| Artifices 3 | 5 novembre-4 décembre 1994 | Mise en mémoire, accès à la mémoire |
| Installations | Chaque vidéo présente un mot , l'une « SaVr.3 », l'autre « kilL.1 » qui correspondent à des combinaisons de signes utilisés pour mettre en mémoire les données dans l'ordinateur, ou pour les détruire. Le nombre de signes limité de ces noms produit des hybrides incompréhensibles par l'utilisateur. « SaVr.3 » et « kilL.1 » sont les mots mêmes qui ont servi pour la production de cette animation. Un bloc de texte modelé en 3D tourne en une boucle sans fin autour de son propre axe x. La caméra se trouve si proche du corps du bandeau qui tourne que seule une partie du texte est visible en une perspec-tive accélérée. Cette impression de monumentalité sublime doit évoquer la violence d'une brutalité abstraite, mécanique, invincible, avec laquelle tourne aussi la roue de l'impérialisme idéologico-technique. La rotation sans fin, relativement peu spectaculaire, d'un texte toujours identique qui consiste seulement en six signes et qui n'est pas tout à fait lisible, sous-exploite délibérément les possibilités des ordinateurs les plus puissants. Elle crée de cette manière une redondance lapidaire et iconoclaste, qui contredit l'orientation normale d'évolution et de développement vers la complexité des autres produits de l'industrie de l'image. Le réductionnisme autoréférentiel employé ici, avec cette rotation et cette signification, essaie d'être proche de l'instrumentalisation de la langue, afin de révéler le paysage bureaucratique des usages informatiques. Presque toutes les techniques et technologies culturelles peuvent être réduites au fait de se souvenir, de traduire des expériences du savoir, du savoir-faire et de retenir des événements. Paradoxalement, les énormes machines de mémoire du XXe siècle qui enregistrent des quantités inimaginables de données, en un temps incroyablement court, produisent un effet secondaire chez les utilisateurs de ces machines qu'on pourrait appeler simplement perte de mémoire. Concrètement parlant, il ne s'agit pas du fait, par exemple, que les Japonais « désapprennent » à écrire leurs idéogrammes en utilisant des ordinateurs, ou que les élèves ne soient plus capables de faire du simple calcul mental sans machine à calculer, ou que la photo comme l'image vidéo se substituent à la mémoire; avant tout, ici, il s'agit du fait qu'il y a une industrie des médias qui, axée sur la consommation, absorbe la mémoire et l'accomplissement individuel de l'imagination, en change le sens et à la fin les supprime. Ceci a des conséquences fatales, politiques et idéologiques, qui transforment le passé et l'histoire en un théâtre de luttes de pouvoir. Dans un temps où les institutions démocratiques sont ainsi menacées d'une neutralisation élégante ou d'une liquidation moins élégante, où il y a un tissu de produits médiatiques omnipotents qui se met à leur place, la lutte pour la « mise en mémoire » ne peut être qu'une de mes préoccupations les plus importantes en tant qu'artiste. Né en 1961 à Bindenz, Autriche. Diplômé d'histoire et de philosophie de l'Université d'Innsbruck et de l'École nationale supérieure des arts décoratifs à Paris, il vit et travaille à New York. Expositions personnelles récentes : Ghislain Mollet-Viéville, Paris, 1990; Philomène Magers, Bonn, 1990; White Columns, New York , 1991; Randy Alexander, New York, 1991; Nordanstad-Skarstedt, New York , 1992; Massimo de Carlo, Milan, 1992; Roger Pailhas, Paris, 1992; Dallas Museum of Art, 1992; Person's Week-end Museum, Tokyo, 1993; Ghislain Mollet-Viéville, Paris, 1993; Roger Pailhas, Marseille, 1993; Nordanstad, New York , 1994; Roger Pailhas, Paris, 1994.
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