Chaque individu dégageant sa propre énergie et sa propre force provoque des sentiments. Il y a un mouvement dans le “portrait” et une harmonie qui me rappelle la musique. En effet, pour moi, la musique et l’image sont liées, ne serait-ce que par le «clic» de l’appareil photo. Mais, outre ce son technique, j’associe l’image et la musique à mon enfance car ma première expérience avec l’image passe par le cinéma.
Un individu bouge, respire et vit. C’est cette énergie, ce mouvement qui m’intéresse. Le lien avec le son est inconscient mais ce transpose sur l’image qui “parle” ou se tait avec force.
Etant plasticienne et connaissant que la première introduction à l’art passe par le dessin, ce qui m’a vite amenée à l’autoportrait. J’ai commencé par des croquis/esquisses devant mon miroir. Puis je me suis photographiée devant ma glace, puis sans. Essayant les angles les plus fou, ma démarche dans l’autoportrait s’inscrit dans l’expérimentation des limites: Il n’y a plus de cadre juste, ni de bonne proportions ni même de réglages corrects. Avec l’autoportrait je voulais dépasser le stéréotype du «beau, propre et parfait», qui est trop artificiel, trop virtuel et la vie réelle est totalement différente.
Dans la photographie “traditionnelle” il existe une relation entre le photographe et son modèle, entre l’appareil photo et l’objet photographique. Dans l’autoportrait ces proportions changent complètement, renversent. Le photographe devient le sujet et l’appareil photo devient la prolongation de la pensée.
Donc, j'ai décidé de développer ma théorie, à propos de l’autoportrait, en passant pour la première fois à la vidéo. Pour moi c’était un grand défi de faire des prises de vues avec un nouveau dispositif comme celui-ci de la web caméra. Cette fois les termes “ont été inversés”. Mon dispositif était stable et l'objet (dans ce cas, moi), c’était ce qui était en mouvement. L'expérience d'un nouveau dispositif ouvre toujours des horizons nouveaux pour la perception d'un objet et il nous donne de nouvelles possibilités de sa confrontation et son évolution.
Je peux dire, que je caractérise mon travail plutôt photographique que filmique. En regardant les plans que j’avais fait, j’ai réalisé, que je les ai traité plus en prises de vues que en séquences. Sans aucun scénario ou continuité logique, j’ai compris que ce que je cherchais, était le cadrage que j’avais déjà appliqué à mes photographies.
Avec la même logique je continue le montage, sans règles ou critères spécifiques mais seulement avec l’instinct et le sens de la plénitude pour ce que je crée esthétiquement.
Etant grec, l’expression “périmètres critiques” a une signification spéciale; est traduit autour, pourtour et dérive du verbe qui signifie juger, considérer. Pour moi une "c’est premièrement notre corps, notre frontières et limites avec le monde…