NETCAST CHANNEL PROJECT
Conception et direction : Jordan Crandall
Équipe de développement : Nicolas Aubrun, Laurent Simonini,
Guil Hadad, Sanford Wintersberger, Shawn Lawson, Riquardo Mbarak,
Pedro Mota, Alex Lee, Julien Antoniucci
CONTEXTE :
A l'ère postindustrielle, la largeur de bande très élargie, au coin de la rue, permettra la transmission de la vidéo en directe sur Internet avec la qualité de la télévision. Même la troisième génération de téléphone portable qui est développée aujourd'hui permettra d'enregistrer et de transmettre de la vidéo en temps réel. Ce terrain de jeu est animé par tant d'intérêts en compétition : les manuvres des conglomérats des médias tournent autour de qui va décider des standards, qui va contrôler l'accès etc. à la société d'information commerciale immersive, qui est en train de se former. Nous parlons là d'un système duquel la plus grande partie du monde va être exclu. Il est essentiel de porter l'attention à qui va parler, qui va être représenté. En tant que praticiens des médias nous devons agir vite en développant des manières d'intégrer des gens différents dans le système : en lançant des présences diverses, en ouvrant des axes culturels hétérogènes, en allant vers une politique de présence sur les réseaux. Les enjeux sont grands.
Pour ceux qui pensent que 500 chaînes c'est beaucoup : bientôt nous en aurons 500.000. Où voulez vous aller aujourd'hui ?
Nous ne parlons pas seulement d'un média, mais d'une nouvelle espèce d'espace urbain - un espace avec ses nouveaux droits et revendications.
« On peut définir la communication comme un effort constant de traduire une particularité en une autre, dans d'autres termes ; de rendre une réalité locale compréhensible dans un autre lieu ; d'échanger des significations d'une manière qui ne réduise pas les deux parties à un standard commun, linguistique, monétaire ou autre, mais qui rajoute toujours des nouveaux points de rencontres entre les gens. L'art est un champ idéal pour donner suite à ce travail qui pourrait devenir un projet culturel global. » (Brian Holmes)
DESCRIPTION DU PROJET :
Ce projet propose un format pour un canal de distribution sur réseau. Cela fonctionne de la manière suivante : chaque programme tourne autour d'un événement de l'actualité particulier. Nous allons commencer avec les interventions récentes des Américains dans l'Irak. Il y a une station de commutation centrale laquelle peut router une série de données vidéo en directe ou enregistrées, qui sont envoyé, à partir de stations locales ou à partir de magnétoscopes personnels . Ces transmissions sont des perspectives régionales très particulières sur l'événement - des articulations locales qui voient le même événement de manières différentes. Les liens de l'interface permettent d'accéder à ces perspectives. Vous faites donc la lecture de l'événement en le regardant à travers plusieurs tuyaux de communication en même temps. L'événement offre un point de ralliement autour duquel beaucoup de personnes parlent et à travers lequel beaucoup de présences se font connaître. Un espace publique s'ouvre autour de ce point.
L'événement peut être interprété à travers l'émission commerciale ou personnelle, en l'enregistrant au moment où il a lieu ou après-coup en enregistrant l'impact qu'il a sur la culture locale, en enregistrant sa réception culturelle spécifique, ou simplement en se mettant devant la caméra et en le commentant, assumant le rôle d'un présentateur.
Un texte incrusté va apparaître sur l'image, donnant de l'information qui pourrait être traduit si les logiciels de traduction s'améliorent. Idéalement quelqu'un peut laisser des marques dans le système et « prendre une chaise » pour intervenir. La seule condition est de traiter ce même événement. Plutôt que de faire un échantillonnage de beaucoup d'événements d'actualité sous un seul point de vue, comme le fait la CNN, et plutôt que de donner un tas de liens qui disperse l'attention et encourage le « surfing », comme c'est la règle sur Internet, cette chaîne focalise sur un événement pour une période de temps importante. Elle rompt avec la singularité de l'événement en l'approfondissant et en dispersant les lieux de l'observation. Elle oblige à se déplacer, à occuper plusieurs positions, souvent incompatibles dans un mouvement qui est très différent du clic sur les hyperliens. Elles utilise l'événement comme un dispositif afin de mettre les réseaux au premier plan, de mobiliser des présences diverses, d'introduire un éventail de sujets.
Ici, des stratégies d'images artistiques auront leur place aux côtés des médias d'information établis ; l'approche critique aux côtés du commercial. Ceci est très important puisqu'il n'y a pas d'endroit à cette échelle où une pratique critique des réseaux pourrait se maintenir contre les médias commerciaux, en coexistant. Nous devons les inventer.
Le pourvoir à l'age de l'information, c'est l'accès à la signification de la représentation. Et pour ceux d'entre nous qui n'ont pas ce pouvoir d'accès, il y a la responsabilité de projeter l'extérieur dans le champ de la vision. La question posée est : quand nous tenons les caméras vidéo, quand nous avons accès à ce média de distribution énorme, qu'allons nous dire ? Comment le média critique peut-il acquérir du pouvoir, comment peut-il avoir un lieu dans la perception publique ?
Date de lancement : juin 1999
|