Doctorants : Marie-Julie Bourgeois
L’interactivité en public. De la présence à la coopération dans les installations artistiques multi-utilisateurs in situ
Dans les installations artistiques situées proposant une interaction avec plusieurs spectateurs, le partage de l’interactivité entre les spectateurs co-présents dans l’œuvre pose de nombreuses questions. Si un spectateur peut entrer en interaction avec le dispositif, il est aussi en contact et même en inter-relation avec d’autres spectateurs. Dès lors, comment un individu, par sa simple présence ou par son action plus ou moins intentionnée, s’implique-t-il dans une activité collective, et comment cette pratique s’inscrit-elle dans l’espace public en le transformant voire en le constituant pour faire œuvre ? L’intention d’implication du public dans le dispositif interactif peut être nulle, de faible à forte, mais elle peut aussi être involontaire. Elle dépend principalement des inter-relations entre les spectateurs avant et pendant l’expérimentation, de l’espace d’interaction, de la densité, de l’intention artistique placé dans le dispositif et des règles du « jeu ».
Les dispositifs de captation, de détection, d’identification du public sont développés par l’industrie de la surveillance et de la sécurité, leur utilisation comporte un sens implicite dont l’artiste doit s’emparer. Les modalités d’action et de captation impliquent une participation qui peut être volontaire ou involontaire et varie selon différents degrés ; de la simple présence et la coopération active. Ces questionnements pratiques et théoriques touchent aux fondements conceptuels concernant l’engagement du public dans le processus artistique et dans l’œuvre et ravivent des problématiques artistiques historiques. La récurrence de ces problématiques soulèvent des enjeux d’actualités. Quels sont donc les possibilités et les limites esthétiques, conceptuelles et socio-techniques, de ces dispositifs interactifs multi-utilisateurs dans l’espace public ?