la fois les pratiques de codage et les adresses secrètes que contiennent ces archives particulières et la manière dont elles appellent à des performances de conservation / préparation qui relient les actes passés à ceux à venir.

Séance #3, le mardi 13 février 2024

Emmanuelle Chérel, « L’exposition Teg Bët Gëstu Gi : relire les collections coloniales par le prisme de l’art contemporain »
Les œuvres présentées dans l'exposition Teg Bët Gëstu Gi – qui signifie en wolof voir ou toucher des yeux la recherche – au Musée Théodore Monod d'art africain de l’IFAN (Université Cheikh Anta-Diop, Dakar) pendant la Biennale de Dakar 2022 ont été réalisées à la suite de résidences d’artistes (Hervé Youmbi, Ibrahima Thiam, Uriel Orlow/Ariane Leblanc, Alioune Diouf, Patrick Bernier/Olive Martin/Ussumane Ca, François Knoetze, Mamadou Khouma Gueye) et se sont combinées aux collections historiques du musée. Situées à la lisière de plusieurs mondes, histoires et conflits, ces collections sensibles sont aujourd’hui la matière de recherches historiques renouvelées et suscitent des débats complexes notamment liés à leur passé colonial. Avec leurs formes, leurs esthétiques, leurs dispositifs, les œuvres contemporaines de l’exposition ont contribué à témoigner de la richesse culturelle et artistique de l’Afrique subsaharienne, tout en interpellant notre relation aux savoirs et aux patrimoines africains – parfois fragiles mais toujours vivants, et en mutations.

Alexandre Girard-Muscagorry, « Le Tout-monde des musiques : réarticuler les collections instrumentales de la Philharmonie de Paris »
Le Musée de la musique (Philharmonie de Paris) prépare pour mai 2025 le réaménagement de son parcours permanent. L'un des principaux objectifs de ce projet est de délaisser l'actuelle présentation atemporelle des « musiques du monde » en insistant davantage sur les embranchements complexes entre espaces culturels ainsi que sur leurs mutations historiques et contemporaines, et en activant d'autres récits autour des instruments que la seule lecture ethnographique. Au-delà de la refonte complète de l'actuel espace « musiques du monde », le projet entend reconnecter les collections à travers la création de « carrefours » au fil du parcours européen mettant en dialogue instruments, musiques et images issus de différentes géographies autour de problématiques historiques, artistiques et politiques fortes. La présentation reviendra sur les enjeux intellectuels, scénographiques et pédagogiques de ce projet.

Séance #4, le mardi 20 février 2024 / Séance en anglais (avec traduction)

Sam Hopkins, « Parables of Ownership and Loss - Some Artistic Inquiries into Ethnographic Collections »
In this presentation Sam Hopkins will discuss a number of collaborative artistic approaches to working with/on ethnographic collections in the Global North. Letter to Lagat (2015), a collaborative project with Simon Rittmeier, imagines the sudden disappearance of an entire African Art collection and meditates on the power of objects in museums and collections. One consequence of this artist book was a desire to explore the question of the possible restitution of objects of cultural heritage, as seen and experienced from specific contexts in the Global South. International Inventories Programme (IIP) was a four year collaborative research project (2017-21) which addressed this question from the perspective of Kenya.

One of the outcomes of this project was the multimedia installation A Topography of Loss (2021) also with Simon Rittmeier, which picked up on the question of presence and absence which the artists addressed in Letter to Lagat, but this time as experienced in the vast underground storage of the Rautenstrauch-Joest Museum in Cologne.

Séance #5, le mardi 27 février 2024

Emanuela Canghiari, « ‘La révolte des racines’*: une approche critique du patrimoine institué dans l'œuvre d'artistes péruvien.nes »
Au moment des Indépendances (au début du XIXe siècle pour l’Amérique latine), le discours savant en archéologie a servi à la fabrication d’un discours patrimonial « autorisé », à savoir scientifique, centralisé et vertical qui a progressivement exclu les populations autochtones de l’interprétation, de l’usage et de la mise en valeur de leurs propres objets et lieux dits « sacrés », désormais considérés comme propriété de l’État-nation. À partir des années 1980-90, les études critiques de patrimoine et les archéologies dites « indigènes » ont questionné l'effacement des groupes minorisés, ainsi que la marginalisation d'autres pratiques du patrimoine jusque-là ignorées ou méprisées. À travers l’analyse d’œuvres d’artistes latino-américain.es (Susana Torres, Daniela Ortiz, Javier Vargas, le collectif Chica Mochica...) qui réinterprètent, désacralisent, altèrent et manipulent les restes/vestiges du passé, cette présentation vise à explorer le potentiel et les contradictions de ces pratiques considérées comme contestataires, tout en les inscrivant dans un cadre global de décolonisation, de critique de l'autorité et de la production des savoirs en contexte patrimonial.

*D'après le titre de l'œuvre de Daniela Ortiz, The rebellion of the roots (2021).

Séance #6, le mardi 5 mars 2024

Tiziana Nicoletta Beltrame, « Poussières et insectes au musée : l’espace d’exposition comme lieu vivant des collections »
Au cours de cette présentation, nous explorerons la nature instable des matériaux du patrimoine : un objet exposé n’est pas figé, il se transforme lentement et silencieusement avec son environnement de conservation. Rarement seul, tout objet patrimonial (d’art, science et technique) cohabite au musée avec des entités plus ou moins visibles, tels des insectes et des poussières. Nous observerons les tentatives incessantes de les saisir et de les capturer en suivant les pratiques professionnelles de la conservation des collections et de la maintenance de ces espaces. Le musée émergera ainsi comme un lieu bien vivant, et non seulement pour les humains.

Séance #7, le mardi 12 mars 2024

Érika Nimis, « Le fonds Félix Diallo : premier photographe de Kita (Mali) : histoires d’une sauvegarde (1996-2023) »
Cette présentation aborde le cas des archives du photographe malien Félix Diallo (1931-1997), actif du milieu des années 1950 au milieu des années 1980, dans une ville du sud-ouest rural du Mali, Kita. Revenant sur un travail de terrain initié il y a 20 ans, Érika Nimis présentera la carrière de Félix Diallo, premier photographe commercial de Kita, et reviendra sur son expérience de la préservation et de la valorisation de ses archives par la numérisation, dans le cadre du projet Archive of Malian Photography (AMP)/Matrix, qui a conduit à l’organisation d’une exposition à Kita en mars 2018. Cette présentation sera l'occasion d'interroger trente ans de pratiques de valorisation de la « photographie africaine ».

Séance #8, le mardi 26 mars 2024 - Conclusions par Marian Nur Goni

Biographies des chercheur.es et artistes invité.es :

Olivier Marboeuf est auteur-conteur, commissaire d’exposition et producteur de cinéma, originaire de Guadeloupe. Il a fondé avec l’auteur franco-béninois Yvan Alagbé dans les années 1990 les éditions Amok (devenues Frémok), éditeur de bande dessinée de recherche, puis l’Espace Khiasma, centre d’art visuel et de littérature vivante (2004 à 2018) dédié aux représentations minoritaires, contribuant à introduire les théories postcoloniales sur la scène artistique française. Il partage actuellement son travail entre écrits spéculatifs, dessin et production de films au sein de Spectre Productions. Il est également membre du board de l’Akademie der Künste der Welt de Cologne et bénéficie pour l’année académique 2023/2024 du Banister Fletcher Fellowship au sein de l’Institut Universitaire de Londres à Paris (ULIP) où il développe une recherche autour de l’archive des présences diasporiques caribéennes à Paris et à Londres. Il a récemment publié l’essai Suites Décoloniales : s’enfuir de la plantation et le recueil de poésie Les Matières de la Nuit, tous deux aux éditions de Commun.

Emmanuelle Chérel est historienne de l’art, professeure titulaire à l’École des beaux-arts de Nantes Saint-Nazaire, elle y a mené les projets de recherche Pensées archipéliques (2009-2014), Penser depuis la frontière (2018) et, depuis 2018, Ateliers de troubles épistémologiques avec le Musée Théodore Monod (Dakar). Auteure de nombreux articles, ella a notamment publié Le Mémorial de l’abolition de l’esclavage de Nantes - Enjeux et controverses (2012) et, avec Fabienne Dumont, l’ouvrage collectif, L’Histoire de l’art n’est pas donnée : art et postcolonialité en France (2016). Elle codirige la collection «Arts contemporains » aux Presses Universitaires de Rennes et est co-fondatrice de la revue en ligne Troubles dans les collections.

Diplômé de l’École du Louvre, de l’Essec et de l’Institut national du patrimoine, Alexandre Girard-Muscagorry est conservateur chargé des collections d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques au Musée de la musique (Cité de la musique – Philharmonie de Paris) et doctorant au Cral (EHESS) sous la direction d’Anne Lafont. Il enseigne également l’histoire des arts de l’Afrique à l’École du Louvre. Il a récemment coordonné avec Marian Nur Goni le dossier « Patrimoines africains : les performances politiques des objets » de la revue Politique africaine (n° 165, 2022) et a assuré le co-commissariat de l’exposition Fela Anikukapo-Kuti. Rébellion afrobeat (20 octobre 2022 - 11 juin 2023, Cité de la musique – Philharmonie de Paris).

Sam Hopkins’ artistic practice is attentive to the ways in which narratives and truths are encoded and produced by different media. His work is rooted in Kenya and engages with specific networks to collectively interrupt authoritative narratives of power. He explores various ways of co-producing artworks as counter narratives that can be read both within and beyond the gallery/museum. He co-initiated the grassroots media collective Slum TV and was a founding member of the public space activists Urban Mirror. Hopkins has participated in various international exhibitions, including biennales in Lagos, Dakar, Poznan, and Moscow, and has exhibited at a wide range of museums and galleries, including the Dortmunder U, Kunstmuseum Bonn, Kunsthaus Bregenz, the Goodman Gallery, and Richard Taittinger Gallery. His work is held in the collections of the Smithsonian, Abteiberg Museum, Iwalewahaus. In 2014 he was named one of the 100 Leading Global Thinkers by Foreign Policy Magazine. He currently teaches at the Academy of Media Arts Cologne and works between Cologne and Nairobi.

Emanuela Canghiari est docteure en anthropologie sociale et en ethnologie, auteure d'une thèse intitulée « La dialectique des restes : circulation, trafic et appropriation des vestiges archéologiques au Pérou » soutenue à l’EHESS en 2018. Chercheuse affiliée à l’Institut de sciences politiques de l’université catholique de Louvain (ISPOLE) et à l’Institut français d’études andines (IFEA), elle est actuellement chargée de la recherche et de l'enseignement au musée du quai Branly - Jacques Chirac et chargée de cours à l’université de Strasbourg. Ses recherches actuelles prolongent ses analyses autour des usages contestataires du passé et des demandes de décolonisation du patrimoine à partir d’une enquête ethnographique sur la production de faux archéologiques et leur gestion en milieu muséal.

Tiziana N. Beltrame est anthropologue, actuellement chargée de recherche au DiSSGeA (Département des Sciences Historiques, Géographiques et de l’Antiquité), Université de Padoue, Italie. Ses enquêtes portent sur la création et la circulation des savoirs relatifs aux pratiques de conservation des collections des musées d’art, d’ethnographie et de science et technique.

Diplômée en photographie (École nationale supérieure de la photographie d'Arles) et en histoire de l’Afrique (Université Paris 1), Érika Nimis est professeure associée au Département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal. Elle a enseigné l’histoire de l’Afrique dans plusieurs universités québécoises entre 2007 et 2019. Autrice de nombreux articles et de trois ouvrages sur l’histoire de la photographie en Afrique de l’Ouest (dont un tiré de sa thèse de doctorat : Photographes d’Afrique de l’Ouest. L’expérience yoruba, Paris, Karthala, 2005), ses recherches portent autant sur les histoires photographiques à partir de l’Afrique que sur les histoires africaines à partir de la photographie.


Université Paris 8 — Vincennes Saint-Denis