Je montre par la succession de séquences qui s’éclaire l’une l’autre - le sens de ce qu’est « avoir un corps construit et synchronisé en mouvement ». Le geste seul, étrangement, ne suffit pas à dire cela. Il a fallu l’ajointer à une pratique à un geste du quotidien ou encore à ce qu’est l’entente profonde de la musique pour que cette façon d’être dans son corps se montre pleinement.
J'ai enlevé tous les points trop saillants, narratifs, pour garder l’épure purement visuelle. Je montre le geste avant qu’on ne reconnaisse trop clairement ce qui se passe et que l’on cesse alors de regarder. Je pense à la scène du balai et du rôle du corps dans cette activité comme exemple.
-ce que fait un artiste (martial ou autre), c’est de lier, de laisser la place à l’harmonie, de rentrer dans un rapport unitaire avec le monde. Il a été donc important de retrouver dans le montage du film, un équivalent au montage de ses gestes. Le montage étant une manière physiquement de lier les éléments dans un ensemble qui fait un.
L’enjeu ici a été de réinventer cinématographiquement ce que Philippe fait, au lieu de déplorer, enregistrer le fait brut.
-son corps ne devient plus qu’un paratonnerre. Il incarne quelque chose qui est en rapport avec le ciel et la terre. Ceci se dit avec le balai, avec la musique, avec le téléphone où il est comme pris par le mouvement qui l’emporte, dans le ba gua zhang. Il n’y a plus de caractère hiérarchique entre une activité ménagère, l’art (la musique) et un art martial.