Peter Weibel : Entretien avec Andrea Urlberger, le 7 juillet 2005 au ZKM, Karlsruhe
Peter Weibel
Né en 1945 à Odessa en Ukraine, les oeuvres de Peter Weibel sont complexes et multiples, intégrant des performances, le cinéma expérimental, l’art vidéo et l’art numérique. Théoricien, artiste, directeur du Centre pour arts et médias (Zentrum für Kunst und Medien), Karlsruhe, il est également commissaire de nombreuses expositions.
Peter Weibel — On peut dire qu’il existe l’espace physique et l’espace mental, l’espace de la pensée... En conséquence, il existe plusieurs formes d’espace. Et il existe un système de navigation pour pouvoir circuler à travers ces différentes formes d’espaces. Ma proposition est de ne pas utiliser le GPS uniquement comme une détection locale, comme un système de navigation à travers des espaces physiques, mais on l’utilise aussi comme un moyen de détection d’informations. On l’utilise aussi comme système de navigation à travers une cartographie mentale ou des espaces autres, des espaces psychiques ou culturels. Et on peut les relier à l’espace physique. En conséquence, on obtient deux formes d’expériences spatiales, l’expérience physique et matérielle ainsi que le paysage spirituel, donc mental, immatériel, qui peuvent être articulés. Avec le GPS, on peut relier les cartes du monde physique avec les cartes du monde cognitif. Le GPS comme système de navigation relie ces deux espaces.
J’irai même plus loin. Comme les marins ont navigué depuis longtemps sur la mer et ont procédé à un repérage local grâce à des instruments simples et aux étoiles. La connaissance de l’astronomie des marins, c’était le premier système GPS. On a vu, avec un petit appareil géométrique qui permet de mesurer les angles, donc grâce aux étoiles, on a pu constater « je suis ici ».
Vous pouvez voir, le premier système de navigation, c’étaient les étoiles. On peut dire que les étoiles sont comme des données blanches, comme des lettres blanches sur un fond noir, c’est-à-dire sur un ciel noir. De l’autre côté, les lettres sont aussi des systèmes des navigation. Et ça, vous pouvez aussi le constater dans le système GPS, dans la voiture.
Maintenant, on s’approche plus du sujet. Vous avez un écran sur lequel vous rentrez une suite de lettres. Cette suite de lettres localise une destination sur une carte psychique. Ensuite, l’ordinateur de bord, peut déterminer, à l’aide du GPS, comment vous suivez cette carte idéale, cette carte simulée. C’est ça ce qui est important. Vous ne vous déplacez juste qu’en apparence à travers un paysage physique. Comme je l’ai souligné à l’instant, il existe toujours le paysage imaginaire, le paysage mental et le paysage physique. Vous vous déplacez à travers un paysage physique, mais vous ne pouvez uniquement vous orienter, car vous disposez d’un paysage mental. Vous comprenez ? Il existe toujours une cartographie mentale et une cartographie physique. C’est une fausse impression. Je ne me déplace avec le GPS, pas seulement à travers un paysage psychique, mais il existe toujours deux formes de paysage. Le paysage idéal qui est enregistré peut être comparé grâce au système GPS. Ça c’est le point essentiel. Le système GPS sert à comparer votre situation dans l’espace physique avec votre position sur une carte mentale et imaginaire. Ça vous indique quand vous avez commis une erreur « tournez encore à gauche, faites demi-tour, etc. » Le système GPS aide, c’est un système qui compare entre deux formes de paysage, le paysage imaginaire et le paysage réel, et procède entre la cartographie d’un espace physique et la cartographie imaginaire à une comparaison. Ce n’est pas seulement un repérage local, mais c’est aussi une correction du parcours. Dans ce sens, ce système produit une comparaison entre un paysage simulé et un paysage réel. C’est ça ce qui est merveilleux avec le GPS. Il faut donc s’imaginer le GPS comme un outil de l’hybride. On peut dire... Le système GPS suit des chaînes de lettres, j’entre une destination et il en sort d’autres chaînes de lettres, en forme de langage, qui vous dirigent, qui vous emmènent là où vous voulez aller.
On peut dire qu’au fond, le langage en soi est un système de navigation. On voit ça avec l’entrée et la sortie, et là, j’ai atterri dans le domaine culturel, dans l’espace mental, c’est-à-dire (l’espace ?) cognitif/individuel. On peut même dire que ce navigateur... C’est assez beau qu’en voiture, ce système s’appelle navigateur.
Donc, l’idée est assez claire, le système GPS est un appareil périphérique, qui fait partie du système de navigation. C’est pour le moment le meilleur système de navigation et il est comparable au langage. C’est pour ça qu’en voiture, ce système s’appelle le navigateur. Et le navigateur le plus célèbre que nous connaissons, si on comprend l’idée que je développe, est l’entonnoir de Nuremberg (der Nürnberger Trichter). C’est une instruction, en fait c’est un terme avec une mauvaise réputation, mais au fond, c’était une indication pour apprendre de façon automatisée. Une consigne d’un poète baroque célèbre qui a expliqué ainsi comment faire des poèmes sans talent. C’est-à-dire, c’étaient des indications mécaniques pour apprendre et produire des poèmes. Ça fonctionne ici de la même manière. Une indication : comment naviguer avec ces suites de lettres pour qu’à la fin des phrases sensées en résultent.
La même chose existe pour le système GPS, des indications mécaniques qui permettent d’emmener quelqu’un à destination. Pour qu’il exécute un mouvement sensé. En fait, il exécute un mouvement physique sensé. La même chose que la rime dans un poème est le fait d’atteindre la destination dans ce contexte. Puis le navigateur peut dire : « Vous avez atteint votre destination ». Ça ressemble aux rimes, aux vers, c’est le respect du système métrique et rythmique en poésie.
À partir de cette réflexion, j’ai fait ce travail (Waypointing Weibel’s Vienna) avec (Tom) Fürstner.
Waypointing Weibel’s Vienna
Je me suis dit qu’il existe un espace culturel, ce sont mes activités que j’ai partiellement localisées, dans une galerie, dans une rue, dans un appartement, etc. Seulement, ces lieux sont aujourd’hui différents. J’ai exactement fait ce que j’ai expliqué, j’ai juxtaposé ou empilé deux cartes, une carte mentale, l’espace de la pensée, mes activités culturelles à Vienne. On obtient ainsi la localisation des lieux. En même temps, elles ne se situent pas seulement dans des endroits spécifiques, mais simultanément, aussi dans le temps. Ainsi, on peut dire, l’endroit est le même, mais l’époque est autre. J’ai donc juxtaposé des espaces mentaux et temporels aux espaces physiques. Ce que j’ai décrit tout à l’heure comme l’essence même du GPS. C’est-à-dire qu’une carte est extraordinaire car elle permet de nous diriger à travers la ville réelle, à travers l’espace physique, mais on se meut en même temps à travers le temps et aussi à travers un espace autre.
On est ici dans un lieu, on peut se déplacer, mais pas à la même époque. On se situe dans le même espace physique, seulement une forme d’espace est simulée. En fait, il se trouve dans l’espace réel et sa perception s’y juxtapose, c’est l’espace simulé. C’est le même de l’année 19 je-ne-sais-pas-quand 68, puis on se déplace à travers une troisième forme d’espace, un espace culturel et un quatrième, un espace temporel. J’ai différents espaces temporels, des espaces temporels physiques, des espaces temporels culturels, des espaces mentaux qui se juxtaposent.
Andrea Urlberger. — Est-ce qu’on pourrait parler de convergence ?
P.W. — Exactement. Et à travers ces espaces, il faut naviguer. C’est justement l’idée. L’important est qu’on ne... C’est une illusion de croire qu’on ne se déplace que dans l’espace réel. On ne se déplace jamais uniquement dans l’espace réel. On se déplace toujours simultanément à travers un espace culturel, un espace de la pensée, un espace psychique, un espace mental. L’espace où je me situe peut me faire peur ou me procurer de la joie. Également, quand vous évoquez des paysages. Le paysage en soi contient en même temps un espace psychique. Je me sens reposé, détaché ou opprimé, etc. Le GPS arrive très bien à établir ces connexions. On pourrait dire que le GPS est un art de transformer des espaces réels en espaces mentaux. Des espaces psychiques, des espaces mentaux, des espaces réfléchis. C’est un art qui nous permet non seulement de se repérer dans des espaces réels, mais d’étendre cet espace réel. C’est une porte, on passe à travers le système GPS comme à travers une porte où l’espace réel s’étend et augmente. C’est ça qui est bien. C’est une suite toute à fait légitime de l’image. Vous connaissez la définition de l’image comme fenêtre qui permet un point de vue sur une réalité stable et tranquille. Un extrait limité sur une nature morte, sur une table, sur un groupe de femmes, que sais-je.
P.W. — Ja richtig und hier muss durchnavigiert werden. Das ist eben die Idee. Das Wichtigste ist eben, dass man nie ... das ist eine Illusion zu glauben, dass man sich nur im realen Raum bewegt. Man bewegt sich nie nur im realen Raum. Man bewegt sich immer gleichzeitig in einem kulturellen Raum, in einem Gedächtinisraum, in einen psychischen Raum, in einem mentalen Raum. In dem Raum in dem ich bin, kann mir Angst machen oder Freude. Auch wie Sie sagen mit Landschaften. Landschaft selbst ist, hat gleichzeitig einen psychischen Raum. Ich fühle mich erholt, erlöst, bedrückt usw. Diese Verbindungen kann der GPS ganz gut herstellen. Der GPS ist praktisch eine Kunst, die die physischen Räume in mentale Räume verwandelt. Psychische Räume, mentale Räume, Gedächnisräume. Das ist eben eine Kunst, die uns auch hilft, sich nicht nur im realen Raum zurecht zu finden, sondern sich auch im realen Raum auszudehen. Die Türe, man tritt praktisch durch das GPS System durch eine Türe wo sich der reale Raum ausdeht und erweitert. Das ist das Gute daran.
Cependant, ce que je sais aujourd’hui est que l’image n’est pas seulement une fenêtre sur un monde statique, un extrait d’un monde limité et statique, mais l’image est un portail par lequel je peux accéder à des espaces multisensoriels et je peux en sortir. En conséquence, je peux entrer dans l’espace de l’image et je peux sortir de l’espace de l’image. L’essence de toute la nouvelle technologie, du cinéma au dispositif interactif de l’ordinateur, l’image n’est plus un extrait délimité. D’abord, elle n’est pas statique, mais tridimensionnelle, elle est participative, elle est intégrante, on peut y entrer comme à travers un portail. Je me situe ensuite dans des espaces multisensoriels et je peux
ensuite en sortir. Et cette définition est encore augmentée par le GPS. Je peux juxtaposer plusieurs
espaces les uns aux autres, parce que je peux me situer dans des espaces autres. C’est ça le surprenant du GPS. Dans une autre forme d’art, je me situe toujours dans un espace simulé ou dans un espace vide. Seulement avec le GPS, je me situe dans les deux simultanément, dans l’espace réel et en même temps dans l’espace mental. C’est cette possibilité exceptionnelle que le GPS Art peut nous procurer.
Und diese Vorstellung wird durch das GPS System noch mehr gesteigert. Weil ich doch tatsächlich mehrere Räume übereinander lagere und weil ich mich auch im andere Raum befinden kann. Das ist ja das Tolle daran. Bei einer anderen Kunst, bin ich dann immer haupsächlich im simulierten Raum oder in einem Leerraum, nur bei dem GPSSystem bin ich in beiden gleichzeitig, im realen Raum und gleichzeitig im mentalen Raum. Das ist die einzige Möglichkeit, die diese GPSkuns liefern kann.
A.U. — Pensez-vous que le GPS peut transformer le monde ? Si on s’imagine que chacun se déplace à travers le monde muni d’un GPS ?
P.W. — Des zones spécifiques vont exister... On va construire des espaces événementiels comme aujourd’hui ( ?), on va construire des paysages GPS. On sait qu’on doit se placer au milieu... Pour que je puisse adapter des espaces mentaux, imaginaires et simulés à des espaces réels, il faut que j’adapte ces espaces réels. Comme il existe en Chine et en Angleterre depuis 2000 ans un art du jardinage qui s’est développé très lentement, dans le même sens un paysage GPS va émerger, adapté à cette expérience GPS.
A.U. — Le GPS est très sensible dans les domaines politiques et militaires. En ce moment avec GALILEO, l’Europe souhaite son propre système. Sur ce sujet, il y avait des discussions très vives, car, en principe, c’est un outil militaire. Pensez-vous qu’en art, ce contexte militaire et politique est également important ? Un peu dans le sens dece que dit Latour : « Tout est politique ».
P.W. — Il est important de réfléchir sur cette question de différentes manières.D’abord, parce que le théoricien des médias, Friedrich Kittler, définit d’emblée les arts des nouveaux médias comme le détournement d’armes militaires. Ainsi des outils militaires sont toujours utilisés comme un moyen d’agression ou de surveillance. Les pratiques artistiques les détournent, car elles les utilisent avec d’autres buts dans uncontexte pacifique et non dans un contexte d’agression et autre. Ensuite, pour moi, l’essentiel du GPS est... Le GPS va devenir une articulation importante entre les réseaux et la téléphonie mobile qui rend des nouvelles formes d’information et de savoir sur l’espace local possible. Ainsi, des nouveaux sentiments communautaires peuvent voir le jour. Comme on est dans un concert et on tient une bougie. J’étais toujours prisonnier de l’espace local. On peut tenir à bout de bras une bougie et les gens sont très heureux d’allumer ensemble des bougies. C’est-à-dire, on est prisonnier de l’espace local et d’un horizon local. Avec le GPS, 2 millions de personnes peuvent, dans des lieux différents sur la Terre, allumer des bougies et savoir qu’ils le font. On peut en conséquence créer des espaces collectifs, des sentiments collectifs, qui dépassent la localité. C’est-à-dire, ce sont les premières tentatives d’une réelle globalisation de l’humain.
Le GPS peut aider à créer des liens, des liens et des rapports au-delà de tout attachement territorial. Ça peut mettre en cause des parties de la ville. Ça va se passer ainsi. Des groupes spécifiques dans un quartier ou plusieurs groupes à travers plusieurs quartiers vont faire savoir « Je suis dans un café, toi, tu es là-bas ». Comment peuventils se rencontrer ? On procède avec la téléphonie mobile. Mais avec le GPS, on se retrouve plus facilement surtout quand celui-ci est relié aux réseaux. Le réseau va être accessible sans fil, ce qui est déjà petit à petit le cas. Si je peux obtenir une information sans fil, je peux me déplacer sans fil à travers les réseaux. Une information sans fil grâce à la téléphonie sans fil, puis vers les réseaux. Le système GPS me corrige ce que j’ai dit auparavant, car par téléphone, il est possible de faire des erreurs. Mais si je dispose d’une aide qui me dit « Tu as commis une erreur, tu dois aller à droite ou à gauche ».
C’est pour ça que je suis aussi certain que le GPS, la téléphonie mobile et les réseaux forment la nouvelle combinaison gagnante. Après l’ordinateur, après la vidéo, ce sont les trois organes les plus importants, des tools technologiques, des outils technologiques. On va organiser des communautés de vie, des sociétés comme une sorte de politique expérimentale. C’est pour ça que je pense que c’est si important. On va pouvoir créer des nouvelles formes du politique, de la formation de groupe et de la prise de décision en groupe. On va introduire une politique expérimentale qui va être portée par des groupes, des communautés et des sociétés expérimentales. Ça va exister dans cette articulation et le GPS, avec les réseaux et la téléphonie mobile, va se trouver à la pointe de cette évolution.
Desshalb bin ich auch so sicher, dass das GPS, mobile Telefonie und Netz das neue Triumviat bilden.Also nach Computer, nach Video sind das die drei wichtigsten Organe der technischen Tools, der technischen Werkzeuge. Mit denen man ... Man wird experimentelle Gemeinschaften, Wohn- und Gesellschaften gründen als eine Art von experimenteller Politik. Deshalb ist das meine Ansicht warum das so wichtig ist. Man wird neue Formen des Politischen machen, der Gruppenbildung und der Gruppenentscheidung. Es wird eine experimentelle Politik eingeführt werden, die eben getragen wird von experimentellen Gruppen und Gemeinschaften und Gesellschaften. Das wird, in dieser Verbundenheit, wie gesagt ... Der GPS an der Spitze steht, gemeinsam mit Netz und Mobiltelefonie.
A.U. — Et le GPS, en comparaison aux réseaux qu’on a toujours considérés commedétachés, loin du territoire, reterritorialise certains éléments... cette articulation existe.
P.W. — Oui, cette articulation entre le réel et l’imaginaire, entre l’organique et l’anorganique, entre le réel et l’artificiel, entre le physique et le mental existe. C’est l’aspect exceptionnel du GPS. C’est pourquoi il occupe une position au zénith.
P.W. — ja diese Verbindung, die Verbindung zwischen Realen und Imaginären, wie Organischen und Anorganischen, zwischen Realen und Künstlichen, zwischen Physischen und Mentalen, das ist das Grosse, dass das GPS leistet, desswegen hat es eine Spitzenstellung.
A.U. — Et dans votre travail Waypointing Weibel’s Vienna, vous avez, comme vous l’avez déjà expliqué, juxtaposé également ces différents éléments ?
P.W. — Exactement. L’idée était de traverser ce paysage physique et en même temps de faire l’expérience de l’attachement local, actuel, « je suis ici et maintenant, je vois cette rue, mais en même temps, je vois plus. Je vois ce qui s’est passé dans cette rue il y a vingt ou trente ans ». Si je suis assise au cinéma et je ne vois qu’une fiction. Mais ici, ce n’est pas seulement de la fiction. C’est qui est bien, c’est que je peux vérifier, l’individu peut vérifier « C’est la rue ici, ça a eu lieu ici ». C’est-à-dire l’homme est acteur dans l’espace réel et dans l’espace imaginaire, il obtient une certaine forme de contrôle. A travers cette fonction de contrôle, il a la possibilité de dire « oui, c’est vrai ». Quand je vois une photo, quand quelqu’un se coupe la peau, je ne sais jamais si ce n’est qu’une mise en scène ou non. Si j’assiste à la scène quand il se coupe la peau, je l’ai vue. La réalité rend nécessaire que je sois présent, que l’acteur se trouve sur place. Le degré de la réalité se trouve augmenté si je me trouve réellement dans l’endroit où la scène a eu lieu autrefois, car celui-ci procure une expérience comme les grilles, l’espace comme prison.
C’est une prison ici. D’être enfermé ici, dans ce moment précis. C’est une grille... comme dit Descartes qui a développé le fameux système des coordonnées. Il existe trois coordonnées qui décrivent chaque position exactement. Dans ce système de coordonnées, j’ai trois chiffres, et chaque événement dans cet espace/temps, le temps s’y ajoute après comme coordinateur. Donc, j ‘ai x, y, z puis la coordonnée t, ça c’est l’espace/temps. Et Descartes a dit qu’on peut déterminer chaque événement qui a lieu ici. Il peut être déterminé par des chiffres. En fait, chaque événement est une suite de chiffres. Ça, c’est la prison dans laquelle nous vivons, l’espace et le temps.
Le GPS me permet de quitter cette prison. Si je vois quelque chose... Je suis ici dans cette pièce et en même temps, je peux voir, autrefois, à l’aide de cet écran… il y avait cette main ici et cette table, autrefois, il y avait un autre papier ici, on peut les juxtaposer. L’écran peut dire : « OK, autrefois, il y avait autre chose ici ». C’est pour ça que je peux quitter cette prison car je vois quelque chose qui n’est pas présent. L’attachement à « l’ici et maintenant »... Le système GPS ne m’aide pas seulement à me déplacer ici et maintenant à travers l’espace réel, mais crée une articulation avec l’espace mental et imaginaire. Ainsi, je réussis ma sortie de l’espace réel, mon évasion de l’espace réel.
En fait, j’ai deux éléments, grâce au GPS, je navigue dans l’espace réel et je m’en évade. Also ich habe wieder zweierlei, ich navigiere im realen Raum und gleichzeitig breche ich aus ihm aus.
A.U. — Vous vous situez à l’opposé de l’opinion d’une majorité qui évoque en parlant du GPS dans le meilleur des cas l’observation et bien sûr le contrôle et la surveillance. Ce n’est pas votre cas.
P. W. : On a la possibilité, si je relie le dispositif à un écran, de se transformer soi-même en contrôleur.