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La conférence à Paris 8, en images et textes

Le travail vidéo de GAZHEL nous avait été présenté à Paris 8 par Christine VAN ASSCHE en 2001: "GAZHEL est une jeune artiste iranienne mais vivant en France, à Montpellier. Elle effectue un travail sur la condition de la femme (plutôt) en Iran. Elle réalise ceci uniquement en vidéo. On retrouve des liens avec un certain nombre de performances réalisées uniquement pour la vidéo. Même si elle vit en France, elle retourne filmer chez elle, en Iran. J’insiste là-dessus car ce n’est pas toujours le cas des artistes de ces pays-là. Contrairement à MAJIDA qui demande à d’autres personnes de défiler avec ses vêtements, Ghazel réalise elle-même ses performances, et souvent elle filme sans intermédiaire." [GAZHEL nous a demandé de ne reproduire aucune des images projetées dans la conférence, ces pièces doivent être acquises par Le Centre Pompidou et entrer dans sa collection et figurer dans l'Encyclopédie des nouveaux media. On pourra aussi acquérir le documentaire sur les oeuvres, la série Me]

L'oeuvre-flyer URGENT est visible sur le site du FRAC Languedoc-Roussillon > http://www.fraclr.org/urgent/urgent.html

[Le filmage de la conférence, la retranscription relue par GAZHEL, la réalisation des quicktimes de la conférence, ci-dessus, ont été faits par Nathalie FERRIER, Alexandra GARNIER, Géraldine GAY, Laurence MOYER, Gabriel FERNANDES.]


GAZHEL : Mes films (la série Me)sont présentés en triptyque, sur trois téléviseurs de même format (25 inch). Les séquences sont proposées en boucle, se croisent à différents endroits, ce qui donne à chaque fois une nouvelle perception de l’œuvre. Les images ne sont pas synchronisées, ce qui donne un nouveau rapport à chaque fois. 41 films ont été réalisés de 1997 à 2001. Globalement j’essaie de parler de moi, d’ailleurs il n’y a que moi dans le film. Les choses que je fais sont toutes inspirées de ma vie. Par exemple, je ne vais pas apprendre à faire du ski nautique pour réaliser une jolie scène, donc tout est complètement autobiographique, tout en exagérant, bien évidemment.

Par exemple, la scène de patinage, c’est une des premières, de 97 ; j’ai refilmé parce que mes parents ne m’avaient pas pris en photo à l’époque (reconstruction d’un souvenir d’enfance). Après, ils ont été tristes de voir cette scène car ils ont réalisé qu’ils n’étaient pas là ce jour là.

L’évolution de ce travail, c’est qu’au début, j’étais plutôt anecdotique (exemple : la scène de patinage ou de ski nautique, scènes où je raconte ce que j’ai fait). J’ai rejoué des scènes de ma vie devant la caméra.
Ca a évolué jusqu’à des scènes comme par exemple : chaise électrique, où c’est plus une idée, le texte n’est plus quelque chose qui explique l’image, mais qui lance l’idée, et ce sont des scènes plus universelle.

Les scènes sont de durée réelle.

Tout a été tourné en Iran, sauf ce qu’il était impossible de filmer, par exemple le patinage ou le manège, (parce qu’il n’y a pas de manège comme ça là-bas) et c’est aussi parce que je voulais parler de la France et de ma vie aussi en France.
C’est ça aussi, ce sont toujours des lieux qui me sont familiers, où j’ai vécu, où je passe, chez mes parents, chez moi, chez des amis, chez mon frère, ma rue… Le manège par exemple, je passe quatre fois devant quand je suis en France.
Ah oui, la compétition de natation, c’était complètement impossible de la filmer en Iran, parce que c’est tout simplement IMPOSSIBLE d’aller dans l’eau avec les vêtements, alors qu'en France il y a toujours ce mot magique qui est "Art ". Donc je suis arrivée à la piscine municipale (à Montpellier) où je nage toujours, je leur ai dis : " Je pourrai, genre plonger avec le tchador ?
Ils ont répondu : - Non, c’est impossible ! "
Après j’ai dis que c’était de l’art, et ils m’ont tout de suite dit OK.
C’est ainsi que j’ai pu le faire.

Je viens de faire un séjour de six mois aux Etats-Unis, où j’ai tourné 90 scènes. Maintenant, ma vie " actuelle " (contemporain) a rattrapé mes films. Au début des souvenirs et ensuite reconstruction des souvenirs: Par exemple, les scènes de New York en 2001 s’inspirent directement de l’expérience de New York en 2001.

Le fait d’utiliser le voile, c’est que pour moi c’est autobiographique.

Avant de faire les films, j’écrivais beaucoup et une suite logique de ce travail était la vidéo. Avant, en 1997, je voyageais tellement entre l'Allemagne, l'Iran, la France… que c'est devenu ridicule, pour moi de faire des installations, même si c'était léger, je veux dire au niveau des matériaux, je peux me balader avec quoi, mais à un moment donné, je suis rentrée d'Allemagne avec mon expo sous le bras, parce que j'avais tout compacté, c'était fait avec de l'aluminium, donc comme c'était devenu ridicule, j'ai commencé cette année à écrire des anecdotes et surtout la suite logique c'était de faire ce que j’écrivais, donc c'est comme ça que j'ai commencé ce travail vidéo. Je faisais avant des installations sur la guerre, des choses comme ça, assez dramatiques et tragiques. Et dans les installations, j’essayais vraiment de créer une atmosphère… je sais pas…

En fait, c’est surtout parce que j’ai quitté l’Iran pendant la guerre, j’avais toujours cette mauvaise conscience d’avoir quitté mon pays pendant la guerre ; Surtout que j’ai perdu un ami à la guerre… Donc c’était toujours mon thème, depuis que je suis rentrée aux Beaux-Arts, toujours la guerre, le déracinement… C’est pourquoi j’utilisais des symboles très Iraniens, le symbole du martyr, par exemple, la tulipe noire, et petit à petit je suis allée vers des symboles un peu plus universels. Donc j’ai commencé à utiliser, par exemple, le langage des enfants, comme la maison, tel qu'ils la dessinent…

La mise en forme des mes films (la série
Me) ça a pris un peu longtemps, parce que justement au début je ne savais pas comment j'allais les montrer, je savais que les scènes étaient indépendantes mais en même temps, je trouvais ridicule de les montrer séparément, c'est pourquoi je suis arrivée au triptyque et à environ 9 heures de film; il y en a 41 en tout et ça continu… Je le réalise avec ma caméra HI8 et mon trépied, dès que j'arrive quelque part, je fais des scènes, j'ai mon tchador avec moi, mais il y a des scènes où j'ai fais filmer par des amis, mais jamais des gens qui savent faire des cadrages, ni rien (pas des professionnels de l’image). Pour les scenes d’exterieur je demandes a quelqu’un de filmer, la caméra est à la main , ils attendent que je dise contact, que je sorte de l'image et après ils coupent. Au début, je n’avais même pas de trépied, pour la scène de patinage, j'ai demandé à une copine ; je lui ai donné ma caméra, je lui ai dis : "tu me filmes comme si tu filmais ta fille, surtout ne fais pas d'effet de zoom, mais te peux me suivre." C'était vraiment l'idée du home movie, la vidéo de "monsieur tout le monde" qui filme sa fille, je sais pas c'est un truc qui est devenu la vidéo de la vie contemporaine, moderne, où tout le monde filme.

Il y a 20 ans c'était la caméra photo, mais maintenant c'est ça, tout le monde filme. Donc c'était justement cette idée et puis il y a aussi quelque chose d'intéressant, avec ça tous mes amis qui n’étaient pas aux Beaux-arts, maintenant quand ils voient mon travail, ils font une relation, ils comprennent, parce qu'avant, quand je faisais des installations c'était toujours la même question: "Où est-ce qu'il y a de l'art?", "Où est la sculpture ?". Il fallait toujours des gens qui sont spécialisés de l'art, mais ce qui m'intéresse avec la vidéo aussi, c'est un médium qui est populaire, c’est le rapport avec la télévision dans la maison. C'est très intéressant pour moi et c'est pour ça aussi que je tiens à le montrer sur le petit écran. J'ai un caméscope tout simple, très banal, donc c'est pas très cher pour produire, c'est mieux, enfin ça coûte quand même pour faire le montage.


- Donc, par rapport au médium, en fait ça vous permet d'avoir peut-être moins d'explication à donner sur le fond du sujet abordé ?

Non, c'est aussi une simplicité c'est parce que tout le monde regarde la télé, moi je répète toujours, en Iran, dans les plus petits villages, ils ont des télés, bon c'est peut-être en noir et blanc, mais bon je veux dire l'image, on est dans un monde où tout le monde a un rapport avec l'image surtout la télé. Bon, je parle pas encore d'Internet, mais déjà la télé, donc pour moi, c'était l'idée: "Je fais de l'art, un art qui pourrait être compris par tout le monde. "
C'est aussi parce que je fais de travail social…


- ça a un petit côté démocratique ?…

Oui, j'ai commencé à faire de l'art thérapie cette année là justement, enfin une année avant, mais dans les prisons cette année là, donc je pense que cette idée est venue parce que je faisais ce travail là en Iran. Je travaillais avec des prisonniers, des enfants délinquants, je pense que même eux, ils peuvent mieux digérer ça (mes films) que mes installations par exemple. Esthétiquement, c'est plus simple déjà, c'est plus pratique que pour quelqu'un qui est toujours avec sa valise. Je sais pas, c'était un moyen pour moi, après l'écriture de ‘mise en forme plastique’. En fait, je pense qu'il y a eu un déclic, de cette année où j'ai voyagé et ce retour en Iran plus que jamais, en prison, j'écris des anecdotes, et l'humour en fait, c'est de l'humour très banal iranien, c'est mon humour personnel, j'essaie pas d'être drôle. C'est notre humour qui étonne toujours un peu le public occidental, c'est un peu parce que tout le monde croit qu'on est très sévère, c'est aussi parce que la télé, les images de la télé, sur l'Iran, ne donnent pas une image idéale, enfin, ça surprend toujours les gens qu'on ait de l'humour.

En fait, dans mon travail je veux parler des éléments qui me constituent parce que…je suis quelqu’un qui a été élevé dans une école internationale, après j’étais dans une école publique, pendant la guerre en Iran, d’où l’utilisation de l’anglais, (ma première langue était l’anglais) ; et justement disons que la juxtaposition se retrouve physiquement, quand, regardes avec le voile, c’est la réalité de l’Iran, et ce n’est pas que l’Iran, mais l’Orient en général, et ce n’est pas que le voile physique je crois, c’ est aussi la culture voilée ou même la langue voilée. Par exemple, j’utilise l’anglais, le français ou l’allemand, des langues que je parle, occidentales, très directes, et la culture, la langue iranienne, qui sont voilées en faite parce qu’on dit jamais les choses directement donc on fait toujours des métaphores ou de l’humour justement qui sont des voiles, où par exemple, il y a 150 façons de dire non sans dire non, et oui sans dire oui, et donc pour moi globalement, c’était la culture voilée, l’Orient ; et la culture directe occidentale…

L’utilisation du texte, c’est l'influence occidentale et l’humour c’est iranien, enfin, c’est ce mélange qui fait en fait moi, par exemple toutes les langues que je parle j’ai un accent : j’ai un accent américain quand je parle anglais, ce qui n’est pas normal, un accent anglais quand je parle français…donc voilà, pour moi c’était la juxtaposition de tout ça, de tous ces éléments qui en fait illustrent ma vie, qui font le lien entre mes deux mondes: l’Orient et l’Occident.

- Et par rapport au voile, tu parles de "culture voilée" mais il y a une critique de cette situation où c’est pris comme un élément ?

Moi je laisse le public interpréter…

- Il n’y a pas de connotation derrière l’utilisation du voile ?

Bah, peut-être, mais c’est à vous de voir ça. Il y a des gens qui voient beaucoup de choses, justement, c’est l’ambiguïté, c’est une question de réalité qui est présente. Mais le voile là, c’ est le tchador, la forme la plus stricte en Iran, mais qui n’est pas obligatoire. Si je montre une femme, enfin ce n’est pas une femme, c’est moi en train de faire du ski nautique, c’est parce que je fais du ski voilée. Bon, pas avec le tchador mais voilée complètement ; enfin, les femmes peuvent faire du ski nautique : tout ce que je fais là (dans mes films), on peut le faire là bas (en Iran). En fait, il n’y a pas de contradiction, c’est à dire que par rapport à ce qui se passe en Iran, il n’y ‘a pas de contradictions, c’est des choses qu’on pourrait voir, alors que pour nous, ici, ça nous paraît invraisemblable, par exemple, faire du ski voilée…

Oui, mais bon, ce n’est pas vraiment une contradiction, c’est un petit peu exagéré, on ne vit pas entièrement avec le tchador.
Enfin, je crois que tout ça c’est le jeu, je veux dire qu’il y a beaucoup d’interprétations, par exemple le public iranien qui est en occident porte un autre regard que le public iranien qui est en Iran, évidemment. Mais globalement, les principales questions qu’on me pose, tournent autour de la vision qu’ont les femmes occidentales, sur l’Orient, en particulier sur l’Afghanistan, en ce moment. Mais l’Iran n’a jamais était comme ça. Bon, à l’époque de ma grand-mère, quand elle était jeune, mais il y a très longtemps. Donc c’est aussi pour montrer que ce n’est pas ça, la vie là bas ; il faut toujours expliquer.

- Oui, donc en fait, tu n’as pas de discours particulier face à cela?

Non, moi je parle de mon expérience, je ne fais pas un discours sur la femme iranienne, la femme voilée… Je parle de moi parce qu’il y a tellement de contradictions en moi, de multiples identités, de choses comme ça… Je ne suis pas là en train de parler de la femme iranienne quoi…
Un jour, pendant une expo à Londres, il y a un homme qui m’a demandé si ce n’était pas dur d’être femme en Iran, et je lui ai répondu en lui demandant si ce n’était pas dur d’être homme en Angleterre.

- Comment êtes-vous entrée dans la profession ? Comment vous êtes-vous fait repérer par Christine Van Assche ?


Elle a vu mon travail dans une expo de Copenhague. C’était une expo de groupe, où il y avait beaucoup d’artistes. J’ai eu la chance qu’elle ait vu ce travail là-bas ; en plus, c’était la première fois que je le montrais. En fait, je ne l’ai montré que quatre fois :
Là-bas, à Londres, à Paris et en ce moment à Zagreb. L’idée de
ce travail avec les flyers est arrivée en même temps que la lettre d’expulsion. Donc, en 1997, on m’a dit "il faut quitter la France dans 15 jours "parce qu’on refusait de refaire ma carte de séjour et bon… J’étais une éternelle étudiante parce que j’ai du m’inscrire tout le temps à la fac après mes diplômes de beaux-arts et ma licence des études cinématographiques pour avoir des papiers. Donc, ma réaction à ces choses là, c’était plus chercher un homme pour me marier et faire un mariage blanc et avoir des papiers pour vivre en France. Donc, j’ai fait beaucoup de choses, la première chose c’est que j’ai imprimé, quelques années avant les annonces dans la presse, c’est très simple, "Femme cherche mari non raciste, URGENT".

////////////////http://www.fraclr.org/urgent/urgent.html

Ca, c’est la première version distribuée dans la rue. Il y avait des affiches où on peut lire en bas : " Femme (31 ans) cherche mari :
Grand ou pas grand—Rigolo ou pas rigolo—Fumeur ou pas fumeur… C’était, en fait, une annonce pour trouver un mari pour avoir des papiers. Donc, je les ai distribués en faisant de l’affichage sauvage et sur l’internet. Au fur et à mesure, je commençais à viser le public. Des fois, c’était par exemple dans la rue, ou dans les grandes expos de l’art contemporain ou dans les vernissages, distribué par des hommes. Par exemple, en France par un français, en Suède par un suédois bien blanc et c’était distribué que pour les hommes. C’était l’idée de trouver quelqu’un de la communauté européenne pour me marier pour avoir des papiers.

Ca, c’est la deuxième version. Dans la première, j’ai décrit un homme en disant, on s’en rend compte, que l’on s’en fout de qui c’est. Juste quelqu’un qui est disponible et qui a des papiers français. Dans la deuxième, c’était ma description à moi. Là, j’avais 31 ans : mignonne, brune…Tout en sachant que j’ai du m’inscrire en tant qu’étudiante pour avoir les papiers, j’ai eu la chance qu’on m’ait fait les papiers cette année là parce que je devais être expulsée dans 15 jours.

Ca, c’est la troisième version : J’utilise l’image et je cite "moyen-orientale" et c’est la première fois que je dis "passeport". Il faut dire aussi que j’ai reçu beaucoup d’e-mail et c’était pas clair que c’était pour un passeport au départ. Donc, j’ai ajouté le passeport ici, en petit. J’ai dévoilé le nez, puis les yeux, puis la bouche, donc c’est 4 flyers.

Ca, c’est la version d’après, à 32 ans, sur le site de la FRAC,
http://www.fraclr.org/urgent/urgent.html, la version internet. C’est un gif animé, c’est dans un site d’art et dans un autre site qui n’est pas un site d’art aussi. Donc, il y a beaucoup de gens qui trouvent ça et qui envoient des e-mail.

Je dis toujours que c’est un projet artistique même s’il y a des gens qui soutiennent l’action. Il y a des gens qui proposent pour se marier mais je leur dis tout de suite : C’est un travail comme ça ! Donc, c’était en français, en anglais et en allemand. Ca, c’est la première version, l’image est complète (on me voit complètement) et c’est là que je suis passée à SPF (" Sans Papier Fixe ") parce qu’il y avait une loi Chevènement qui était passée pour les artistes professionnels. Donc, j’ai eu droit à des papiers provisoires. Donc, j’ai toujours des papiers et j’espère que l’an prochain, ils me donneront la carte de 10 ans. J’en sais rien, j’ai fait SPF comme pour les SDF.

Donc, la première fois que j’ai montré ça, bon c’était la première fois que c’était édité par quelqu’un, Mr BUYSE, à Lille. Son travail, c’était de faire des affiches comme ça avec les étudiants de l’école des Beaux-Arts de Lille donc, lui, il en avait déjà distribué énormément. Mais, moi, ce que j’ai fait pour la distribution de cette affiche là, c’est, qu’en fait, je l’ai fait avec les étudiants des Beaux-Arts de Montpellier qui avaient une action en Avignon pendant le festival. Ils avaient pris les vitrines des galeries Lafayette qui étaient vides, ils avaient installé un sofa et ils faisaient des interviews dedans. Ils invitaient des gens pour faire les interviews. Ce qu’il y avait, c’est que les gens de l’extérieur voyaient deux personnes qui parlent mais n’entendaient rien. Moi, ce que j’ai fait, c’est que je suis arrivée donc il y a des gens qui passent et j’ai mis des affiches. Après, j’ai fait cette interview et en même temps, j’ai fait une espèce de formulaire qu’un garçon distribuait dehors pour que les hommes veuillent bien remplir cette feuille. Pour la première fois, on savait que c’était moi.

En fait, c’était un formulaire, vous pouvez lire, il y a des gens qui ont rempli, dont deux policiers qui ont montré leurs cartes de police. Mais, moi, j’étais à l’intérieur, ils ne pouvaient rien faire, ils ont répondu, d’autres ont déchiré. Ceux qui ont répondu ont dit que c’était une action importante. Ce travail m’intéresse parce que ça touche le public dans la rue. Donc, j’ai fait beaucoup de choses avec le public dans la rue. Il y beaucoup de réactions comme ça des gens dans la rue. Je pense qu’à la fin, quand j’aurais ma carte de 10 ans, je vais probablement faire une édition de ça avec la permission des gens qui ont répondu.

Avant ça, j’ai oublié, il y avait un autre truc qui était important. C’était une espèce de magazine édité par un artiste et une association qui s ‘appelle Médamoti à Montpellier. C’était l’avis de concours, donc ça, c’était en 1998, une année avant ça. Bon, là, J’ai eu des réponses très rigolotes parce que c’était distribué par les réseaux d’art. Donc j’ai eu une réponse de gislain mollet-vieville, c’était un collectionneur d’art conceptuel qui a répondu : je veux un formulaire, parce que tout lui correspondait. Ca, c’était une magazine qui s’appelait "Domaine publi ", donc les artistes étaient invités à faire une intervention dans une page. C’était de Médamoti et d’un artiste qui s’appelle Eric Watier, ça a été très diffusé.

Et voilà, dernière version, C’était l’an dernier. Là, maintenant j ‘ai pris un an de plus donc je vais faire une nouvelle version. Mais ça va être un peu différent car j’attends un peu. J’aurais peut-être mes papiers cette année, selon ça, ça va changer… Toujours SPF, là j’ai mis carrément les photos et, avec ce projet, j’ai eu cette bourse de la FIACRE pour aller aux Etats-Unis. C’était un projet pour quelqu’un du Tiers-Monde (moi) qui cherchait une maison dans l’occident et l’histoire, c’était pour aller à New York pour trouver un mari. C’était avant, je suis rentrée en juin.

C’était pour trouver un mari (aux USA), le gouvernement français m’a donnée une bourse pour ça. En fait, c’était pour aller me marier aux U.S.A. et il y a toujours l’intrigue au ministère ! Est-ce qu’elle va se marier ? Est-ce qu’elle va revenir ? Parce qu’ils ne savaient pas si j’allais revenir ou non. L’idée, c’était surtout une vision des U.S.A. que surtout le Tiers-Monde a, en Europe aussi. C’est le nouveau Monde, c’est le but que la moitié des gens de mon pays ont, d’aller aux U.S.A.. Quand j’y suis allée, j’ai pas du tout aimé. C’était la première fois que j’y allais, même si j’ai un accent complètement américain, moi et mes bizarreries ! Donc, je me suis dit que je n’avais pas du tout envie de vivre là bas et j’ai changé le projet au fur et à mesure des six mois. J’ai décidé de faire un travail, une ou deux actions. En fait, l’idée du texte " Wanted " vient des petites annonces qu’on trouve dans les journaux là-bas.

Au début, je cherchais un appart, évidemment pas une chambre, et là-bas, c’est toujours marqué si vous êtes religieux ou non, juif, musulman, chrétien, si vous êtes hétéros ou non, si vous êtes blanc ou non, si vous fumez ou non… Donc, j’ai utilisé les mots du jargon qu’ils utilisent simplement. J’ai mis "female" parce qu’avec woman, les féministes seraient révoltés, pour ne pas dire femme dans le sens de woman. J’ai utilisé "legal alien" parce que c’est l’étranger qui a des papiers sinon, en utilisant " illegal alien ", c’est l’étranger sans papier qui est très raciste, je trouve que c’était trop fort, donc voilà, j’ai fait ça.

Finalement, pendant six mois, j’ai fait beaucoup de films que m’a inspiré ce pays. C’était une énorme source d’inspiration. Justement, c’est bizarre. Je ne savais pas comment distribuer ça. Finalement, j’ai décidé d’aller dans un endroit là-bas. C’est les poètes qui font du SLAM, c’est les poésies du rap, c’est la voie des gens qui ne sont pas blancs . C’est après ça que le rap est arrivé, c’est très populaire, très engagé. Il y avait un café, qui a trente ans, où il y avait des compétitions de "Slam poetry". Ce que j’ai fait, c’est que par hasard, j’ai demandé à quelqu’un, s’il voulait bien faire une performance pour moi en disant ses poésies. Il a dit oui, donc, pendant la compétition de poèmes, un homme afro-américain a lu ça : Une femme qui était blanche, qui n’était pas occidentale cherche un mari. J’étais très contente parce que le public a bien aimé. C’était un public mélangé. C’est le seul endroit à New York où il y avait tous ces gens de toutes les races. Ailleurs, il n’y a absolument pas ça. C’était vraiment un très bon milieu pour le faire.

Puis, il y a un autre projet pour que ce soit distribué dans un centre d’art contemporain. Ce qui m’intéresse là-bas (dans ce centre), c’est qu’ils mettent de l’art partout, même dans les toilettes ! Je veux faire une action de cartes postales et les mettre dans les toilettes, mais c’est un projet en cours de négociation. Mais, je pense que ça ne va pas se faire. Ca, c’est l’action américaine de cette année.