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Nathalie Junod Ponsard, Trajectoires Absorbées, Grande Galerie, Forum des Halles, Paris 2005-2007
« Depuis toujours la lumière est une des préoccupations majeures de l’art. Elle est l’instrument de la visibilité, la condition de l’apparition du monde. Elle est, chez Nathalie Junod Ponsard, le matériau de construction de l’œuvre. Ses installations, conçues avec les caractéristiques des conditions particulières et concrètes de leur exposition, partent du postulat développé par les disciples du Light and Space sur l’intégration de la lumière dans un espace choisi. Nathalie Junod Ponsard entraîne le visiteur dans un état hypnotique comme une nouvelle expérimentation physique et émotive, une homéostasie éphémère offerte par un parcours de l’œil et du corps immergés dans la matière lumière mise "en acte et en situation".
[…] Elle a pris le parti d’inverser le rapport usuel de l’objet à l’éclairage. La lumière n’est plus un instrument mais un sujet à part entière. À cette lumière s’ajoute la couleur pour ce qu’elle a de qualités biologiques (Pharmakon en grec) et d’influences sur l’humeur par les valences tensives propres à certaines couleurs : l’indigo marié à l’orange, sa complémentaire, installe une sensation de vertige et renverse les effets de volumétrie, le magenta marié au vert provoque un déséquilibre. La couleur, tamisée, violente, hypnotique, nous plonge malgré nous dans différents états : proximité, élan, attirance, dépouillement, éloignement, faiblesse. Le spectateur est affecté, corps et âme, à une expérience troublante qui relève d’une relation endogène de l’être physique au monde.
Les pièces de Nathalie Junod Ponsard peuvent être vues comme autant de symboles de l’exposition du monde à notre perception et notre intellection (Barthes), mais aussi comme un signe, un index hypnotique, désignant quelque chose de singulier de la situation d’exposition.
[ …] Où l’on s’aperçoit que l’univocité de la relation entre l’espace de l’exposition et l’œuvre peut favoriser des propagations nouvelles. »
« "Let There be Light", Nathalie Junod Ponsard, ou l’éblouissement poétique. » Agnès Violeau, décembre 2006.
Biographie
Nathalie Junod Ponsard, née en 1961, diplômée de l’Ensad en 1986, vite et travaille à Paris.
Elle a participé à des expositions et manifestations d’art contemporain internationales : Festival de France en Inde, French May à Hong Kong, Biennale d’arts visuels à Singapour, 1ère Nuit Blanche (2002) et 1ère Nuit des Musées à Paris (2005). Elle a exposé dans des musées nationaux : Singapore Art Museum (2001/2002), Bauhaus Dessau Foundation (2004), Centre Georges Pompidou (2005). Elle travaille actuellement à la création d’ œuvres pour le Art Festival de Reykjavik en Islande et la manifestation Luce di Pietra à Rome où des artistes français et italiens investissent palais et autres sites romains. Nathalie investira le souterrain du Palais Farnèse.
Nathalie Junod Ponsard : Visions expérimentales urbaines — des niveaux de conscience particuliers
Introduction aux installations répertoriées sur son site internet
« Cherchant à identifier et proposer de nouvelles dimensions et de nouvelles voies de vision dans l'expérience de vies urbaines souvent nocturnes, je souligne l’influence importante de notre environnement et surtout celle de l’environnement urbain sur l’homme. Explorant et choisissant des sites réels, construits, je les transforme avec la lumière artificielle ou naturelle. Mes installations engendrent de nouvelles visions, un déplacement de ces visions.
Mes recherches m'ont amenée à explorer l'influence de la lumière sur les systèmes biologiques humains, à expérimenter les limites de la perception et les effets psychotropes de la lumière, proposant au public de participer à ces expérimentations en entrant directement dans
— les lieux sans sommeil et stimulants provoqués par un bain de lumière intense rouge et verte à la galerie Guggenheim de Los Angeles, et à la piscine Pontoise à Paris pour la première Nuit Blanche;
— des installations troublant la perception visuelle dans le musée d’art contemporain de Singapour et au Forum des Halles avec Trajectoires absorbées;
— dans la lumière hypnotique engendrée par les installations Capsule Hypnotique, Voyage Hypnotique et Sommeil Artificiel à Paris et Brest, et Vertigo sur la Gaîté Lyrique à Paris;
— dans de nouvelles expérimentations lumineuses provoquant un vertige visuel au Bauhaus Dessau Foundation : Vertige en apesanteur, à Genève sur le lac, sur la façade de l’AFAA à Paris;
— dans un laboratoire de lumière ou une sensation de flottement au Centre Georges Pompidou avec Phénoménologie de la lumière et En flottement, toutes deux œuvres permanentes.
D’autres expérimentations physiques déstabilisantes entraînant l’éblouissement provoquent le sentiment de présence chez le spectateur. Aristote nommait la couleur : pharmakon, drogue. Pour Barthes, la couleur submerge. » Nathalie Junod Ponsard
Liens
À la fin des années 1960 à Los Angeles s'invente le mouvement Light & Space, extension de l'art minimal et conceptuel, branche particulière de l'art environnemental propre au climat sud-californien. Los Angeles, naissance d'une capitale artistique, Centre Pompidou, 8 mars-17 juillet 2006). Les artistes du mouvement Light & Space sont Larry Bell, Robert Irwin, Maria Nordman, Eric Orr, James Turrell, Douglas Wheeler > Jan Butterfield, The Art of Light and Space, Abbeville, 1996
James Turrell, The Light inside, tunnel souterrain, Museum of Fine Arts, Houston.....
Le précurseur : László Moholy-Nagy, Licht-Raum Modulator (modulateur d’espace lumière, 1922-1930)
Les pionniers des arts technologiques : Sylvie Lacerte, «Experiments in Art Technology». À propos de E.A.T, créé en 1966 : «Il est tout de même étonnant de constater que la plupart des artistes qui étaient des membres actifs de E.A.T. œuvraient à l’intérieur [des courants artistiques minimal art, pop art, art conceptuel, contemporains de E.A.T.] Pour n’en nommer que quelques-uns pensons aux Andy Warhol, Jaspers Johns, Robert Rauschenberg, Vito Acconci, John Cage, David Tudor, Robert Whitman, Carl André, Richard Serra, Hans Haacke, Carolee Schneeman. »
Aujourd'hui : Olafur Eliasson, The Weather Project, Tate Modern, 2003
Mischa Kuball, ReMix/Broca II (Letters/Numbers), ZKM, 2007
Philippe Rham, architecte : http://www.philipperahm.com/3F.html
Mader Stublic & Wierman : http://www.webblick.de. « Mader Stublic & Wierman create correlations of space by extending architecture as a stereoscopic medium to embrace time- bound media such as light, video and sound. Rather than just constructing an accessory to the buildings they work with, the results bring another layer, much like an onion in reverse. »
in DAMn° 10, http://www.damnmagazine.net.
Colloque : Illuminer, Lumière et espace public, conçu et réalisé par Paul Ardenne et Luciana Ravanel, 7 avril 2006, cycle annuel de conférences, domaine de Lézigno, fondation créée par l'entreprise Technilum, dédiée à l'art, l'architecture, le design et le paysage contemporain.
« L'objectif du colloque Illuminer est de faire se rencontrer et dialoguer, l'espace d'une journée, divers créateurs recourant à la lumière en milieu collectif tels qu'artistes, architectes ou maîtres d'œuvre d'événements fondés sur une pratique d'illumination. Cette rencontre est l'occasion de mettre en perspective les réalisations dans ce domaine des divers invités et de qualifier au plus près le rôle de l'"opérateur lumière", ses stratégies et son attente. Le recours à la lumière, au-delà de l'offre esthétique, est un acte social. La lumière telle que l'utilisent concepteurs lumière, architectes ou artistes peut de la sorte être requise pour sa puissance de formalisation poétique (donner du sens à ce qu'on éclaire), voire dans certains cas politique (imposer ou minorer l'autorité du lieu). Au regard du monde habité, "illuminer" constitue bien un geste intense, jamais innocent, faisant de la lumière non seulement un signe mais encore un démultiplicateur de l'espace public. »
La relation à l'œuvre d'art : (cité par Agnès Violeau) Roland Barthes, L'Obvie et l'obtus, 1982
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