Martin Le Chevallier.
http://www.martinlechevallier.net/
De jeu vidéo en serveur téléphonique, de cédérom en vidéos interactives, Martin Le Chevallier propose des représentations critiques et ironiques de notre époque au moyen des outils qui la caractérisent. Ces représentations sont autant d’expériences que le spectateur est invité à éprouver en participant à des dispositifs dont les contraintes nous racontent les idéologies contemporaines. Ces mises en situation relèvent tantôt du détournement (faux jeu-vidéo, faux serveur téléphonique, fausse bande-annonce…), tantôt de l’invention formelle, notamment lorsque, par le truchement de l’interactivité, il revisite le récit cinématographique. À travers les expériences qu’il nous propose, se manifeste une réflexion sur la position du spectateur. Qu’il soit joueur, cobaye, vigile, promeneur ou bourreau, le rôle qui lui est assigné sert de révélateur au propos de l’artiste.
Né en mai 68, Martin Le Chevallier vit et travaille à Paris. Après avoir exercé comme graphiste, il entreprend à partir de 1996 des recherches personnelles autour de questions sociales et politiques. Ces recherches débouchent sur des affiches diffusées en affichage sauvage puis sur le cédérom Gageure 1.0 (1999), une mise en forme labyrinthique du discours de l’entreprise. Il réalise ensuite Flirt 1.0 (2000), un jeu de séduction constitué d’extraits de films noirs américains, et un jeu de vidéo-surveillance, Vigilance 1.0 (2001). Il est pensionnaire de l’Académie de France à Rome d’octobre 2000 à septembre 2001 où il se consacre à l’évocation d’une société utopique, à travers un film interactif : Félicité. Cet éloge de l’oisiveté suscite la conception d’un autre film interactif, Oblomov (2001), dans lequel il confronte l’inertie du personnage à l’impatience du spectateur. Il explore ensuite à nouveau ce support avec Une minute de silence (2003), un dispositif qui propose une déambulation parmi les pensées et les perceptions de personnes réunies après le 11 septembre 2001. En 2003, il réalise deux nouveaux projets critiques : Safe society, une vidéo parodiant l’idéologie sécuritaire et Doro Bibloc, un serveur téléphonique à l’écoute de nos pulsions consuméristes. En 2004, il met en scène les revirements existentiels du Papillon (2005), sa nouvelle vidéo interactive.