« Mepuis quelques années mon travail est axé sur l'écriture même de la chorégraphie — écriture qui implique la création de signes spéciaux servant à composer la danse en amont des répétitions avec les danseurs — et sur l'intégration, dans cette écriture, de dispositifs (informatisés) de perturbation et re-génération de la composition pré-écrite en temps réel. Le but de cette recherche est d'inviter l'interprète à co-créer une partition ouverte. »

Les processus chorégraphiques chez Myriam Gourfink sont largement influencés par sa découverte de l’informatique. Abstraite, sa danse, souvent retenue dans l'immobilité, prône une lenteur quasi hypnotique. Travail où le regard s'aiguise sur les lignes que dégagent gestes et postures, jusqu'à percevoir les micro-mouvements des danseurs, qui semblent glisser comme une saccade de sons. Respiration, concentration fondent sa danse qui relève d’un minutieux travail de visualisation intérieure, d’une attention extrême portée au volume corporel et envisage l’espace comme un ensemble de trajectoires constituées par des points invisibles reliés entre eux.

Myriam Gourfink a réalisé nombre de pièces chorégraphiques depuis une dizaine d’années : Beith (1996), Waw (1997), Überengelheit (1999), Glossolalie (1999), Taire (1999), Demonology#5 (2000), Too Generate (2000), L’écarlate (2001), Marine (2001), Rare (2002), L’innommée (2003), Kill the king (2003-2005), Contraindre (2004). Elle présente This is my house (2005), au Centre Georges Pompidou, le 16, 17 et 18 février 2006.

This is my house
©Rémy Muller
"Pour This is my house, nous avons continué à affiner un travail de corps où tout mouvement émane du souffle. Un premier mouvement développe une chorégraphie pour un quintette de femmes : une danse frontale et au sol qui tend lentement vers un redressement sans jamais atteindre la posture verticale stable. Le travail de respiration et de contraction fait l'objet d'une captation —les capteurs de mouvement sont reliés à un système wifi qu'a développé l'IRCAM dans le cadre de ma résidence de recherche. Grâce à ce dispositif, les danseuses pilotent les processus de modifications qui régissent la partition chorégraphique. La partition alors remodelée s'affiche alors sur des écrans LCD : ayant étudié toutes les règles de déclenchements en amont, elles peuvent décider de leurs rapports d'espace —proches ou éloignées les unes des autres— , de souffle— toutes au même rythme, ou en polyrythmie. Le dispositif informatique est au coeur des relations qu'elles désirent tisser entre elles. Nous n'en ferons pas, pendant le spectacle, une démonstration didactique —la visée étant une création artistique.
Après une soudaine bascule de lumière, de musique et de la perception de l'espace, deux danseuses accompagnées par le souffle d'Ulrich Krieger, se livrent à un jeu d'équilibre, tendu et imperceptible, un travail d'écoute poussé à son paroxysme. La scénographie de la première partie est dansée dans un espace clos, limité, comme une bulle protectrice, un ailleurs. La bascule bouleverse le traitement de l'espace et des lumières, propose une situation visuelle saturée, comme un retour brutal à la réalité, une prise de conscience de la gravité, sollicite une attention toute autre pour percevoir ce qui habite les corps." Myriam Gourfink 2006







Partition 01



Partition 02