Doctorants : Anne Zeitz
Anne Zeitz
Titre de la thèse :
(CONTRE-)OBSERVATIONS
Les relations d’observation et de surveillance dans l’art contemporain, la littérature et le cinéma
Soutenue le 28 novembre 2014 au Goethe Institut, Paris
Résumé :
Jamais les enjeux de la surveillance dans la société n’ont été autant mis en avant dans les discours politiques et la presse internationale que depuis les divulgations d’Edward Snowden sur les programmes de surveillance américains, durant l’été 2013. Plus d’une dizaine d’années auparavant, l’exposition CTRL [SPACE] au ZKM de Karlsruhe avait montré comment, depuis longtemps, les mécanismes de la surveillance, des médias de masse et la convergence de leurs fonctionnements se reflétaient dans l’art contemporain. Peter Weibel pointait dès les années 60, dans ses installations et ses écrits, les comportements contradictoires qui se développent dans une société de surveillance. De la société de surveillance à la société de contrôle, la société spectaculaire, puis post-spectaculaire, jusqu’à l’actuelle société de sousveillance, c’est-à-dire de la cybersurveillance et de la dataveillance, l’influence de ces mécanismes a toujours fait controverse. Alors qu’une approche artistique s’attache avant tout à la manipulation, voire à l’effacement de l’individu et de sa réalité, une autre approche se concentre sur les possibilités de créativité et d’inventivité qui se présentent à l’individu au sein d’une société caractérisée par la surveillance et les médias de masse.
La présente recherche se situe dans la tension qui émerge entre ces deux positions. Le point de départ est le terme observer, qui renvoie à la fois à un acte perceptuel et à un acte d’adaptation. En même temps, tout acte d’observation s’insère nécessairement dans une « relation » d’observation. Et il faut envisager la réversibilité potentielle de la relation. En effet, l’art contemporain révèle des tactiques de contre-surveillance et de contre-observation, cette dernière étant révélatrice de la façon dont nous vivons les changements socio-politiques – notamment depuis le 11 septembre 2001. Une théorie et une pratique de la (contre-)observation sont nécessaires afin d’analyser l’esthétique qui apparaît ainsi.
Summary:
The matter of surveillance has never been as present in political discourse and the international press as much as since the divulgence of the American surveillance programs by Edward Snowden in the summer of 2013. Nonetheless, more then 10 years earlier, the exhibition CTRL [SPACE] at the ZKM in Karlsruhe had widely shown how the mechanisms of surveillance and mass media and the convergence of their functioning had, for a long time, been reflected in contemporary art. Since the 1960s, Peter Weibel had already pointed to the contradictory modes of behaviour that develop in a society of surveillance in his installations and writings. From the society of surveillance to the society of control, the spectacular society, and then post-spectacular society, to the current society of “sousveillance”, that is of cyber-surveillance and dataveillance, the influence of these mechanisms has always been discussed with controversy. While one artistic approach focuses mainly on the manipulation, or even disappearance of the individual and their reality, another approach concentrates on the possibilities of creativity and inventiveness that present themselves to the individual in a society characterized by surveillance and mass media.
The present doctoral thesis situates itself in the tension that emerges between these two positions. The point of departure is the term to observe that signifies a perceptual act as well as an act of adaptation. At the same time, every act of observation necessarily takes part in an observational “relationship”. Therefore, the potential reversibility of the relationship has to be taken into account. Effectively, contemporary art reveals tactics of counter-surveillance and counter-observation. The latter give insight into the way we deal with socio-political changes – especially since the 11th of September 2001. A theory and a practice of (counter-)observation are necessary to analyze the aesthetics that have appeared in this regard.