| Artifices 3 | 5 novembre-4 décembre 1994 | Mise en mémoire, accès à la mémoire |
Artifices, troisième du nom, laisse la parole aux créateurs, dans une mise au jour des relations entre arts et nouveaux médias technologiques. Fidèle à sa vocation, affirmée dès 1990, cette exposition biennale se situe en effet au cur des enjeux esthétiques de la révolution techno-logique aujourd'hui à l'oeuvre. À longueur de colonnes ou d'antennes, il est question des « autoroutes de l'information », des hypermédias ou des réalités virtuelles. Est-ce le Diable ou le Bon Dieu ? Seule certitude de cette fin de siècle : il n'y a pas qu'une logique au monde. Aussi nous paraît-il essentiel de faire se croiser, s'interroger l'art et la technique. D'autant que celle-ci affecte le processus de création lui-même. Une telle rupture de forme symbolique amorcera-t-elle une mutation d'ampleur comparable à celle de la Renaissance italienne ? La vivacité d'une recherche encore récente implique ce questionnement : assistons-nous aux premiers pas d'un art à construire, sur la durée, comme la photographie ou le cinéma ? Le débat est donc ouvert et Artifices y apporte sa pierre. Des artistes sont conviés par Jean-Louis Boissier et Anne-Marie Duguet à cette manifestation axée sur le thème de la mémoire. Présentées au sein de chambres obscures, les installations sollicitent la relation personnelle du spectateur à l'oeuvre. Le visiteur est en effet mis en éveil par ces dispositifs, propices au jeu, à la recherche de quelques parcours ou au partage d'un secret. Approches sensibles, poétiques en émergence, questionnements sont au cur de ces oeuvres. Certaines, reconstruisant un espace mental ou un univers symbolique, font entendre des propos personnels ou singuliers. D´autres créent un contenu qui engage le visiteur « au-delà de la fascination spontanée pour les techniques ». Souhaiteraient-ils nous garder de l´hypnotisme ? Seraient-ils d'accord avec John Cage, pour qui « c´est cela la fonction de l'art actuel, nous préserver de toutes ces minimisations logiques que nous sommes tentés à chaque instant d'appliquer au flux des événements, nous rapprocher du processus qu´est le monde » ? Mais, vous direz-vous, pourquoi persister à signer Artifices ? Produire cette biennale est l´un de nos rendez-vous avec la création. Et il ne s'agit pas de baisser la garde, sous prétexte de morosité ambiante. Par ailleurs, Artifices présente cette année un espace « Laboratoire », qui donne la priorité aux travaux de jeunes artistes, ainsi qu'une « bibliothèque » à usage documentaire. Le propos de l'exposition rejoint ainsi, pour une part, les choix de l'action culturelle dionysienne, qui prend le risque de la création, donne sa chance à ce qui naît et va à la rencontre du public, développant ainsi des espaces pour l'art, la critique et l'appropriation. Nos remerciements vont aux artistes, à nos partenaires ainsi qu'à tous ceux qui ont bâti Artifices 3. Anne Perrot
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