Le monde a-t-il conscience de ce qu’il fait lorsqu’il se reproduit ? Ne se laisserait-il pas emporté par le cours des événements ? La vie est une histoire qu’on ne maîtrise pas. Certains diront que c’est ce qui lui donne du charme. Cioran disait à ce propos : « Un optimiste est un sceptique qui n’a pas toutes les informations. ». Ainsi m’est venu à l’esprit d’interroger certaines de mes connaissances au sujet de cette procréation qui sans aucun doute nous dépasse complètement. Car ce que nous envisageons lorsque l’on parle de bébé ou d’enfant, c’est avant tout un être sensible. Ce qui n’est pas sans soulever des questions morales et éthiques. C’est bien pour cela que les gens, futurs parents dissimulent une partie du problème derrière ces expressions courantes : « faire un enfant », « je veux un bébé »…etc. Il ne viendrait pas à l’esprit de dire : « Faisons un être sensible capable de plaisir et de souffrances ! ».
Alors ma première démarche a été d’écrire un scénario, de le « story-boardé » dans lequel une mère de famille décidait de jeter son enfant par la fenêtre en réaction au départ du père qui fuyait ses responsabilités. Puis il m’a fallut reconstruire tout le propos et de là l’envie de filmer des ami(e)s entre 20 et 30 ans. L’âge d’avoir son premier enfant à reculé du fait de transformations économiques et sociales (allongement des études, carrière dans une entreprise, travail des femmes…etc.) ; cet âge est passé en vingt ans de 25 ans à 33ans. Mes connaissances ne sont pas tous concernées dans l’immédiat par la procréation. Mais pour certains « le délai statistique » se rapproche. Je leur ai donc posé des questions hétéroclites sur le sujet. « Avoir des enfants, t’en penses quoi ? Crois-tu que tu seras à la hauteur ? Un enfant énervant, tu irais jusqu’où pour le calmer ? L’homoparentalité t’en penses quoi ? ».
Il en est ressorti déjà des choses. Tous, femmes ou hommes ont ce désir d’avoir des enfants. Cela fait parti pour certains d’un projet de vie. Au-delà les réponses sont similaires, superficielles. Je n’ai les pas confronté à cette absurdité que me semble à moi si patente lorsqu’on parle de procréation. Je leur ai parlé de risques, de danger, de souffrances, d’échec mais ce qui ne les a en rien déstabilisé.
Pourquoi Poker Baby ? La vie est un jeu pernicieux dans lequel les joueurs sont considérés comme des fous. Alors est-il judicieux qu’un fou puisse se reproduire en toute impunité ? Dans ce jeu soit on se couche, soit on mise. Sauf qu’ici cette mise ce fait à partir de la vie d’un être à venir. Qui sont ceux qui veulent jouer avec la vie?
La deuxième démarche de mon travail est en cours. Je pose comme postulat et comme objectif de mon documentaire ce qui suit : Nous sommes des entités absurdes jouant une vie qui l’est encore plus. Est-il bien raisonnable de procréer, donc de perpétrer cette absurdité ? Film en noir et blanc où les couleurs de la vie s’effacent au profit d’un important contraste (je refais des expériences de cadrages et lumières ! !) pour ne garder je l’espère que notre sombre folie d’être humain.
La suite….au prochain semestre !