« Depuis ses premiers travaux, au début des années 1990, Kolkoz n’a cessé de mettre en jeu, au sens propre comme au sens figuré, les effets de la simulation. Il n’est pas une de leurs réalisations dont le point d’entrée ne soit un dédoublement – d’une réalité, d’une personne ou d’une forme – opéré par modélisation. Au plus simple, la simulation est un mode spécifique de génération de l’illusion qui permet de naviguer entre une réalité physique et une réalité virtuelle. Le travail artistique engagé par Kolkoz joue d’une activation des pouvoirs de la représentation au travers des transactions et des échanges entre le réel et le virtuel. » Christophe Kihm, Extraits du texte « Mutations esthétiques », publié dans la catalogue Kolkoz, Touristes, Bookstorming, Léo Scheer, 2005.

Imprégnées de cultures pop et d’entertainment plus que de science et de technologie, leurs propositions s’articulent autour de médias low tech et grand-public. En 2001, à la Biennale de Lyon, ils proposent une pièce à double entrée, la contemplation d’un gamer ou la position d’un gamer en action. La frontière presque transparente, matérialisée dans cette pièce par un miroir sans tain, deviendra encore plus imperceptible dans le projet Kolkoz.org qui proposera à des collectionneurs d’art contemporain une alternative d’existence à travers un jeu vidéo en réseau. Il y a eu aussi les Kolkoz Towers, agrégats d’échoppes s’élevant avec une insolence érectile comme de nouvelles tours de Babel au centre de quartiers d’affaires. Avec les Portraits arabes, ils ramènent l’idée du téléphone arabe au dessin et utilisent le plus simple des réseaux comme outil. Leur exposition, à la Galerie Emmanuel Perrotin (18 mars – 29 avril 2006), titrée La Matière du mensonge, s’articule autour du projet de films de vacances inauguré au Palais de Tokyo pour l’exposition Notre Histoire (21 janvier – 7 mai 2006). De ces vidéos sans intérêt, ils ne conservent que la bande son et le montage et remodélisent personnages et paysages entièrement en images de synthèse, transcendant ainsi la banalité de ces films amateurs en une « hyper banalité ». Trois installations de mobilier simplifié dans leurs formes servent d’écrin aux films de New York, Hong Kong et Formentera. La Matière du mensonge peut être envisagée comme l’énigme que représente la simulation de l’intimité.

Kolkoz : Samuel Boutruche (né en 1972 à Avranche) et Benjamin Moreau (né en 1973 à Paris) vivent et travaillent à Paris. http://www.kolkoz.org




Film de vacances, HongKong, 2005, médium, peinture, DVD, lecteur de DVD, TV, 215x215x170 cm, édtion unique ©Galerie Emmanuel Perrotin.