Doctorants : Caroline Bernard
Caroline Bernard
Titre de la thèse
« Problématique de la continuité filmique dans l’art contemporain »
Résumé
Les œuvres regroupées dans cette étude tentent, en s’appuyant sur les spécificités de la matérialité filmique, de décrire ou de figurer le continuum spatio-temporel. La continuité filmique est la continuité résultante de l’enregistrement d’une caméra et qui, à certains égards, ressemble ou s’apparente à la continuité du réel. Lorsqu’un phénomène est enregistré, sa cohérence spatio-temporelle est, dans le même temps, transformée et préservée. Les dispositifs filmiques de ce corpus tentent, en recourant à la captation filmique, de s’approprier le réel comme une matière.
Les artistes en découpant et réordonnançant le filmique déjouent l’inexorabilité de notre condition spatio-temporelle et tentent de révéler des dimensionnalités inaccessibles autrement. Les films supplantent leur bidimensionnalité originelle pour prendre forme, ils sont des tubes, des ellipses, des anamorphoses jusqu’à devenir parfois des objets préhensibles. Ce processus de transformation filmique tente d’être le plus continu possible sans déchirure ni rupture, selon des déformations de type topologique.
La captation filmique, en s’ancrant dans le territoire, permet aussi une appropriation du temps et de l’espace à une échelle planétaire. La machine de vision est parfois mondialisée, la prise de vue a lieu à distance par l’entremise d’une webcam séparée de l’opérateur par des milliers de kilomètres. Le paradigme de la continuité est ainsi modifié, car la mécanique filmique se trouve écartelée. Les images deviennent des outils de mesure et de déchiffrement de la planète, les films sont alors de nature géodésique, c’est-à-dire qu’ils contribuent à une mensuration poétique du globe terrestre.