Q.: "Votre film Ann Lee in Anzen Zone, Ann Lee en zone de sécurité, est le troisième volet du projet No Ghost, Just a Shell initié par Pierre Huygue et Philippe Parreno ( Ann Lee est un personnage de manga acheté à une agence japonaise de création de personnages). Dans votre version, Ann Lee semble sémanciper de son état de personnage virtuel en interpellant directement les spectateurs dans sa langue dorigine (le japonais): Est-ce une volonté de retrouver ou plutôt de trouver son identité ?
D.G.-F.: Oui, bien sûr. Elle parle dans sa langue et se dédouble. Sa traduction vivante (en anglais) est un clône delle-même. Ann Lee a une dimension très contemporaine; elle est à la fois dédoublée, elle existe dans différentes langues et elle adopte une position un peu apocalyptique: " Vous serez tous envoyés vers un lieu sans retour, cest un voyage vers nulle part ... ", " Vous disparaîtrez dans vos écrans".... Pour moi, il est naturel quelle parle le japonais vu que cest sa langue dorigine. Ann Lee se lance en fait dans un délire intellectuel. À travers Ann Lee, Gold et le Cosmodrome, je peux enfin explorer cet espace de la science-fiction.
Q.: Ann Lee parle en japonais tout comme les deux adolescents de Riyo. Dans Ipanema Theories, il y a également des vues de Tokyo. Vous semblez affectionner particulièrement ce pays.
D.G.-F.: Jy vais depuis longtemps et cest une source dinspiration permanente. Ce nest pas de laffection. Jy suis allée pour la première fois en 1987 et depuis, une vingtaine de fois. Jy suis restée une fois pendant six mois. Cest un lieu dinspiration très intense. Mais il y en a dautres. Le Brésil notamment. Le film Riyo montre le bord de la rivière à Kyoto. Ce nest pas du tout le Japon cliché que lon peut voir dans certains documentaires où lon peut voir des centaines de gens prendre le métro. Cest lanti-image cliché. Cest pour cela que les films sont beaucoup plus intéressants que les mots.