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13 décembre 2000 | Dominique DE BEIR | Le nerf du corps, 13 décembre 2000 | |
http://www.dominiquedebeir.com/ |
La rencontre à Paris 8, avec Dominique de Beir : Passer par la forme pour aller vers le texte. Considérer le texte comme prolongement de la pensée. Le texte inspire les formes. Chaque dessin est à l'échelle du corps géographique. Montrer l'extérieur pour arriver à l'intérieur. Peintures plates mais profondes. Éviter des formes fermées. Le geste physique est plus fort que l'image. |
1. Ses outils, son atelier Les outils qu'elle utilise se présentent comme des éléments de ses oeuvres. Ce sont des outils qu'elle fabrique elle-même, sorte de bricolage: morceaux de bois récupérés dans lesquels elle fixe des clous, il y en a de toutes sortes (plus ou moins grands).Ce sont pour elle des "gadgets", qu' elle fabrique sous forme de gants ,de chaussures sous lesquels sont fixés des clous. Ils lui permettent donc de perforer en marchant et de transpercer plusieurs épaisseurs de papiers, de cartons.Ces outils sont impressionants par leur taille,ils paraissent même brutaux à cause des clous qui vont dans tous les sens.C'est un geste très physique qui demande un travail de tout le corps. Ses oeuvres sont travaillées en piles , elle utilise quelque fois une chignole,ou une perceuse,mais elle préfère un travail manuel.De même elle utilise des scalpels, des seringues médicales qui lui permettent d'injecter de l'eau de javel à travers plusieurs épaisseurs de cartons , le support est ainsi décoloré ce qui crée un relief (idée de pénétrer le support, de regarder à l'intérieur). Aussi, elle intercale des feuilles de carbone entre les cartons ce qui donne des auréoles bleues. Dominique de Beir utilise des supports neutres ou imagés, qu'elle travaille le plus souvent au sol et de temps en temps sur une table ou au mur. Ses panneaux sont assez grands (Sils-Laura 1,20x1,60m). Ses plus grands formats sont travaillés à l'intérieur de l'atelier, mais les plus petits peuvent êtres faits à l'exterieur. Pour elle le processus est plus intéressant que le résultat final puisqu'elle ne regarde pas son travail avant qu'il ne soit achevé. Quelques mots sur son atelier que nous avons pu visionner en vidéo . Il parait grand, froid, rangé, avec beaucoup de cartons empilés.Il ressemble en quelque sorte à une usine ou à un chantier. 2. Les oeuvres Ainsi à l'aide de ces outils nous observons la naissance de ses oeuvres. Chaque oeuvre est mise en rapport avec le corps humain et contient des caractéristiques propres à la physiologie humaine. La peau nous sert d'antenne. Elle nous renseigne sur notre environnement. Elle emmagasine nos impressions tactiles. Elle est porteuse de nos blessures. Elle peut être cachée ou exhibée. Chaque élément de son travail relève aussi bien de l'extérieur que de l'intérieur du corps. Ses oeuvres ont un caractere différent, l'artiste les personnifient en leur donnant un nom. Elle affirme donc leur présence et les rend égales aux hommes en leur donnant un corps. Il y a l'idée de la peau , des pores à travers ses papiers de cire avec des trous. La plupart de ses oeuvres sont faites de cartons, qui incarnent l'idée de la peau, en transperçant ces feuilles, elle pénètre à l'intérieur du corps. L'artiste met en place l'idée du toucher dans son oeuvre, pour établir le contact direct entre le spectateur et l'oeuvre. Au lieu de le regarder nous allons le toucher, le feuilleter. Le mouvement : les événements sportifs contiennent un impact visuel très fort. Les mouvements des joueurs de football créent le spectacle d'aujourd'hui. Elle filme les photos de journaux sportifs avec des mouvements de caméra super8 rapides. Le squelette : pour certaines de ses oeuvres la créatrice utilise le cahier comme base.l'idée de cahier avec le pivot est mise en comparaison avec le corps humain.Le squelette est en quelques sorte le pivot du corps humain. La mémoire : le texte inspire des formes.Pour la fabrication de certaines de ses oeuvres, l'artiste a choisi des livres de comptabilité ou des cahiers de recettes . La mémoire nous sert à nous remémorer des évènements importants, comme le cahier remplace notre mémoire, l'artiste travaille directement sur les recettes ou sur les dates . Ses gestes sont mécaniques. L'improvisation est un trait caractéristique au corps humain. L'artiste elle-même utilise cette "technique". Le travail de Dominique de Beir commence à exister à partir du moment où il a un nom. Casavettes et de Pina Bauch influencent son travail. Le travail de Dominique De Beir est un événement où le processus est plus important que le résultat. Elle donne un corps à son oeuvre et un véritable sens à ce qu'elle fait. Son travail est une action physique qui nécessite un geste assez violent et agressif. De même il requiert le travail de tout son corps. Dominique de Beir semble alors hors d'elle-même, hors de son corps, son geste semble s'inspirer du style du réalisateur Casavettes qui montre le corps dans un état d'hystérie. |