Périmètre critique Clément Cornet, Sunwukong,------------------------------------------------- --------s
Les difficultés que j’ai rencontrées.

Dans l’élaboration d’un film, il y a une façon de progresser qui serait d’aller par tâtonnements. J’entends par là, filmer, regarder les rushs, retourner pour saisir ce qui serait ferait défaut, continuer à explorer, etc…ce n’est pas ce chemin qui s’est imposé : la personne filmée habitant Toulon, je ne peux plus refilmer facilement. Mon point de départ est donc 5 heures de rush à explorer. Ceci m’a forcé à regarder plus attentivement ce que j’avais filmé.

Il a fallu accepter que le travail qui s’est imposé au fur et à mesure du montage soit un film qui ne dure que 4 à 5 minutes. Ce, malgré les 5 heures de rush et une aspiration à priori pour un film d’une heure. Je me suis rendu compte que, par des ellipses, en concentrant mon propos, j’en disais plus en 5 minutes qu’en une heure.

« ne cours pas après la poésie, elle pénètre toute seule par les jointures (ellipses) » Robert Bresson.

la troisième difficulté a été celle de dépasser l’admiration -et le caractère narratif et littéral que j’avais avec mon « modèle ». je tenais à être plus précis sur l’intention poétique qui m’habitait et ce que je voulais vraiment montrer.« Il ne serait pas ridicule de dire à tes modèles : « je vous invente comme vous êtes » ». Robert bresson. 

Ce que j’ai voulu montrer

Je montre par la succession de séquences qui s’éclaire l’une l’autre - le sens de ce qu’est « avoir un corps construit et synchronisé en mouvement ». Le geste seul, étrangement, ne suffit pas à dire cela. Il a fallu l’ajointer à une pratique à un geste du quotidien ou encore à ce qu’est l’entente profonde de la musique pour que cette façon d’être dans son corps se montre pleinement.

J'ai enlevé tous les points trop saillants, narratifs, pour garder l’épure purement visuelle. Je montre le geste avant qu’on ne reconnaisse trop clairement ce qui se passe et que l’on cesse alors de regarder. Je pense à la scène du balai et du rôle du corps dans cette activité comme exemple.

-ce que fait un artiste (martial ou autre), c’est de lier, de laisser la place à l’harmonie, de rentrer dans un rapport unitaire avec le monde. Il a été donc important de retrouver dans le montage du film, un équivalent au montage de ses gestes. Le montage étant une manière physiquement de lier les éléments dans un ensemble qui fait un.

L’enjeu ici a été de réinventer cinématographiquement ce que Philippe fait, au lieu de déplorer, enregistrer le fait brut.
-son corps ne devient plus qu’un paratonnerre. Il incarne quelque chose qui est en rapport avec le ciel et la terre. Ceci se dit avec le balai, avec la musique, avec le téléphone où il est comme pris par le mouvement qui l’emporte, dans le ba gua zhang. Il n’y a plus de caractère hiérarchique entre une activité ménagère, l’art (la musique) et un art martial.