| Collectif, Transports, messagerie d'images numériques, 1990 :

Projet conçu par A.T.I. - Université Paris 8 (Liliane Terrier) avec la participation de l'E.N.S.A.D. (Don Foresta) et d'autres écoles d'art et auteurs.
Matériel : ordinateurs Apple Macintosh, imprimante laser, modems Hello Informatique, logiciels MacVision et HyperCard, écran à cristaux liquides, rétro-projecteur.

On considère le micro-ordinateur comme le chemin de l'inscription d'un transport - émotion, enthousiasme - à la découverte de l'actualité locale ou globale contiguës des faits de l'existence et de la vie individuelle. Le transport sera une modalité pour confectionner son stock personnel d'images mentales et d'aphorismes que l'on s'efforcera de faire redéposer en constellations de pixels, pour renouveler l'émotion, à la demande, ici et ailleurs. L'objet final s'élabore dans le temps de l'exposition. C'est une collection de clips en trois images convergeant par téléphone (modem) vers Artifices, «lieu de commutation des apparences sensibles» (Paul Virilio).

Le réseau de micro-ordinateurs réinvente le geste épistolaire, la lettre «qui semble favoriser la communication et la proximité et qui disqualifie en fait toute forme de partage et produit une distance, un éloignement conduisant aux frontières de l'écriture poétique» (Vincent Kaufmann) et au roman épistolaire de La Nouvelle Héloïse de J.-J. Rousseau. Le transport qui en est l'impulsion, est dépeint en appendice de ce roman, à la fois comme symptôme et estampe exemplaire, gauche et primitive (nos clips en seraient un écho) : «Le lieu de la scène est un bosquet. Julie vient de donner à son ami un baiser cosi saporito qu'elle en tombe dans une espèce de défaillance Le jeune homme a les deux bras étendus vers Julie; de l'un il vient de l'embrasser et l'autre s'avance pour la soutenir. Son chapeau est à terre. Un ravissement, un transport très vif de plaisir et d'alarme doit régner dans son geste et sur son visage.»

Issu de l'atelier de communication internationale sur micro-ordinateur Network Planetario à la Biennale de Venise de 1986, Section Tecnologia e Informatica, et lié au Centre de Recherche de l'Université Paris 8, ce collectif a pour projet de travailler aux usages artistiques de la transmission d'images dans les réseaux de micro-ordinateurs. Il a conduit plusieurs scénarios et expériences mettant en évidence les capacités de production littéraire et visuelle du réseau, au-delà des performances de communication.